Le crowfunding connaît un succès croissant, au-delà du financement proprement dit, il permet au souscripteur de s’impliquer dans un projet, et ici pour la première fois dans l’écriture d’un opéra.
L’art contemporain est à la fête à Paris cette semaine avec la Fiac et, en "off", avec plusieurs autres salons, au premier rang desquels l’imposant et de grande qualité Art Elysées, à deux pas du Grand Palais sur les Champs-Elysées. Mais la nouveauté du moment fait moins de bruit, et elle concerne le spectacle vivant, puisque le crowfunding est sollicité pour la création d’un opéra. Le financement participatif – en français – s’intéresse à la culture, on le sait, à la musique également, pour monter des spectacles mais, pour la première fois au monde à notre connaissance, une création lyrique va en bénéficier.
Il s’agit d’un projet de l’Opéra Comique, coproduit avec plusieurs autres scènes européennes (Berlin, Ruhrtriennale, Zagreb, Luxembourg, Strasbourg). Le coût total de cet opéra se monte à 700.000 euros et le théâtre parisien en supporte plus de la moitié. Comme ses subventions publiques sont comptées, il doit dégager 60 à 70% de recettes propres sur cette production, un chiffre élevé dans le monde lyrique (les opéras français de province génèrent de l’ordre de 20% de recettes propres seulement), et encore plus pour une création ! Les recettes propres, ce sont donc la billetterie, les sponsors et, précisément, le crowfunding, avec un objectif de 50.000 euros.
L’opéra a déjà son équipe constituée et même son titre : Kein Licht, composé par Philippe Manoury, sur un texte d’Elfriede Jelinek, mis en scène par Nicolas Stemann et dirigé par Julien Leroy. C’est Culture Time qui gère l’opération de crowfunding. Le compositeur Philippe Manoury est une valeur sûre, on se rappelle de son excellent "K…" (d’après "Le Procès" de Kafka) à l’Opéra Bastille en 2000.
La grande nouveauté est que les souscripteurs pourront suivre le processus de création de cet opéra (rencontres, séances de travail, répétitions), une opportunité assez excitante, plutôt rare, les artistes étant plutôt rétifs à montrer les développements de leur travail, ce qui peut parfaitement se comprendre au demeurant. Mais ici, l’occasion existe, et pour la première fois en ce qui concerne un opéra.