Les prix du pétrole sont tributaires de la demande mondiale, des limitations de la production et des tensions géopolitiques. Les tensions se concentrent actuellement autour du détroit d'Ormuz, principalement contrôlé par l’Iran. Le pays borde en effet toute la région et contrôle ce couloir maritime grâce à ses frégates, ses corvettes et ses sous-marins, qui constituent une flotte efficace et peu coûteuse.
À la suite de la capture de plusieurs navires étrangers dans la région, la marine britannique et la marine américaine ont décidé de mettre en place un système de convoi pour escorter et défendre leurs navires pétroliers, comme ce fut le cas lors de la Seconde Guerre mondiale. Ce système pourrait impliquer les forces marines d’autres pays d’Europe, mais les discussions restent actuellement ouvertes dans un contexte où l'Europe hésite sur le comportement à adopter vis-à-vis de l'Iran. La mise en place d’un convoi représente par ailleurs un coût important. La rentabilité de cette solution est donc également débattue. En l’occurrence, les coûts risquent d’être répercutés sur les prix du pétrole, et c’est donc le consommateur final qui en paiera le prix.
Par ailleurs, l’introduction d’un système de convoi ne supprime pas totalement l’éventualité d’une intervention iranienne dans le détroit. Les risques d'une confrontation militaire restent donc élevés. L’Iran possède des missiles potentiellement très efficaces contre les grands navires et l’armée iranienne serait en mesure de couler plusieurs navires si elle le souhaitait, ce qui aggraverait considérablement le conflit et participerait à un bond des prix de l’or noir. Pour autant, telle ne semble pas être la stratégie de l’Iran.
Le pays a en effet besoin de capitaux étrangers, notamment pour moderniser son industrie pétrolière vieillissante. Or, la Chine et la Russie ne sont pas disposées à fournir la totalité des sommes nécessaires. L’aile dure du gouvernement peut donc faire pression pour aller jusqu’à la confrontation, mais l’aile modérée fera contrepoids en favorisant la bonne tenue de l’économie. Or, les modérés ont l’avantage de contrôler la distribution des subventions et disposent donc d’un pouvoir non négligeable.
En somme, l’éventualité d’un incident dans le détroit d’Ormuz existe toujours, mais devrait disparaître progressivement. Une confrontation, si elle a lieu, ne devrait pas se dérouler à un niveau militaire. La pression haussière sur les prix du pétrole devrait donc se dissiper dans les semaines et mois à venir.
*Source : Nordea Investment Funds, S.A., 31.03.2019