Les économies avancées et émergentes ont fait des progrès face aux enjeux climatiques, mais la plupart sont sur une trajectoire qui ne devrait pas leur permettre d’atteindre leurs objectifs d’atténuation. Les gouvernements doivent considérablement intensifier leurs efforts et renforcer leurs politiques climatiques, tel est le constat d’une nouvelle analyse de l’OCDE consacrée à l’atténuation du changement climatique dans 44 pays et l’UE.
Atténuation du changement climatique : politiques publiques et progrès réalisés passe en revue les 34 pays membres de l’OCDE, ainsi que l’Afrique du Sud, le Brésil, la Chine, la Colombie, le Costa Rica, la Fédération de Russie, l’Inde, l’Indonésie, la Lettonie, la Lituanie, et l’Union européenne, qui comptent globalement pour plus de 80 % dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES).
Selon ce rapport, ces pays sont de plus en plus nombreux à avoir mis en place des instruments de tarification du carbone, réduit leurs subventions aux combustibles fossiles, investi dans la R-D en faveur des technologies vertes, protégé leurs forêts et fait reculer les émissions des usines, des exploitations agricoles et des décharges. Presque tous ont réussi à faire baisser leurs émissions de GES par unité de PIB. Les résultats des politiques de lutte contre le changement climatique se font néanmoins attendre, et il est aujourd’hui nécessaire de passer des engagements aux actes.
« La dynamique qui sous-tend l’action climatique s’intensifie et de plus en plus de pays prennent des mesures pour tarifier le carbone et réguler les émissions. Cependant, pour atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés, les pays devront considérablement accélérer leurs efforts » a déclaré le Directeur de l’environnement de l’OCDE, Simon Upton.
« Les pays n’ont plus beaucoup de temps pour procéder aux ajustement nécessaires pour atteindre leurs objectifs et maintenir le cap sur l’objectif à long terme de limiter à 2 degrés la hausse des températures. Il leur faut s’engager sur une trajectoire qui leur permettra de réduire à zéro les émissions nettes de carbone d’ici la fin du siècle. »
S’agissant des pays ayant annoncé avant le mois d’août 2015 leurs contributions prévues déterminées au niveau national (CPDN) pour après 2020, le rapport constate que les États-Unis devraient réduire leurs émissions de GES de 2,3-2,8 % par an pour atteindre leurs objectifs post-2020, contre une réduction annuelle moyenne de 1,6 % pendant la période 2005-12. L’Union européenne devrait quant à elle parvenir à une réduction de 2,8 % par an pour honorer sa CPDN post-2020, contre 1,8 % en 2005-12.
La Chine et l’Inde ont basé leurs objectifs pour 2020 et 2030 sur leurs émissions par unité de PIB, plutôt que sur des valeurs absolues. Le découplage entre les émissions et la croissance semble actuellement suffisant pour permettre à ces pays d’atteindre leurs objectifs à l’horizon 2020, mais la Chine devra accélérer ce découplage pour parvenir à son objectif de 2030.
Les émissions de GES de l’ensemble des pays de l’OCDE ont culminé en 2007 mais étaient toujours supérieures aux niveaux de 1990 en 2012. Les efforts déployés pour réduire les émissions grâce à l’amélioration de l’efficacité énergétique et à l’exploitation des énergies renouvelables ont été partiellement annulés à mesure de la reprise économique et de la hausse de la demande mondiale de transport.
* Inclut l’utilisation des terres, le changement d'affectation des terres et la foresterie, hors UE.
** Les zones hachurées indiquent dans quelle fourchette se situent les taux de réduction requis pour atteindre des objectifs eux-mêmes exprimés sous forme de fourchette.
Plusieurs pays se désengagent du nucléaire depuis la catastrophe de Fukushima et certains se tournent vers le charbon sans captage et stockage du carbone. Ces pays ont encore beaucoup à faire pour se départir des systèmes à forte intensité de combustibles fossiles historiquement responsables du gros de leurs émissions.
S’agissant des économies émergentes étudiées, leurs émissions totales ont sensiblement augmenté depuis les années 90. Ces pays sont confrontés à d’autres priorités et défis, et devraient veiller à ce que les politiques adoptées et les infrastructures mises en place ne les enferment pas dans des trajectoires à forte intensité de carbone.
Des profils nationaux détaillés et des données visualisables pays par pays seront disponibles à partir de la mi-novembre pour accompagner ce rapport. D’autres résultats ressortent par ailleurs de cet examen :
· Les émissions de GES par unité de PIB ont diminué dans les 44 pays étudiés sauf en Indonésie et en Turquie entre 1990 et 2012. Les émissions annuelles par habitant vont de 1,5 tonne de CO2 en Inde, à 24 tonnes en Australie.
· L’énergie, production d’électricité et transports compris, compte pour plus de 70 % des émissions de GES de la plupart des pays de l’OCDE. Le charbon, combustible ayant la plus forte intensité carbone, représentait 45 % de la production d’électricité en 2012 dans les 44 pays étudiés, et constituait la première source d’énergie électrique en Afrique du Sud, en Chine, en Inde et en Pologne.
· Des taxes nationales ou locales sur le carbone existent, ou sont prévues, dans 15 des 44 pays étudiés.
· Des systèmes d’échange de quotas d’émissions (SEQE) sont en place dans l’UE, en Corée, en Nouvelle-Zélande et en Suisse, dans plusieurs provinces canadiennes et états des États-Unis et dans deux villes japonaises. Après avoir mené plusieurs projets pilotes, la Chine prévoit d’instaurer un système national en 2017.