Lorsque la statue de la Liberté fut construite à New York, vers 1886, un des entrepreneurs français chargés de sa construction, Monsieur Gaget, eut l’idée de diffuser des modèles réduits un peu inutiles mais qu’on aimait bien garder sur son bureau. Ainsi son nom fut à l’origine de ce style d’objet désormais appelé « gadget ».
Lorsqu’un fabricant de boissons voulut lancer un nouveau concept, il inventa le « Canada dry », un nom d’alcool, une allure d’alcool mais ce n’est pas de l’alcool. Dans le domaine du substitut, de la pâle copie, du succédané, remplacement de deuxième catégorie, les Allemands ont un mot magique : « Ersatz » , sous-produit de remplacement au pied levé, de moindre qualité, copie laborieuse peu efficace ou encore nouveauté trafiquée peu convaincante.
Tout aujourd’hui appelle à qualifier nos « élites » d’ersatz d’élites
Depuis 1945, la voie des Grandes Ecoles traçait des parcours royaux pour les meilleurs éléments. A force de mélanger enseignement et codes sociaux, ces établissements sont devenus pour la plupart des usines sophistes. On y apprend les codes du pouvoir, les comportements du pouvoir, mais la compétence en est désormais absente.
L’ancien Ministre Roger Fauroux, lui-même parfait exemple des élites à l’ancienne et ancien directeur de l’ENA demandait que « l’Etat descende de son piédestal dérisoire » , que les fonctionnaires accablés par une gestion calamiteuse de la fonction publique aient un jour la preuve que leurs plus hauts responsables s’intéressent enfin à eux…
Alors que l’historien François Furet qualifiait le système politique français « d’ inondé par la démagogie », une vaste enquête réalisée par des instituts de ressources humaines de renom sur dix pays et plusieurs milliers de salariés a révélé que les managers français étaient « les plus mous et les plus incompétents ». Les salariés éprouvent de moins en moins d’estime pour des supérieurs plus souvent nommés par influence que par compétence.
Aujourd’hui beaucoup de jeunes hauts fonctionnaires ressemblent à Justin Bieber au volant de sa Ferrari , ivres de pouvoir, d’ambition, et tristement consumés par une ascension absurde qui les dévore et finit par en faire des profils suicidaires. Il en est de même à la tête des entreprises. Dans une République de liberté, d’égalité et de fraternité, les héritiers n’en finissent plus de succéder à leurs parents avec une arrogance que même les aristocrates n’avaient pas. L’héritier Lagardère, fasciné par une Bimbo, n’arrête pas de brader un à un les bijoux de famille patiemment construits par son père. Les premiers actes des héritiers Arnaud aboutissent à des clashs avec les forces vives qui font la valeur ajoutée du groupe. L’héritier Pinault balade son ennui en conquêtes féminines tel un Gatsby des années 30. Les cousins, beaux-frères, amants, maitresses remplissent des cases entières des états-majors des grands groupes.
Lorsque Gorbatchev étudia les systèmes français du pouvoir, il avoua que même le parti Communiste du temps de l’Urss n’aurait pas osé imposer une telle hégémonie de caste au pouvoir qu’il pouvait constater en France. On peut parler aujourd’hui en France d’une oligarchie.
De quoi nos élites sont-elles l’élite aujourd’hui ? Si ce n’est d’elles-mêmes ?