Et voilà que l’Europe s’en mêle. Dans une recommandation – qui n’est heureusement nullement contraignante, à ne pas confondre avec une directive) la Commission Européenne a clairement pris le parti d’autoriser l’exploitation du gaz de schiste en Europe. Comment ? En fixant des règles, ou plutôt là encore, en donnant des conseils. On notera l’habilité de la Commission en la matière, qui sait marcher sur des œufs. Plutôt que de tenter de vendre le gaz de schiste à coup d’arguments économiques – en brandissant notamment l’argument massue de la compétitivité et de l’indépendance énergétique, qui font fureur outre Atlantique – Bruxelles dit oui au gaz de schiste en fixant des conditions.
Première d’entre elles : Pas d’exploitation sans évaluation des risques, tout particulièrement pour la nappe phréatique. Le mot tabou est lâché « fracturation hydraulique » : « Un site ne pourra être sélectionné que si l’évaluation des risques démontre que la facturation hydraulique à haut débit n’entraîne la libération d’aucun polluant dans les nappes phréatiques ». Autrement dit, en une phrase, la Commission valide à la fois la fracturation hydraulique, et montre quelle est la limité à ne pas franchir, le risque de pollution (et non la pollution elle-même) de la nappe phréatique.
Suivent d’autres recommandations d’ordre plus général, et disons le, assez évidentes, comme « éviter des fuites à la surface et des déversements dans le sol, l’eau ou l’air », ou encore des exigences de communication au public, par exemple des produits utilisés pendant la fracturation hydraulique.
Mais c’est bel et bien ce paragraphe, pour ne pas dire cette seule phrase, citée ci-dessus, qui sera au cœur du débat ces prochains mois, car bien évidemment, le dossier du gaz de schiste n’est pas refermé en France. Arnaud Montebourg y est favorable, François Hollande le serait aussi, et c’est essentiellement l’alliance avec Europe Ecologie Les Verts qui empêcherait le gouvernement de saisir cette chance unique de créer des emplois par milliers – dizaines de milliers – et redonner de la compétitivité aux entreprises françaises qui pourraient accéder, comme les américaines, à une énergie bon marché. Si tout se passe bien…