Les obligations italiennes ont lourdement chuté ; cela n’est pas dû à une réduction du soutien de la BCE mais à une fuite des capitaux hors d’Italie.
Quelle devise posséder l’année prochaine si vous n’aviez que trois choix : l’euro, la lire italienne ou le bitcoin ? Que choisirez-vous ? Je vous dirai à la fin de l’article mon option. Il s’avère difficile d’avoir une longueur d’avance sur la crise italienne. Clairement, l’Italie se dirige vers un krach. Quelle que soit la façon dont il se déroulera, il n’augure rien de bon pour l’euro ni pour le système bancaire européen – qui est étroitement lié aux banques britanniques. D’une manière ou d’une autre, les ennuis arrivent. Aujourd’hui, nous allons étudier une option pour y échapper. Mais d’abord, il me faut démasquer un faux discours…
La BCE est-elle vraiment la cause du plongeon des obligations italiennes ?
Les théoriciens du complot ont raison, la Banque centrale européenne (BCE) a en effet énormément réduit ses achats d’obligations italiennes en mai :
C’est clairement ce qui explique le bond des rendements des obligations italiennes enregistré la semaine dernière. Claudio Borghi, conseiller économique de la Ligue, a déclaré au Financial Times : « ce ne sont pas les marchés qui ont la plus grande influence sur le prix ; la BCE est de loin le plus grand facteur. » Les agissements de la BCE interfèrent de toute évidence dans la politique italienne. Probablement à la demande de l’UE. Pour conforter cette idée, on constatera la vitesse à laquelle Jean-Claude Juncker a nié toute influence de Bruxelles dans les affaires italiennes :
« J’apprécie beaucoup le président Mattarella. Mais dans ce contexte de crise, je n’ai pas parlé avec lui. Je me félicite de ne pas être intervenu bien que la tentation ait été grande. […] Je ne veux pas nourrir les accusations portées par les populistes selon lesquelles Bruxelles se mêle des affaires italiennes. Je suis certain que les Italiens savent très bien ce qui est bon pour leur pays. Ils s’en sortiront. »
La crise en Italie est assez sérieuse pour que Juncker se voie obligé de mentir… Tout cela, c’est l’histoire que racontent les nouveaux responsables politiques italiens. Le seul problème, c’est que c’est faux. Ce n’est pas la BCE qui est derrière le krach des obligations italiennes de mai. Du moins pas selon ses propres chiffres. Le graphique ci-dessus montre l’évolution de la part des achats d’obligations italiennes par la BCE sur la totalité des obligations rachetées. La chute est troublante. Mais ce plongeon a eu lieu parce que la Banque centrale a réinvesti une grande partie des obligations allemandes arrivant à échéance dans les obligations allemandes.
Le montant réel de la dette italienne achetée par la BCE en mai était constant. Il a atteint 3,6 milliards d’euros nets – plus que les achats en mars et en janvier et légèrement moins qu’en avril et février. Ce n’est pas la BCE qui a déclenché le krach des obligations italiennes en mai. Du moins, pas de manière volontaire au travers de changements dans sa politique. Cela pose une autre question : qui est en fait derrière le plongeon des obligations italiennes ? Si ce n’est pas la BCE, alors le krach aurait pu se produire, au lieu d’être un coup politique conçu pour faire revenir les Italiens dans le rang…
Echapper à la prison monétaire de l’Europe
Au cours des derniers mois, nous avons souvent évoqué les soldes de Target2. Ils signalent une fuite des capitaux hors d’Italie. Où les euros italiens qui sortent d’Italie vont-ils ? Si l’Italie fait défaut et sort de l’euro, cela ne se produira pas en vase clos. Les retombées négatives de la plus grande faillite de l’histoire seront énormes. Les systèmes bancaires dans le reste de l’Europe pourraient-ils survivre ? D’autres pays chercheront-ils à sortir de l’euro ? La facture pour recapitaliser la BCE, sauver les systèmes bancaires et garder l’euro à flot sera très salée. Il vaudrait peut-être mieux arrêter tout de suite les frais et réinitialiser le système monétaire de chaque pays.
Alors, un euro dans le système bancaire allemand est-il réellement plus sûr que dans le système bancaire italien ? La réponse n’est pas vraiment claire. Ce qui veut dire que détenir un euro n’est en soi pas une bonne idée. Le système bancaire britannique est-il assez éloigné de l’Italie pour qu’une livre soit plus sûre qu’un euro ? Cela est tout aussi incertain. Alors vers quoi se tourneront les Italiens ? Au plus fort de son boom, le bitcoin a fait le plein et était utilisé dans des pays comme le Venezuela, le Zimbabwe et la Chine. Ces pays ont prouvé le pouvoir du bitcoin à transférer l’argent et à protéger la richesse lorsque l’Etat prend des mesures autoritaires.
Aussi imparfait que peut être ou ne pas être le bitcoin, la vie est une question de choix. Le système de l’euro ne soutient pas la comparaison en ce moment… Si la crise de la Zone euro empire, que tout un continent s’inquiète de l’existence de sa monnaie et que le système bancaire commence à rechercher une issue de secours, beaucoup se tourneront vers le bitcoin. C’est un excellent moyen de parier sur la prochaine crise de la Zone euro. Il ne s’agit cependant que d’une option pour faire sortir votre argent du système. Jusqu’ici, nos prévisions sur l’Italie se sont avérées. Mais aurons-nous raison sur la façon dont les investisseurs peuvent se protéger ?
Les auteurs du blog MoneyandBanking ont expliqué la vitesse à laquelle les choses se feront : « Pour empêcher (ou plutôt pour limiter) une panique de tout le système bancaire, une sortie de l’euro devra se faire au beau milieu de la nuit, sans préavis et devra être accompagnée par des contrôles de capitaux. Une fois appliqués, ces contrôles pourraient prendre des années à être levés, provoquant la colère des Italiens et éveillant la méfiance des autres. » Lorsque la disparition de l’euro deviendra évidente, il sera trop tard pour vous protéger ou en tirer profit. Il vous faut agir maintenant.
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