« Face aux risques, quelle stratégie patrimoniale, 1re partie ? »

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Par Charles Sannat Modifié le 5 juillet 2013 à 10h18

Ceux qui lisent régulièrement mes éditos connaissent par cœur mon appréciation de la situation économique actuelle que je considère pouvant être résumée par l'expression suivante : situation irrémédiablement compromise.

Pour faire très simple, soit nous mourrons d'une overdose d'hyperinflation (cas américain ou japonais), soit d'insuffisance respiratoire liée à la déflation (cas grec par exemple et européen en général). Dans tous les cas, au bout de la route, une insolvabilité généralisée liée à 40 ans d'endettement généralisé, à la mondialisation, à la robotisation, et aussi au facteur démographique puisque le vieillissement de la population coûte déjà cher et ce mouvement va s'amplifier dramatiquement chaque année à partir de maintenant.

Nous allons donc droit dans le mur et selon la dialectique gouvernementale, nous avons effectivement la bonne trajectoire.

Le pire n'est jamais sûr, le meilleur non plus !

On entend très souvent cette expression destinée en général à tuer tout débat intellectuel. Mon brave garçon, vous êtes pessimiste, le pire n'est jamais sûr... Sauf qu'en réalité, l'histoire nous enseigne depuis des millénaires qu'hélas, les modérés ne l'emportent jamais, et rarement le meilleur.

Cette série d'articles que je commence aujourd'hui s'adresse à ceux qui pensent que le meilleur n'est jamais sûr et qui souhaitent se préparer au mieux en termes patrimonial. Pour les indécrottables optimistes, passez votre chemin, allez vite voir votre banquier dans son agence de quartier. Il se chargera de calmer vos angoisses et vous repartirez avec des tas de produits maison bidons, des fonds garantis aux noms charmants du type : doblo, passéo, avantagéo, pleindefriquéo, enrichississimes et autres crétineries marketing destinées à vous faire croire que vous allez vous enrichir, ce qui n'a jamais été l'objectif. L'objectif c'est d'enrichir les « zautres », pas vous. Si c'était le cas... vous le sauriez. Si vous jetez un œil sur les performances depuis 15 ans... vous avez de quoi pleurer.

Comment se préparer à affronter les risques majeurs ?

Il y a de multiples solutions, nous parlerons d'or et d'argent, des métaux précieux bien sûr, mais l'or et l'argent n'ont d'intérêt que dans une stratégie patrimoniale globale que nous allons détailler dans cette série.

Parmi ces solutions que je vais aborder progressivement avec vous, il y a la France et le vaste monde. Il y a les produits financiers et les actifs tangibles. Il y a l'immobilier locatif ou secondaire. Il y a aussi l'immobilier à l'étranger. Il y a les terres agricoles et les forêts, ici ou ailleurs. Il y a le cash, l'argent disponible, les espèces. Bref, vous avez accès à un nombre très important de solutions.

L'idée c'est de voir ensemble comment agencer tout cela pour obtenir une stratégie patrimoniale cohérente, respectant la législation en vigueur, anticipant celle à venir, et vous laissant le plus de latitude possible pour la suite.

Quels sont les risques majeurs auxquels tout épargnant est désormais confronté ?

Risque financier. Vous placez, vous gagnez ou vous perdez. C'est le cas des actions par exemple.

Risque de contrepartie. Vous mettez vos sous dans une banque (c'est elle la contrepartie). Si cette banque tombe, il ne vous reste plus que vos yeux pour pleurer.

Risque d'insolvabilité des États. C'est ce qui se passe à Chypre. L'État est en faillite. Pas officiellement mais dans les faits. C'est le cas argentin, grec, et bientôt portugais, espagnol et français !

