« 1 100 milliards d’euros déjà dépensés pour sauver l’euro ! »

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Par Charles Sannat Modifié le 12 juillet 2013 à 12h41

Le 11 juin j’écrivais un édito intitulé « quel serait le véritable coût d’une sortie de l’euro » car de très nombreux lecteurs se posaient la question. Ce que je souhaitais entre autres démontrer dans cet article c’était qu’il ne fallait pas non plus occulter le coût du maintien de la monnaie unique et le risque, à l’arrivée, de devoir assumer un double coût. Celui du maintien et en cas d’échec, également celui l’explosion de l’euro.

Voilà exactement mes propos :

« Alors le débat sur le coût d’une sortie de l’euro permet d’éluder un autre débat que l’on doit avoir simultanément à savoir quel est le coût d’un maintien aux forceps de l’euro ?

À court terme, il est évidemment moins onéreux, ce qui n’est pas le cas à moyen terme et je ne parle même pas du long terme. Disons que sur ce sujet, l’espoir des pays du Sud est que l’Allemagne finisse par arrondir les angles et permette une politique monétaire réellement plus accommodante sur le modèle de ce que fait la FED aux États-Unis… mais rien n’est moins sûr. Si l’Allemagne maintient l’étau de la rigueur et de l’austérité en Europe, l’Europe étouffera comme la Grèce et comme Chypre. Nous serons tous progressivement « grécisés » et notre épargne se fera inéluctablement chyprer !

Encore 3 ans à ce rythme et la France explosera, l’Italie aussi, sans même parler de l’Espagne. Les MES ou FESF ne seront plus suffisants et les digues seront emportées.

À l’arrivée, nous devrons sans doute assumer un double coût. D’abord celui du maintien à tout prix de l’euro, puis son explosion ce qui est le scénario catastrophe le plus coûteux. Belle affaire n’est-ce pas. »

Étant un garçon cohérent, je confirme chacun de mes propos. D’ailleurs, aujourd’hui, nous avons une vision plus claire du coût du sauvetage permanent de l’euro grâce à un rapport du FMI dont Le Figaro rapporte l’essentiel.

Le sauvetage de l’euro a déjà coûté 1 100 milliards

Ce chiffre a été calculé par le Fonds monétaire international. Il inclut les renflouements d’États et l’aide de la Banque centrale européenne. Voilà ce que nous dit Le Fig du jour !

« Européens, encore un effort si vous voulez garder votre monnaie. Tel est le message qu’adresse le FMI, dans son «Rapport sur la stabilité financière dans le monde» présenté ce mercredi à Tokyo. Tout en saluant «les efforts considérables de nouveau accomplis par les dirigeants» européens, José Vinals, le conseiller financier du Fonds, leur demande «d’accélérer le rythme» pour rétablir la confiance et «renforcer la cohésion de la zone euro». »

Je ne peux m’empêcher de traduire le passage « renforcer la cohésion de la zone euro » par l’expression « nous allons devoir raquer encore longtemps et très cher »… avec nos sous, c’est tellement plus rigolo !

« Les experts du FMI ont calculé que depuis décembre 2009 les fonds publics engagés pour porter secours aux «pays de la périphérie» (Grèce, Irlande, Italie, Portugal et Espagne) s’élèvent à plus de 1 100 milliards d’euros. »

Nous avons au moins la première addition officielle (même partielle) du coût du maintien de l’euro jusqu’à présent. Encore une fois, les gouvernements y vont par itération, petit à petit, avec une louchée chaque mois. Ils n’ont strictement aucune idée du coût final, aucune idée de la durée, aucune idée de la manière dont le problème pourrait être définitivement réglé. Chaque mois, on rajoute au pot l’argent des contribuables européens saignés à blanc.

Cette politique menée par nos grands mamamouchis est digne de la fuite en avant d’un ménage surendetté qui, tous les jours, irait faire un nouveau crédit en imaginant pouvoir se refaire lors de la partie de poker du samedi suivant… sans succès. Au bout du compte, cela finit toujours de la même façon : par une catastrophe financière évidemment prévisible.

L’article du Figaro pointe également les mouvements de capitaux qui « sont devenus gigantesques. Entre juin 2011 et juin 2012, l’Italie et l’Espagne ont enregistré des sorties atteignant 235 et 296 milliards d’euros respectivement (soit 15 % et 27 % de leur PIB). Ces chiffres recouvrent à la fois les désengagements des investisseurs non-résidents, qui ont vendu leurs titres d’État, mais également des sorties de capitaux de la part des épargnants ».

Comme je l’explique souvent, l’économie est régie par deux principes du café du commerce, que mon ami Bernard au comptoir qualifie de « question d’équilibre » et principe des « vases communicants ». Résultat : ce que l’on perd d’un côté, on le gagne de l’autre et inversement.

« En revanche, les établissements du «cœur de la zone euro», autrement dit l’Autriche, la Finlande, l’Allemagne et les Pays-Bas, selon le classement du FMI, ont vu leurs dépôts s’envoler, de l’ordre de 350 milliards d’euros depuis l’été 2011. »

La périphérie de la zone euro, comprenez par cette expression pudique « les pays moisis de l’euro », perdent des sous au profit des pays du « cœur de la zone euro », comprenez par cette expression pudique « les pays cette fois sérieux et solides ». Vous remarquerez que la France en est absente. Cela fait bien longtemps que plus personne ne pense que la France fasse partie du « cœur de la zone euro »… Dommage peut-être, mais il est essentiel d’en être pleinement conscient pour votre allocation patrimoniale. Cela fera la différence lorsque nous serons emportés par la force centripète vers la périphérie…

Cet article fort passionnant, ou plutôt ce rapport du FMI qu’il résume, pointe évidemment LE sujet essentiel sans prononcer néanmoins les mots qui fâchent à savoir « explosion de l’euro ». Je cite :

« Ces mouvements de ­capitaux qui divisent la zone euro ­expriment les craintes d’une «redénomination de la monnaie», en clair un ­retour aux devises nationales. «La fuite des capitaux et la fragmentation du marché (interbancaire) qui en ont résulté ont fragilisé les fondements mêmes de l’Union, à savoir des marchés intégrés et une politique monétaire commune effective», avertissent les experts de Washington. »

Dans ce salmigondis de charabia « sérieux » destiné aux zélites éclairées sachant savoir dans la connaissance et la lumière, contrairement à nous vulgum pecus, petit peuple ignorant dans les ténèbres de la France d’en bas, il ne faut retenir qu’une seule chose : « retour aux monnaies nationales », façon encore gentille de parler d’une horrible explosion de l’euro que l’on devra quitter en vitesse, sans préparation et dans les pires conditions.

Finalement, ce qui est surprenant, c’est que le FMI envisage enfin la fin de la monnaie unique à un moment où pourtant l’on nous répète que la crise est finie, que l’euro est sauvé et que le pire est derrière nous. D’ailleurs, notre grand maréchal (des logis) Moscou-Vichy (n’y voyez aucune connotation, ni sous-entendu et encore moins accusation, c’est juste un jeu de mots que je trouve drôle au 1er degré) vient de nous dire qu’il voyait la croissance revenir… Alors si en plus Mosco a des visions… là, on va vraiment être dans la panade !

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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