Malgré les enseignements des dernières crises de plus en plus d’articles financiers « questionnent » sur « l’énigme de la liquidité ».
Et si en fait d’« énigme de la liquidité », il n’y avait que l’énigme de la persistance d’un aveuglement collectif ? Jugez-en vous-mêmes : pourquoi, malgré les enseignements des crises répétitives, continuons-nous d’assimiler la « liquidité de négociation », qualifiant la possibilité de négocier librement différentes quantités (volumes) de titres à des cours différents, à la « liquidité financière » qui nomme la résultante en termes de trésorerie de l’achat ou vente de chacun des volumes de titres négociés à un cours différent sur le marché boursier ? Est-ce encore professionnel de continuer d’assimiler le qualificatif « liquidité » qui qualifie une possibilité de négociation, au nom « liquidité » qui nomme la résultante financière d’un échange. D’un côté une possibilité, de l’autre une réalité ….
Où quand l’action physique de pouvoir négocier ses titres devrait s’appeler « fluidité » et non « liquidité », et quand sa résultante financière qui s’appelle « liquidité » devrait s’appeler « trésorerie ». Pour rappel : selon le dictionnaire Larousse, la définition de liquidité est : « Caractère d'une dette, d'une créance, d'une somme d'argent qui est liquide, dont on peut disposer immédiatement. » Dans ce cas, nous avons un indice de fluidité de 100% puisque l’on peut disposer immédiatement de la liquidité (trésorerie) de la totalité des chiffres annoncés. « droit-finances.net » précise : Les actifs liquides ne sont pas soumis au risque de perte de capital.
Dans cette version juridique, nous avons une approche encore plus précise adaptée à l’ensemble des investisseurs « boursiers » qui dans nombre de cas ne sont pas des professionnels. En effet, il est clairement fait mention de l’absence de risque de perte de capital lors de la transformation de l’information financière en trésorerie. Ainsi, là où le « sans perte de capital » est implicite dans la définition du Larousse, le juridique mentionne l’obligation d’une unicité totale entre une « possibilité » de négociation et sa « résultante » en terme de liquidité (trésorerie) sans perte de capital.
Quid des fonds de placement qui sont qualifiés de « liquides » uniquement parce qu’ils offrent une possibilité de négociation quotidienne, hebdomadaire voire mensuelle n’ayant aucune unicité avec la notion de liquidité (trésorerie) des évaluations boursières annoncées ? Quid des comparatifs de performances et autres analyses ou prospectives qui sont bâtis sur l’amalgame « liquidité » possibilité de négociation et « liquidité » en tant que résultante financière d’un échange ?
Dans le cas des fonds de placement, bien que qualifiant deux réalités totalement différentes, le « terme » liquidité est totalement galvaudé par le principe comptable appelé « mark-to-market ». Ce dernier faisant fi des différences entre la liquidité en terme de « possibilité » et la liquidité en terme de « conséquence », fausse trop souvent tous les repères des non professionnels. Ainsi, ce sont les quelques titres échangés à la hausse ou à la baisse à la fermeture des marchés du jour qui décideront en toute incohérence de la valorisation de votre richesse du jour.
Cette réalité de la source comptable de l’incompréhension étant cernée il n’en est que plus captivant de travailler aux compléments d’informations qui devraient être publiés systématiquement, à savoir :
- le coefficient de « fluidité » du jour© (CFJ©) qui est le volume de titre échangé du jour sur le volume total de titres en circulation (flottant) qui devrait pondérer (tempérer) les effets déstabilisateurs de l’amalgame actuel entre « liquidité » possibilité de négociation et « liquidité » résultante financière d’un échange. Exemple 1 000 titres échangés sur un volume total de titres de 400 000 donnerait un coefficient de « fluidité » de 0,003 (1000/400 000) et
- le coefficient de résidu comptable© (CRC©) qui est la pondération de la performance du jour par le coefficient de fluidité du jour.
Si ces « techniques » ne sont pas encore généralisées comme « professionnelles », leur application vous permettra de cesser de prendre des « vessies pour des lanternes » autrement dit de prendre des « vessies « financières » pour des lanternes de « richesse » éphémère ». Encore un doute sur la réalité des propos ci-dessus ?
Jean-Paul Gaudal, directeur du département supervision bancaire et comptable à la Fédération Bancaire Française, dans « Confrontation Europe » de juillet/septembre 2010 :
« Le concept de « fair value », la « juste valeur » sonne à priori équitable : il correspond à la question ancienne de la valorisation correcte des actifs financiers. Mais en valorisant ces actifs au prix du marché au détriment d’autres méthodes, il a contraint les investisseurs à afficher, en période hausses comme de baisses des cours, des gains ou des pertes comptables injustifiés par rapport aux fondamentaux économiques, ce qui a contribué à accroître la volatilité et à bouleverser le paysage financier. Dès lors que les marchés deviennent illiquides, les évaluations ne font que refléter le pessimisme ou l’optimisme des rares participants, dont le comportement ressort alors de phénomènes de hordes, déclenchant de brutales variations de valeur des actifs, à la hausse comme à la baisse. »
Comme vous l’aurez compris par extrapolation, les krachs boursiers ne sont trop souvent que des krachs d’origine informationnelle qui en ayant fait croire pendant des mois ou des années en des hausses boursières ont caché le pot aux roses (ou plutôt le pot des « illiquidités ») selon le principe de la chaîne ou pyramide de Ponzi. C’est pourquoi, à titre conservatoire, je vous propose de toujours inclure dans votre décisionnel la valorisation des titres lors de la ou des dernière(s) crise(s) boursière(s).
Ainsi, vous aurez un point d’ancrage certain en complément d’une part, du cours du jour et d’autre part du cours du jour revu en fonction de son coefficient de résidu comptable (CRC) - qui indique la performance « fictive » issue de la seule application de la règle comptable « mark-to-market » - et de son coefficient de fluidité du jour (CFJ) qui donne une indication sur la possibilité de transformation en trésorerie des performances financières annoncées. Fort de ces éléments, vous pourrez établir une réelle stratégie de gestion financière indépendante de toute mode et de toute « sur » ou « sous » information aussi ponctuelle que grégaire (moutonnière). Sans cela, vous serez (resterez) comme un surfeur à qui l’on a (aurait) donné une planche de paddle pour négocier les vagues du lac Léman lorsque ce dernier est en furie. Ayant déjà connu la furie du Léman….