Risque fiscal. C'est ce que Simone Wapler appelle très pertinemment la « répression fiscale ». Désormais, il vaut mieux devenir un dealer de quartier, plutôt que de se faire prendre pour blanchiment de fraude fiscale ! Je suis patriote et j'aime mon pays. J'y paie mes zimpôts, comme la plus grande majorité. Je ne défendrai jamais l'évasion fiscale ou la fraude fiscale. MAIS... vous ne me ferez jamais croire que le fraudeur fiscal est un terroriste ! Or la législation mise en œuvre par le gouvernement Ayrault met sur un pied d'égalité la fraude fiscale et le terrorisme, en tout cas dans les moyens donnés aux enquêteurs...
Nous entrons donc clairement dans un cycle de répression financière et vous trouverez toujours dans votre entourage des âmes bien intentionnées qui se précipiteront pour vous dénoncer (future ex-femme ou ex-mari, ancienne maîtresse ou amant, fils indigne, voisin charmant légèrement jaloux sur les bords, collègue briguant votre poste).

Conseil numéro 1 : la discrétion de la clandestinité

Il va falloir apprendre la discrétion. Si vous avez bien lu les lignes précédentes, je vous demanderai de les relire à nouveau. C'est fait ? Très bien ! Recommencez encore une fois ! C'est fait ? Parfait !

Vous devez comprendre que nous rentrons dans un cycle de répression financière qui sera durable. La pression de la répression financière va augmenter chaque mois, d'année en année, au fur et à mesure que les caisses de l'État se vident et que notre sainte mère la république bénie soit son nom incarnée par le sieur Hollandouille 1er et CalimAyrault auront besoin d'argent pour faire tourner le bousin.

L'État sera prêt à tout, vous m'entendez bien, à tout pour survivre le plus longtemps possible. Il va donc y avoir une pression fiscale accrue.

Une pression fiscale accrue c'est, par exemple, l'augmentation du prix des cigarettes. Oui, je sais, vous auriez deviné tout seul. Mais laissez-moi finir le raisonnement. Face à une pression fiscale accrue, la tentation c'est d'acheter ses cigarettes là où c'est moins cher et où il y a moins de taxes. Que le fumeur qui n'y a jamais pensé se lève pour qu'on lui jette des pierres ! C'est parce que tous les fumeurs y pensent, et pas qu'un peu, que le trafic de cigarettes est pénalisé aussi fortement que le trafic de drogues !!

Tant que tout cela ne concerne que les choppes, les non-fumeurs s'en fichent comme d'une guigne, et tout le monde sait bien que fumer tue ! Alors c'est bien.

Mais ce mécanisme de répression sera étendu progressivement à tous les sujets fiscaux et à tous les citoyens. Il faudra remplir les caisses par tous les moyens. Personne ne devra donc pouvoir échapper à la tonte.

Alors ceux qui savent lire entre les lignes comprendront parfaitement ce que je veux dire lorsque j'indique qu'il va falloir apprendre la discrétion de nos aînés résistants qui étaient dans la clandestinité !

Soyez discret, très discret !

Conseil numéro 2 : avoir un compte à l'étranger (ou plusieurs).

Voici un extrait d'un article du 3 juillet donc tout frais de La Tribune concernant la hausse de 40 % du nombre des comptes bancaires déclarés à l'étranger par les Français ! Oui mes chers amis, 40 % de hausse... en 1 an !

Il y a donc 108 833 comptes ouverts à l'étranger et déclarés ! C'est très peu pour une population de 65 millions d'habitants !

« La crainte des sanctions finirait-elle par payer ? Le nombre de comptes déclarés par les Français à l'étranger a explosé en 2012, comme l'indique le rapport annuel de la Direction générale des Finances publiques (DGFiP) publié mardi 2 juillet. Par rapport à l'année précédente, il a grimpé de près de 40 % passant de 79 680 en 2011 à 108 833 en 2012. Entre 2010 et 2011, la progression n'avait été que de 5 % environ.

Pas plus d'expatriés...

Difficile d'imputer totalement cette explosion à une quelconque hausse du nombre d'expatriés, puisque le nombre de Français établis à l'étranger a au contraire très légèrement reculé de 1,1 % par rapport à l'année précédente, selon des statistiques du Quai d'Orsay. »

Pour La Tribune, ce qui paie, c'est la peur du gendarme et du bâton fiscal. En ce qui me concerne, j'ai une lecture très différente de la situation.
Certes, il est indéniable que certains de nos concitoyens ont préféré se mettre en règle et déclarer un compte à l'étranger oublié par peur, mais sachez que cela ne concerne que les tout petits comptes ! Celui que vous et moi pourrions avoir.

