Les résultats publiés par les entreprises américaines pour le second trimestre sont meilleurs que prévu : les analystes attendaient un recul de 4,4% des profits mais, finalement, la baisse n’est que de 1,6%. Ouf ! Un bon signe pour l’économie américaine, n’est-ce pas ?
Derrière les résultats trimestriels américains
Prenons le temps d’analyser cette information. D’une part, les entreprises américaines avaient volontairement été très prudentes quand elles avaient communiqué leurs prévisions, en début d’année. Les marchés s’attendaient donc au pire. Et le pire n’a pas eu lieu, c’est un fait.
Et puis, quand on lit ou analyse les publications, on réalise que le discours des entrepreneurs américains n’est pas des plus encourageants : ils tablent sur une croissance très faible, voire nulle, et mettent en place des stratégies de réduction de voilure : réductions des coûts et rachats d’actions sont les deux leitmotivs des directions. Or, lorsque vous êtes dans une logique de réductions des coûts, vous êtes dans une logique défensive.
Mais cela peut s’expliquer de deux manières : certes, la croissance sera très faible (inutile donc de déployer tout l’arsenal) ; mais aussi, de nombreuses entreprises sont en train de restructurer ou de réorienter leur activité. Alors, de la même manière que quand vous virez de bord sur un bateau, la voile et le spi se contractent pour se regonfler, une entreprise, quand elle prend un tournant majeur, cherche à optimiser ses coûts pour ensuite les redéployer dans la nouvelle direction.
L’exemple de Cisco
Prenez Cisco. Le célèbre équipementier réseaux va encore supprimer 7% de ses effectifs, soit 5 500 personnes dans le monde. Or, cela fait maintenant des années que le groupe licencie : en août 2014, 4 000 emplois avaient été supprimés. Pourtant, ses résultats sont excellents : chiffre d’affaires 2015-2016 en hausse de 3%, à 48,7 milliards de dollars, et augmentation de 20% de son bénéfice net, à 10,7 milliards de dollars.
Oui, vous avez bien calculé : Cisco dégage une marge nette supérieure à 20%. Alors pourquoi une telle réduction des coûts ? Eh bien Cisco veut passer d’un modèle basé sur les routeurs et les commutateurs à un modèle centré sur la sécurité des réseaux, des data centers et du cloud. Cela ne demande pas forcément les mêmes équipes, ni les mêmes infrastructures.
La Fed et une très embarrassante hausse des taux
Pour l’instant, les indices américains sont à leurs plus-hauts historiques, portés par ce soulagement des résultats et surtout par une politique monétaire ultra-accommodante. Car, pour l’heure, la Fed a soufflé le chaud et le froid quant à son éventuelle remontée de taux en septembre. Suite aux bons chiffres de l’emploi de juillet (255 000 emplois ont été créés en première estimation), le vice-président de la Fed, Stanley Fischer, a déclaré que la Fed se rapprochait de ses objectifs de plein-emploi et d’une inflation de 2%. Sous-entendu : nous allons pouvoir remonter les taux très bientôt.
Mais l’on sait d’un autre côté que l’économie américaine n’est pas encore assez solide pour faire face à une hausse de taux dès septembre : les bénéfices des entreprises, au final, sont quand même en recul de 1,6% – c’est loin d’être une hausse ! Alors Janet Yellen, démocrate, ne prendra jamais le risque de relever ses taux en septembre et de planter l’économie américaine deux mois avant l’élection : ce serait faire un cadeau à Donald Trump et au camp républicain.
La valorisation des marchés US m’inquiète J’attire cependant votre attention sur un élément qui m’inquiète, en plus de la baisse des bénéfices des entreprises américaines : leur niveau de valorisation. Le PER moyen des entreprises du S&P 500 est à plus de 27, ce qui est plus cher que la moyenne de long terme, établie autour de 16. Il suffirait de pas grand-chose pour que la belle machine boursière s’enraye.
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