Pour son 34e congrès national des ingénieurs Arts et Métiers, qui se déroulera à Bordeaux au Palais des congrès, les 5 et 6 octobre prochains, la Société des ingénieurs Arts et Métiers la plus importante association européenne d'ingénieurs issus de la même Ecole - s'interrogera sur un thème d'actualité : « comment les ingénieurs développent l'économie ? » Interview de Roland Vardanega, président de la Société des ingénieurs Arts et Métiers, ancien président du directoire de PSA Peugeot-Citroën.
Comment se positionne l'ingénieur Arts et Métiers dans l'économie française ?
Roland Vardanega : Les ingénieurs Arts et Métiers, dont 60% des actifs œuvrent dans les domaines R&D, bureaux d'études, production, management, sont les chevilles ouvrières, en France, du développement industriel et économique.
Dans notre vie associative, nous sommes aussi très actifs. Nous encourageons les valeurs fortes, principalement tournées vers la solidarité et l'ascenseur social, que l'association met au service des ingénieurs Arts & Métiers ParisTech et de l'ensemble de la profession.
Que se passera-t-il à l'occasion de ce 34e congrès national ?
Roland Vardanega : Tous les deux ans, notre Communauté, forte de 30 000 membres, invite ingénieurs, économistes, industriels, décideurs à réfléchir au rôle actif de l'ingénieur citoyen. L'axe constant est d'anticiper pour faire face aux enjeux sociétaux et industriels, toujours plus forts, en faisant émerger des propositions réalistes et efficaces. C'est l'occasion d'avoir un instantané photographique de l'économie française via un prisme industriel. Nous ferons un point sur l'expansion économique et industrielle du Grand Sud-Ouest, mais aussi sur la recherche qui est une priorité au sein de l'Ecole, notamment en ce qui concerne les partenariats avec les industriels et enfin la promotion de l'enseignement et des métiers techniques.
Quelle vision avez-vous de l'ingénieur du XXIe siècle ?
Roland Vardanega : Ce siècle sera celui d'un monde complexe et souvent imprévisible dans lequel les ingénieurs n'auront souvent pour seule boussole que leur éthique, leurs valeurs et leur aptitude aux relations humaines. Ces ingénieurs managers devront avoir du charisme et être aussi à l'aise avec le top management qu'avec les collaborateurs et les subordonnés, aussi à l'aise avec le concret et le réel de l'exécution qu'avec la théorie, voire l'abstraction de la connaissance. Les ingénieurs qui auront du succès seront ceux capables de transformer les avancées de la science en innovations accessibles aux populations. Enfin, l'ingénieur du XXIe siècle ne sera pas ingénieur une fois pour toutes. Il devra sans cesse apprendre, s'adapter, se remettre en cause. Il vivra plusieurs vies. Soyons en sûr, le XXIe siècle sera celui des ingénieurs qui feront appels à leurs compétences multidisciplinaires et humaines ; ceci est typiquement un profil d'ingénieur Arts et Métiers.