Celui qui a réellement fraudé, sans loi d'amnistie n'a aucun intérêt mais alors aucun intérêt à déclarer son compte puisque rien n'est prévu pour atténuer la peine selon le célèbre principe « faute avouée à moitié pardonnée ». Résultat, ce qui est planqué reste caché ! C'est du simple bon sens, de l'évidence. Or le peuple français est très bien pourvu en bon sens, infiniment plus que ses zélites !

Non ce n'est pas tant la peur du gendarme, que le fait que de plus en plus de gens préfèrent ne pas mettre tous leurs sous... dans le même pays, ce qui est par les temps actuels très compréhensible et plutôt malin.

Et l'article de La Tribune de poursuivre très doctement dans la même logique de « collaboration » et de voix de son maître :

« Sanctions renforcées

L'année 2012 a été marquée sur le plan pénal par un renforcement des sanctions encourues en cas de fraude fiscale. Le montant maximum des amendes applicables est désormais compris entre 500 000 euros et 1 million d'euros, notamment en cas de détention de comptes bancaires non déclarés à l'étranger, pointe la DGFiP. »

Ouh là là là ayez peur braves gens. Vous risquez jusqu'à un million d'euro d'amende. Vous rigolez moins hein !
Sauf que le paragraphe suivant vous apprendra que vous pouvez quand même rigoler puisque :

« En outre, les liens avec les administrations fiscales étrangères se sont renforcés pendant que s'intensifiait la traque contre l'exil fiscal. Résultat : les demandes de renseignement ont plus que doublé, passant de 300 à 777. »

777 demandes de renseignement en un an pour une population de 65 millions d'habitants. J'en rigole encore et je peux en conclure, sans trop me tromper, que nous avons eu cette année 777 séparations amoureuses qui se sont mal passées, d'où l'intérêt de se reporter à mon conseil numéro 1 sur la nécessaire discrétion. Il y a une autre solution pour avoir la paix avec votre conjoint, c'est d'avoir à l'étranger que des comptes joints ! Avec un compte joint, la paix des ménages est assurée puisque la sanction sera partagée... Cela calme les ardeurs délatrices du complice en général.

Détenir un compte à l'étranger est parfaitement légal dans la mesure où ce dernier est déclaré à l'administration fiscale.

Il y a des pays qui attirent l'attention, comme la Suisse et de façon générale toutes les destinations exotiques à tendance paradisiaque fiscalement parlant. Puis il y a tous les autres, les pays normaux.

Quels pays conseiller pour ouvrir un compte alors ?

Je vous conseille l'Allemagne parce que c'est la 1re économie de la zone euro.

La Norvège parce que c'est un pays hors zone euro assis sur un tas d'or sous forme de matière première.

L'Islande parce que la foudre est déjà tombée là-bas, que c'est un pays hors zone euro et hors Union Européenne.

C'est le plus osé mais ma solution préférée, c'est l'Islande (attention au risque de change). Idéalement, il faudrait attendre encore un peu pour voir comment le contentieux anglo-islandais va se régler, mais nos amis islandais nous ont montré leur capacité de résistance à la rapacité et à la voracité bancaire ! Alors va pour l'Islande et ce n'est pas un paradis fiscal, vous ne risquez pas un contrôle fiscal pour une ouverture de compte en Islande... Personne ne vous croirait aussi fou... ou contrarien !

Dernière petite remarque avant de vous laisser : un ami notaire m'a expliqué qu'il fallait que je choisisse dès le départ qui me ruinerait. Ma femme ou le fisc ! N'étant pas sans cœur, j'ai choisi ma femme, qui de toute façon partirait avec mes enfants... Mais n'oubliez pas la discrétion !
Demain, nous parlerons immobilier et crédit in fine.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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