Affaire Trierweiler / dégâts à l’Elysée : Quand @LeMonde dénonce une manip, et oublie qui manipule qui

Photo Jean Baptiste Giraud
By Jean-Baptiste Giraud Last modified on 23 janvier 2014 19h27

Canular, rumeur, intox. Quand le quotidien Le Monde tente de désamorcer une rumeur, cela tourne au gag. Sans doute parce que le journaliste à qui la mission a été confiée - sur commande de la rédaction en chef, des actionnaires du journal, ou des amis des actionnaires du journal, rayez la mention inutile - n'était sans doute pas la bonne personne pour le faire, Gaston Lagaffe de sa rédaction. "Rien que ça". Sans rancune !

article mis à jour à 20h11 jeudi 23 janvier 2014 : Le Daily Telegraph (Royaume-Uni) parlait déjà du vase de Sèvres brisé le... 19 janvier ! (voir plus bas)

C'était sans doute l'un des grands papiers de la carrière de Samuel Laurent, journaliste au "quotidien français de référence" Le Monde, Samuel Laurent qui se présente lui-même sur Twitter comme "Journaliste et appeau à trolls @lemondefr. Spécialités de politiques publiques, vérifications factuelles et papiers à graphes, gros, demi-gros, détail". Passons sur le peu de cas que notre confrère semble faire de son travail, qu'il semble débiter à la chaîne comme un boucher -métier fort noble au demeurant- débite de l'entrecôte à la hache. Non, ce qui est intéressant chez Samuel Laurent, c'est qu'il s'érige en donneur de leçons journalistiques dans ce papier "Valérie Trierweiler et les vases de Sèvres, itinéraire d'une intox". Allez y jeter un oeil, cela permettra à son auteur de dire à son rédacteur en chef qu'il a fait un peu d'audience grâce à son papier, quand bien même celui-ci est truffé de non-dits et d'erreurs factuelles. Dommage pour celui qui se revendique justement "spécialiste des vérifications factuelles" !

Quand Le Monde désamorce une rumeur avec un papier truffé de non-dit et d'erreurs

Les non-dit d'abord : Le Monde ne se préoccupe pas de la scène de ménage qui aurait provoqué les dégâts à l'Elysée. Pour cause, tous les journaux, du people Closer aux newsmagazines, L'Express, Le Point, Le Figaro en passant par... Le Monde lui-même, l'ont relatée, parfois avec force détails. Personne dans l'entourage du Président n'a officiellement osé la démentir, et officieusement, elle a été confirmée mille fois par tout ceux qui ont entendu les éclats de voix, mémorables, de la scène de ménage du 10 janvier, dans le bureau présidentiel. C'est cette scène de ménage, qualifiée de véritable crise de nerfs, qui a provoqué l'hospitalisation de Valérie Trierweiler pendant huit jours à la Pitié Salpétrière. C'est un fait avéré, n'en déplaise à Samuel Laurent.

Autre fait avéré : Valérie Trierweiler est réputée pour ses colères : Closer, devenu une source largement reprise par toute la presse, écrit ce jeudi 23 janvier : "Une colère noire, ces fameuses colères, qui, à l'Elysée, lui valent sa réputation". On pourrait reprendre les centaines d'articles relatant l'affaire et copier les mêmes phrases partout. Peut-on s'en étonner, le lui reprocher ? Que nenni. La scène de ménage, dans un couple, de la voiture abîmée à la trahison d'un soir, est un classique. Salvateur disent-même les psychologues : Elle sert à évacuer les rancoeurs, et abouti le plus souvent à la réconciliation. Sauf que les reproches de Valérie Trierweiler à l'égard de son compagnon ne s'évacuent pas d'un revers de la main. Il semble que François Hollande (la personne privée) ait trahi sa compagne pendant plusieurs mois. Certains font même remonter la liaison entre les deux (personnes privées) à 2012 voire 2011.

Finalement, Le Monde ne nous reproche que d'avoir "colporté la rumeur" de dégâts à l'Elysée, et, le montant de ceux-ci, 3 millions d'euros. Citons, encore une fois, Closer, de ce jeudi 23 janvier : "Il y a eu un peu de casse, c'est vrai, mais elle n'a pas détérioré comme un mail envoyé aux rédactions mardi dernier le prétendait, des consoles, des pendules du XIXe siècle, des vases précieux de Sèvres. Elle n'a pas détruit pour... 3 millions d'euros de mobilier national !" D'après nos propres sources, à savoir un historien d'art qui a à son actif plusieurs dizaines de visites guidées dans les palais nationaux, celui-ci nous confirme sous couvert d'anonymat la détérioration de plusieurs objets après la dispute entre l''(ex ?)-compagne du président de la République, et ce dernier. Cela va dans le sens de ce qu'écrit Closer également, et de ce que l'on retrouve désormais dans la presse étrangère - plus libre de ses mouvements que Le Monde-, comme dans LaLibreBelgique.be, LaTribunedeGeneve.ch, etc. [Mise à jour 20h11] Mieux encore, un de nos lecteurs nous a signalé ce soir que le quotidien anglais The Telegraph avait révélé l'affaire du vase de Sèvres brisé et des autres dégâts dès le... 19 janvier !

"In fact, say insiders, her blood pressure was, if anything, boiling when Hollande told her of Closer’s story on the eve of publication, and she threw a violent tantrum, smashing, among others, a priceless Sèvres vase belonging to the Elysée." The Telegraph, 19 janvier 2014

"En fait, selon des personnes présentes, sa pression artérielle était tellement élevée (bouillante, littérallement) lorsque Hollande lui a raconté l'histoire la veille dans la publication dans Closer, qu'elle a eu une crise violente, brisant, entre autres, un vase de Sèvres appartenant à l'Elysée."

