Les emplois ne tombent pas du ciel par simple volonté présidentielle et par décrets, ni même par le fait d’accords « entre les instances patronales et salariales ».
Même les aides à l’embauche ne sont pas une panacée. La lutte contre le chômage passe par la croissance, donc par la création et le développement des entreprises. C’est ce que le Président de la République et son Gouvernement semblent avoir compris et c’est ce qui explique leur changement de regard sur les entreprises. Mais est-ce suffisant ? A l’exception de Monsieur Macron, beaucoup considèrent encore « que tout, ou presque, a déjà été fait pour les entrepreneurs » ! Malheureusement, il n’en est rien.
Encourager les Français à entreprendre
Si on ne peut qu’être d’accord pour que les Français deviennent plus entreprenants, peut-on les encourager à devenir employeurs ? On peut légitimement se le demander. On entretient encore l'idée, surtout dans certains médias, que devenir employeur c'est être un profiteur, voire, pour les plus extrémistes, un « esclavagiste » qui s’enrichit du travail des autres (de la sueur du peuple, disait-on sous Zola), un nanti et, qui plus est, coupable de ne pas employer plus, de ne pas payer mieux et de se payer trop. Mais devenir employeur, c’est aussi augmenter ses risques en matière financière et c'est aller au-devant de problèmes en matière de gestion des ressources humaines. C’est aussi prendre des risques à titre personnel et, pour couronner le tout, être surtaxé.
Les risques d'embaucher des salariés
Il faut que les Français sachent qu’employer des salariés, c’est s’exposer :
- aux risques économiques (ajuster les charges salariales à l’activité économique de l’entreprise)
- aux risques juridiques (incapacité à respecter les mille et une règles du Code du travail, désaccords de branche, de la convention collective…)
- aux risques judiciaires (risque de prud’hommes, de l’inspection du travail, risque pénal, civil…)
- aux difficultés relationnelles (difficultés à manager, à gérer les relations humaines et les litiges avec les salariés, les conflits d’intérêts entre celui de l’entreprise et celui des salariés)
- au traumatisme d’avoir à licencier (tout est fait pour complexifier les licenciements ce qui est totalement contraire aux objectifs de favoriser l’embauche)
Cela dans un contexte d'instabilité et de complexité de la réglementation sociale (code du travail, code de la sécurité sociale, code fiscal, réglementation des organismes sociaux, négociations collectives, relations avec le Comité d’entreprise, le CHST, prudhommes…).
La croissance repose sur les entreprises
Si aujourd’hui presque tout le monde s’accorde pour estimer que la croissance repose sur les entreprises (ce qui n’a pas toujours été le cas), les entrepreneurs s’interrogent. Si nous souhaitons que l'esprit d'entreprise prime chez les jeunes et chez tous les Français, on peut s’interroger pour savoir s'il faut encourager les créateurs d’entreprise à recruter du personnel en France !
La complexité de la réglementation et le « toujours coupable » ressenti par les employeurs, expliquent ce découragement ; alors qu’un peu de considération, une réelle simplification de la réglementation sociale, et un brin de flexibilité permettraient de faire sauter les freins à l’embauche.
Malheureusement, et malgré les beaux discours, la France n’en prend pas le chemin tant la résistance au changement est grande, sauf si le Gouvernement passe outre les réticences et les chers « avantages acquis ». Faute de visibilité sur un changement pérenne, il ne faut pas s’étonner si les « nouveaux entrepreneurs » préfèrent entreprendre en solo ou entreprendre ailleurs.