Les stress stressants des stress tests européens

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Par Charles Sannat Publié le 24 octobre 2014 à 4h48

Après « les chaussettes de l'archiduchesse sont-elles sèches, archi-sèches » à répéter très vite, ce qui s'avère rapidement drôle, vous pouvez aussi jouer à la phrase des « stress stressants des stress tests européens sont-ils stress ». Bon, c'est moins drôle que le coup des chaussettes mais je compte bien sur votre intelligence collective pour que l'on arrive à une petite perle (envoyez-moi vos propositions à l'adresse [email protected]), le gagnant aura un abonnement gratuit au Contrarien Matin qui est gratuit... et la reconnaissance de notre communauté émérite de contrariens contrariés par l'actualité.

Tout ça c'était d'abord parce qu'il fallait bien que je fasse une « introduction » et puis surtout que les stress tests européens comme américains c'est une vaste blague, alors autant en rire tous ensemble.

Une réussite différée

C'est à Franck Lepage, un espèce de gaucho « horrible » tendance coco post-soixante-huitard qui est un immense pourfendeur de la novlangue stérilisant actuellement toute pensée et toute analyse, à qui l'on doit la trouvaille de cette perle. Comme après l'armée rouge l'institution qui fonctionne le plus comme une organisation stalinienne c'est l'Éducation nationale, sachez que l'on ne parle plus d'échec scolaire mais de « réussite différée »... Alors évidemment, un immense merci à Franck Lepage pour son travail d'une qualité extraordinaire. Au passage, je lui fais un peu de pub. Vous pouvez sur YouTube, en rentrant simplement son nom, visionner quelques-uns de ses spectacles ébouriffants notamment celui sur l'ascension sociale. C'est excellent. Tout simplement.

Bref, les banques ne peuvent pas échouer aux stress tests vu que si elles échouaient, il y aurait une immense panique bancaire généralisée qui nous plongerait tous dans la misère la plus totale. Si l'on pose le problème de cette façon-là, il est évident que « l'examinateur » va y réfléchir à deux fois avant de recaler l'élève. Il va, tout au plus, différer quelque peu la réussite de certains, comme Dexia par exemple qui va encore nous coûter du pognon mes chers amis.

Préparez-donc votre chéquier pour 2015 afin de bien vouloir verser votre écot au sauvetage de la finance. De la bonne finance, bien entendu, comme nous l'explique maintenant notre président SMS1er (oui, si Lucky Luke tire plus vite que son ombre ce n'est pas le cas de notre président et non, ne parlez pas de Julie, ce serait inconvenant dans un journal aussi sérieux que le nôtre, en revanche il textote, textote en permanence. À se demander quand il travaille le gus).

Les premières indiscrétions savamment orchestrées...

Oui, il ne faut pas imaginer que celui qui a bavé à l'agence Reuters n'avait pas l'autorisation des milieux autorisés pour le faire. Il ne s'est pas autorisé tout seul le type comme disait Coluche. Non, l'idée c'est d'habituer progressivement les marchés, alors qu'est-ce qu'on apprend de croustillant dans cette dépêche ?

Voici les meilleurs passages :

« 130 banques de la zone euro ont passé les tests de résistance, et onze – au moins – n'auraient pas la moyenne, dont trois banques grecques, trois italiennes, deux autrichiennes et une belge : Dexia qui bénéficiait d'une régime particulier. »

Bouh... 11 sur 130... Même au bac 2014, les résultats sont moins bons et il y a plus de « réussites différées ».

Bon, attention mes braves, il faut être prudent, ne pas stigmatiser toutes ces pauvres gentilles banques, ni faire d'amalgames. En effet, « toute conclusion tirée de prétendus résultats finaux de l'exercice serait hautement spéculative jusqu'aux résultats définitifs du 26 octobre »... Ben alors, pourquoi nous en parler aujourd'hui Dugenoux ?

Alors les nominés aux oscars des banquiers les plus nazes de l'eurovision 2014 sont les suivants :
- la banque autrichienne Erste Bank ;
- les italiennes Banco Popolare, Monte dei Paschi di Siena et Banca Popolare di Milano ;
- les grecques Alpha Bank, Piraeus Bank et Eurobank ;
- la portugaise Millennium BCP ;
- la belge Dexia.
L'agence espagnole ajoute, sans mentionner leurs noms, qu'une deuxième banque autrichienne et une chypriote devraient aussi avoir échoué.

Modalités pratiques des stress tests

« Ces tests, conjugués à une « revue de la qualité des actifs » (AQR) des banques, visent à mesurer la capacité de résistance des banques à divers scénarios économiques, y compris un scénario « stressé » de récession, de montée du chômage, de chute des prix immobiliers et de ralentissement continu de l'inflation, pour déterminer si elles doivent lever des fonds propres afin de renforcer leur solvabilité. La BCE, qui soumet à ces tests quelque 130 banques de la zone euro, assumera à compter du 4 novembre la supervision de l'ensemble du secteur. »

Ça semble compliqué expliqué comme cela néanmoins c'est assez logique, il ne faut pas que vous compreniez mais en fait c'est très simple. Le coup de la qualité des actifs c'est complètement bidon. Il s'agit de vérifier que les banques ont bien investi tous leurs fonds propres ou presque dans de bonnes obligations d'États surendettés dont un paquet se dirige tout droit vers la faillite alors posons la question « et que se passe-t-il en cas de faillite d'États si les fonds propres des banques sont investis en dettes d'États et que ces États font défaut ? ». Eh bien là encore, c'est simple... Il se passe que vous l'avez dans le baba. Ha... zut alors ! Mais les stress tests ont-ils étudié une faillite éventuelle d'État ? Eh bien la réponse est dans l'énoncé, lisez bon sang, c'est comme à l'école (c'était ce que me disait mon papa quand je ne pigeais pas un exercice de math et c'est vrai qu'en général, la réponse est dans l'énoncé...). Le scénario stressé, c'est une récession, une baisse de l'immobilier et une inflation qui baisse... super ! Mais point de faillite d'État. Logique. En fait, aucune banque aujourd'hui ne peut survivre à une faillite d'État, d'où d'ailleurs leur fuite en avant dans les obligations d'États en plus des contraintes réglementaires qui les obligent à investir leurs fonds propres là-dedans.

Si les États tombent, les banques tombent et inversement, vu qu'ils jouent tous depuis des années à « je te tiens tu me tiens par la barbichette ». (Ha, j'en vois un au fond qui se marre, tu as perduuuuuu !!)

Bon, je pense que vous avez compris l'esprit et l'ampleur du problème. Je ne vous en remets pas une couche supplémentaire sur le fait qu'il faille lier cela au fonds de garanties de dépôts et au fait que la BCE, pour le moment, est paralysée par les refus allemands d'utilisation de la planche à billets.

Alors vous comprendrez que je vous laisse, j'ai le plein de pâtes à faire chez Intermarché (c'est eux qui ont la meilleure promo du moment sur les Panzani, péremption 2018) mais c'est limité à 3 packs par jour, du coup faut que j'y retourne mais bon, c'est pas cher !

Il est déjà trop tard. Préparez-vous et restez à l'écoute.

À demain... si vous le voulez bien !!

Au coffre Le Contrarien Charles Sannat

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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