Pourquoi les démentis du Mobilier National et le tweet du conseiller com de l'Elysée ont disparu ?

Ce que Le Monde oublie de mentionner dans son papier sur cette affaire, c'est la disparition des démentis du Mobilier National, et du tweet du conseiller com de l'Elysée (lire Affaire Trierweiler / Dégâts à l'Elysée le démenti du Mobilier National a disparu).

Ce que Le Monde oublie de préciser, alors que les règles déontologiques en la matière sont établies de longue date, ce sont les liens très proches qui unissent Pierre Bergé à Valérie Trierweiler. Pierre Bergé et Valérie Trierweiler, sont en fait des intimes. Or, Pierre Bergé est actionnaire de référence du journal. Quand Le Figaro publie un article sur le Rafale, il rappelle dans l'article que son actionnaire principal s'appelle Dassault, qui construit l'appareil. Quand Samuel Laurent publie un article pour tenter de neutraliser une rumeur sur Valérie Trierweiler, il oublie de dire à qui appartient le journal. On ne lui demandait pas de dire quels sont les liens qui unissent Pierre Bergé à Valérie Trierweiler, ni à François Hollande d'ailleurs (Pierre Bergé était un des piliers de son comité de soutien). Même si 99 % des Français l'ignorent, ils n'ont qu'à enquêter par eux-mêmes ! Et bien entendu, Le Monde est totalement indépendant de son actionnaire. C'est d'ailleurs pour cela qu'il a du faire une sérieuse mise au point en 2011 sur les raisons de son investissement. Ce serait fort peu confraternel de sous-entendre que la rédaction lui obéit. Je suis même persuadé du contraire. Mais qu'en revanche, en son sein, des journalistes comme Samuel Laurent roulent pour lui (exemple, dans la "lutte journalistique" contre LaManifpourtous), c'est une évidence absolue ! Quand Pierre Bergé menace de vendre La Vie (qui appartient au groupe Le Monde) auquel il reproche ses éditos anti-mariage gay, Samuel Laurent enquête sur les mouvements qui soutiennent LaManifpourtous, et s'étonne que certains ne soient pas enregistrés en préfecture... Ignorant que la loi sur les associations de 1901 prévoit qu'une association entre plusieurs personnes existe de fait, sans avoir besoin d'être déclarée !

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Les cris d'orfraie de notre confrère du Monde Samuel Laurent, nous reprochant d'avoir publié un article relatant des faits désormais avérés, à savoir la scène de ménage mémorable que Valérie Trierweiler a fait à François Hollande, et l'inévitable casse qui l'a accompagnée, sont peu de chose à côté de son manque d'honnêteté intellectuelle, et de la médiocrité de son papier. Nonobstant les nombreuses fautes d'orthographe sur des mots aussi important que "vase de Sèvre", sic, il a réussi à confondre Jean-Baptiste Le Roux, journaliste de la rédaction, avec son rédacteur en chef. Spécialiste en "vérifications factuelles" ?

Mais ce qui est en jeu aujourd'hui, c'est la fonction présidentielle, et le sanctuaire que devrait être l'Elysée. Quand la scène de ménage s'invite dans le "bureau ovale" français, on imagine mal qu'il puisse ensuite y régner toute la sérénité nécessaire à la conduite des affaires du pays. Des affaires graves du pays. Si Angela Merkel, trois fois réélue chancelière, à la tête d'un pays dont la balance commerciale est largement excédentaire, avec un taux de chômage au plus bas, un budget a l'équilibre, vivait une histoire d'amour extraconjugale, on ne pourrait finalement que s'en amuser et même s'en réjouir ! Comme si tant d'efforts lui donnaient le droit d'être faible, une fois, et de succomber aux sirènes de l'amour.

Quand le pays est au plus mal, en fait, en faillite - nous sommes un média économique, qu'on ne l'oublie pas - apprendre que le patron de la boîte se fait apporter des croissants par ses gardes du corps payés par le contribuable chez sa maîtresse, et sort de son nid d'amour à 11h30 un matin de semaine pour aller bosser à dos de scooter pour faire... 100 mètres, on ne peut que se révolter. Et apprendre, ensuite, que la femme trahie le lui a fait comprendre dans une scène de ménage mémorable avec un peu, beaucoup, énormément de casse au passage, puis s'en est allée se reposer à la Lanterne, résidence officielle du chef de l'Etat, financée là encore par les impôts des français, après huit jours d'hospitalisation pour dépression nerveuse ou "très grande fatigue" selon la version que l'on retiendra, oui, ça, c'est révoltant.

Cher confrère - je m'adresse ici confraternellement à Samuel Laurent qui émarge au quotidien Le Monde, pour ceux qui auraient un doute - vous vous êtes trompé d'angle dans votre papier. En voulant démontrer que nous avions relayé une rumeur, et que c'était "très très mal", vous êtes passé à côté du vrai sujet : les contribuables français n'ont pas à payer les pots cassés des frasques conjugales du Président de la République. Qu'il s'agisse de vases de Sèvre (sic l'article du Monde, corrigé depuis) qui ne valent rien, ou de Sèvres (243 000 euros les trois dans une vente aux enchères chez Sotheby's en 2008), qu'il s'agisse de la semaine passée aux frais de la Princesse (les contribuables) à la Lanterne, qu'il s'agisse des gardes du corps, ou du temps volé à la fonction présidentielle.

Vous pouvez continuer à faire la chasse aux trolls sur Twitter. Nous, nous avons une mission d'intérêt général à accomplir, tenter d'expliquer l'économie à nos concitoyens et pour cela notamment, dénoncer les nombreux gaspillages, afin de tenter de sauver ce qui pourra l'être de notre pays.

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Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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