Pour Trump, l’Europe fait autant de mal que la Chine aux États-Unis !

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Par Charles Sannat Modifié le 3 juillet 2018 à 11h40
Europe Guerre Commerciale Etats Unis
@shutter - © Economie Matin
130 MILLIARDS €L'excédent commercial de l'Europe à l'égard des USA s'élève à 151 milliards de dollars, soit près de 130 milliards d'euros.

Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Pour rappel, la lettre STRATÉGIES du mois de juin est bien en ligne et téléchargeable dans votre espace lecteur.

Et vous allez voir que le thème abordé, à savoir « Plus d’Amérique et moins d’empire, ou comment comprendre la stratégie de domination de Trump », est intimement lié à la dernière sortie présidentielle américaine puisque notre cher Donald Trump a déclaré (entre autres) hier que, « l’UE fait probablement autant de mal que la Chine » sur le commerce.

« L’Union européenne fait probablement autant de mal que la Chine, sauf qu’elle est plus petite » a dit Trump à Fox News, une chaîne qui lui est assez favorable.

Oui nous sommes légèrement plus petits, et aussi un peu moins nombreux nous autres, les Européens, que les Chinois qui sont tout de même 1,5 milliard ! En gros, la Chine est un marché qui a évidemment un potentiel plus important. Enfin, en théorie.

Mais ce n’est pas le seul reproche de Donald, qui trouve qu’en plus de l’excédent commercial colossal que l’Europe a à l’égard des USA (151 milliards de dollars tout de même), nous coûtons en plus horriblement cher à notre oncle d’Amérique, qu’il ne faudrait plus non prendre uniquement pour un Américain des dollars pleins les poches.

« Et par-dessus ça, nous dépensons une fortune sur l’OTAN pour les protéger », d’après Trump.

Cela dit, si Donald veut cesser de nous protéger et d’apporter la démocratie américaine partout dans le monde à coup de tapis de bombes, je pense que nous pourrions tous scander en cœur « Donald, t’inquiètes pas, garde tes sous on va se défendre tout seul »…

Nous, les Européens, sommes vraiment très, très méchants !

« C’est terrible ce qu’ils nous ont fait », a estimé le milliardaire. « Nous aimons tous d’une certaine manière l’Union européenne » mais ces pays « nous traitent très mal. Ils nous traitent très injustement »…

Oui, bon, faudrait pas non plus qu’ils se victimisent trop nos amis les Ricains, encore un peu et le Donald va nous demander de faire repentance comme si nous avions colonisé les États-Unis… Bon, ce n’est pas totalement faux, surtout les Anglais, mais vu qu’ils sortent de l’Europe avec leur Brexit, ça compte plus côté européen… Ça devient tout de même bougrement compliqué tout ça.

Non, il y a tout de même une vraie raison à la volonté trumpienne de mettre des droits de douane à l’Europe et dans sa logique de démondialisation, c’est parfaitement logique et compréhensible, raison pour laquelle il va aller jusqu’au bout.

Et aller jusqu’au bout, cela veut dire taxer les voitures germaniques, ce qui fera la nique (c’est pour la rime… pauvre, je concède) à la « mère-Kel ».

Pourquoi donc ? Explications !

Il a justifié sa décision d’imposer à tous les partenaires commerciaux des États-Unis des tarifs douaniers sur les importations d’acier et d’aluminium : « Si nous ne l’appliquons pas à tout le monde, alors ils (les pays producteurs visés, NDLR) passent par les pays qui n’y sont pas soumis et vous perdez beaucoup de temps »…

Le problème du contournement

Le gros problème avec tous ces accords de libre-échange, c’est que si l’Europe n’a pas de droits de douane avec la Chine et que les États-Unis n’en ont pas avec l’Europe, mais veulent mettre des droits de douane aux Chinois, alors les Chinois (à vos souhaits, vous, pas les Chinois) vont passer leurs produits par l’Europe pour les revendre aux Américains sans payer de droits de douane chinois…

C’est ce que l’on appelle le contournement.

Du coup, si vous voulez démondialiser, faut démondialiser avec tout le monde ! Sinon, votre démondialisation aurait un air de ligne Maginot (celle que l’on contourne, enfin les Allemands) et du coup, le Donald n’aurait pas l’air fin à lui aussi se faire contourner non pas par les Panzer mais par les grosses berlines d’outre-Rhin.

Trump, très en verve, nous a tout de même passé un sacré savon

« Les Européens ne veulent pas nos produits agricoles. En toute honnêteté, ils ont leurs agriculteurs donc ils veulent protéger leurs agriculteurs. Mais nous ne protégeons pas les nôtres », a-t-il relevé.

Faut juste expliquer au Donald qu’effectivement, sa bouffe OGM et sa viande aux hormones ça n’emballe pas non plus franchement les consommateurs européens.

Il a également évoqué le « marché automobile, pointant du doigt les marques allemandes alors que nous ne pouvons pas y faire entrer nos voitures ».

Les berlines US c’est un peu comme le bœuf aux hormones, vu ce que cela consomme, on préfère s’en passer, les voitures américaines ne nous tentent pas franchement et inversement, sauf pour les belles allemandes qui, elles, se vendent comme des petits pains.

Et de conclure que les sociétés européennes faisant affaire avec l’Iran seraient sanctionnées…

Voilà pour l’ambiance.

Une ambiance délétère qui va se poursuivre, qui va entraîner une forte correction des marchés boursiers puisque valent très cher aujourd’hui les entreprises qui tirent profit de la mondialisation, or, s’il y a démondialisation, cela aura des impacts financiers très forts.

C’est tout cela que j’explique dans ma lettre STRATÉGIES de juin centrée sur la volonté de domination américaine de Trump, car si les mondialistes et les globalistes à la Clinton et à la Obama voulaient accompagner le déclin américain pour faire émerger un nouvel ordre mondial globalisé, Trump, lui, ne veut pas se résoudre du tout à ce déclin et a conçu, avec ses soutiens et le courant nationaliste américain, une stratégie brillante ayant pour objectif d’assurer le leadership des États-Unis pour les 30 prochaines années.

Cette stratégie, pour le moment, fonctionne.

Elle va entraîner des chocs importants et ses implications sont considérables.

Quand Trump vous dit qu’il veut faire l’Amérique « great again », cela signifie qu’ils veulent encore et toujours dominer le monde.

Cette stratégie implique de faire la guerre, la guerre économique à l’Europe, à la Chine, à la Russie, cela implique un nouvel ordre monétaire basé sur des conditions géo-économiques totalement nouvelles.

Ce qui se passe est fascinant et comprendre le tableau d’ensemble est la clef pour bien anticiper. Ceux qui veulent en savoir plus, rendez-vous ici.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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