Alors que nous devons faire évoluer nos politiques publiques vers plus d’efficacité à moindre coût, nous avons avec la « loi de santé » le contre-exemple de ce qu’il faudrait faire.
Ce texte fait l’impasse sur trois principes fondamentaux qui devraient inspirer nos décisions :
Loi Santé : vers un cadrage administratif
Réorganiser notre politique selon une logique de mise en perspective des enjeux de santé et de renforcement de la proximité plutôt que sur celui d’un cadrage administratif. Nous avions une opportunité d’adapter nos politiques de santé aux particularités territoriales, par une fusion des ARS et de l’Assurance maladie, par une modulation des tarifs médicaux selon les régions ou par des politiques régionales innovantes de lutte contre les déserts médicaux.
Responsabiliser les patients pour valoriser l’acte médical. Or, en focalisant la loi sur la généralisation du tiers-payant, sans véritable solution technique pour assurer cette promesse, on dérive vers une logique de crédit et de contrôle en faisant peser sur la médecine libérale les dérives de l’Etat-providence.
Marisol Touraine oppose acteurs publics et privés
Articuler efficacement les opérateurs publics et privés. La France a la chance de faire cohabiter une médecine libérale et des établissements publics de premier plan, l’un et l’autre reconnus pour leur qualité et leur complémentarité. Le texte qui nous est proposé oppose les deux, plutôt que de capitaliser sur leurs atouts respectifs et de continuer à développer un modèle français qui a déjà fait ses preuves.
Un projet de loi qui s’inscrit dans un tel climat de défiance aura du mal à prospérer d’autant qu’il existe de sérieux doutes sur notre capacité à financer l’impact inévitable que la généralisation du tiers payant ne manquera pas de faire peser sur les comptes publics.