La France va droit dans le mur du fait de la lenteur des réformes

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Par Christopher Dembik Modifié le 29 novembre 2022 à 10h08

On peut clairement l'affirmer, aujourd'hui, il n'y a pas de solution aisée pour sortir le pays de la stagnation économique dans lequel il s'enfonce. Nous sommes démunis, autant les responsables politiques que les économistes.

On entend déjà les cris d'orfraie.

La décision de Fitch ne devrait cependant surprendre personne alors que le budget pour 2015 a toutes les chances d'être retoqué par Bruxelles. Comme toutes les autres agences de notation, Fitch part du constat que la France n'a pas suffisamment fait de réformes. La conséquence est inévitable, le pays devrait être rapidement confronté à l'échec de sa politique économique. On peut certainement se féliciter que le débat national soit ausssi prolifique à propos des mesures à mettre en œuvre, avec des annonces quasiment tous les jours, mais dans les faits, il n'y a rien de très concret.

Aujourd'hui, les mesures prises relèvent plus d'un calcul comptable que d'une réelle stratégie économique de sortie de crise. On essaie de grappiller un peu partout quelques millions, comme l'étaye la hausse de la redevance télé de 3 euros, afin d'obtenir un budget à peu près crédible pour les autorités européennes. Comme tous les gouvernements qui ont précédé, le gouvernement Valls joue les équilibristes en s'accommodant très souvent de prévisions bien trop optimistes. On reste ainsi dubitatif sur la possibilité de terminer le quinquennat avec une croissance de 1.9% en annuel alors qu'aucun catalyseur pour l'activité n'apparait en France et que nos principaux partenaires commerciaux font aussi face au ralentissement mondial. En témoigne la situation de l'Allemagne. Il est donc probable que le gouvernement ne soit pas en mesure d'atteindre, encore une fois, ses objectifs de réduction du déficit, ce qui conduira inévitablement à une baisse de la note française, d'ici la fin de l'année ou au plus tard en 2015.

La seule réforme significative actuellement menée est le pacte de responsabilité. Il est présenté comme le moteur du renouveau économique français mais son montant est bien trop insuffisant et sa mise en oeuvre complète trop tardive. A terme, la baisse des impôts pour les entreprises françaises va se monter à 40 milliards d'euros mais, dans le même temps, il n'y aura pas eu de réflexion à propos de problématiques essentielles pour les entreprises. Qu'il s'agisse de la réforme du marché du travail, de l'introduction d'une fiscalité plus favorable pour les ETI, ou encore de la nécessaire montée en gamme de l'industrie française. On peut donc craindre que le pacte de responsabilité ne soit pas en mesure de restaurer la compétitivité de la France et que son effet à long terme soit quasi-nul.

La consolidation budgétaire aurait dû être massive au début du quinquennat, suivant en cela les recommandations de la Banque de France qui soulignait la nécessité de ne pas centrer uniquement sa stratégie sur les hausses d'impôt. Maintenant, elle pose problème dans un contexte de ralentissement marqué de la croissance mondiale et de très faible inflation alimentée par un recul des prix de l'énergie. Depuis juillet dernier, le prix du baril de Brent a ainsi perdu près de 25%, ce qui renforce le risque de déflation dans la zone euro. Nous sommes dans une zone d'incertitude puisque si le gouvernement poursuit la consolidation budgétaire, la possibilité d'une récession technique n'est pas exclue avant la fin du quinquennat. S'il s'abstient de faire les efforts demandés, nous n'éviterons certainement pas à long terme une sanction de la part des marchés financiers. Il serait illusoire de croire que la faiblesse historique actuelle des taux d'emprunt de la France sur le marché obligataire, avec même des taux négatifs sur les échéances courtes, soit un signe d'approbation de l'action gouvernementale.

On peut clairement l'affirmer, aujourd'hui, il n'y a pas de solution aisée pour sortir le pays de la stagnation économique dans lequel il s'enfonce. Nous sommes démunis, autant les responsables politiques que les économistes.

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Christopher Dembik est économiste chez SaxoBank.

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