C'est encore et à nouveau à Ambrose Evans-Pritchard du Telegraph, dont je pense qu'il est actuellement le meilleur journaliste économique d'Europe, que l'on doit ce papier passionnant où il est allé écouter pour nous tous Jaime Caruana qui n'est rien de moins que le patron (fort peu médiatique) de la BRI, la banque centrale des banques centrale, BRI signifiant « banque des règlements internationaux ».
Jaime Caruana s'adressait aux participants du XXIIIe Congrès international des banques à Saint-Pétersbourg et voici ce qu'il a dit... Vous pourrez constater que lui aussi est un « grand optimiste »... ce qui non seulement est ironique mais surtout, au-delà, me rassure sur mon « pessimisme » qui à en croire l'ensemble des déclarations récentes et de plus en plus nombreuses commence à s'avérer plus que fondé.
« L'économie mondiale est tout aussi vulnérable à une crise financière comme celle de 2007, avec le danger supplémentaire que les ratios d'endettement sont maintenant beaucoup plus élevés et que les marchés émergents seraient également cette fois directement concernés. »
Il est vrai, bien que personne n'insiste là-dessus, que les dettes souveraines ont très fortement augmenté depuis 2007, ce qui est très compréhensible dans la mesure où les États ont dû aussi bien sauver quelques banques à coup de dizaines de milliards et financer quelques menus plans de relance à l'aide de centaines de milliards... Évidemment, cela n'aide pas à l'équilibre des finances publiques, sans oublier le coût de la crise sur les volets sociaux avec l'indemnisation de millions de chômeurs supplémentaires à travers le monde.
Pour Jaime Caruana, « les investisseurs ignorent le risque de resserrement monétaire dans leur quête vorace au rendement. Les marchés semblent ne considérer qu'un spectre très étroit d'options possibles. Ils ont acquis la conviction que les conditions monétaires resteront faciles pour un temps très long, et vont certainement beaucoup plus loin que les banques centrales souhaitent le faire »...
Cela revient à dire que les taux pourraient remonter d'une façon beaucoup plus surprenante et imprévisible en tout cas pour les investisseurs qui, dès lors, se trouveraient piégés par l'explosion de la plus grosse bulle obligataire de tous les temps.
M. Caruana a insisté sur le fait « que le système international est à bien des égards plus fragile que lors de la faillite de Lehman Brothers. Les ratios d'endettement dans les pays développés ont augmenté de 20 points de pourcentage à 275pc du PIB »... En clair, nous sommes dans une merde noire mais personne ne vous le dira trop fort.
Enfin, pour le patron de la BRI, le risque de krach boursier n'est même plus un risque mais une évidence.
« Les marchés boursiers sont devenus euphoriques. La volatilité a chuté à un plus bas historique. Les actions européennes ont augmenté 15 % en un an malgré une croissance proche de zéro et une baisse de 3 % des bénéfices attendus... » Pour vous aider à décoder, disons que le krach n'est qu'une question de temps, mais comme l'a très justement précisé Monsieur Caruana en refusant de se prononcer sur le moment de l'éclatement de cette bulle boursière, « comme l'a dit Keynes, les marchés peuvent rester irrationnels plus longtemps que vous pouvez rester solvables »...
Retenez donc que lorsque les marchés sont devenus aussi dangereux et malgré l'appât du gain que de gentils conseillers n'hésiteront pas à vous faire miroiter en sortant les beaux graphiques pour vous montrer toute la hausse que vous avez déjà loupé, il est grand temps d'hésiter justement et de ne pas se précipiter jouer son argent au grand casino de la Bourse.
Nous allons vers un nouvel épisode paroxystique de la crise
La conclusion est assez simple et de plus en plus de voix et pas des moindres n'hésitent plus à mettre en garde ces derniers jours et ces dernières semaines sur les risques de « ruine », « d'effondrement », de « reset » ou encore de « krach », le tout alors qu'il est évident qu'aux USA la croissance patine tellement que les États-Unis ont connu une récession de presque 3 % au premier trimestre et qu'en Europe, la déflation guette l'ensemble des pays du sud y compris la France.
Lorsque l'on prendra conscience que tout va très mal et que la reprise économique tant vantée n'est jamais arrivée, alors ce sera l'heure des comptes et ce jour-là, croyez-moi, vous aurez intérêt à avoir quelques pièces d'or et d'argent, une maison tout équipée avec tout plein de réserves de raviolis... Vous pouvez aussi continuer à croire que tout va bien se passer mais cela ne semble pas être le cas de Jaime Caruana et il n'est vraiment pas n'importe qui.
Préparez-vous et restez à l'écoute.
À demain... si vous le voulez bien !!