L'actualité politique est si pleine de communication, la sphère médiatique est si saturée de faits divers et variés, qu'on oublie le plus gros de ce qui se passe au bout de quelques jours… ou semaines dans le meilleur des cas.
Chaque quinquennat est l'occasion d'une infinité de maladresses, si bien qu'elles passeraient presque inaperçues, par un certain effet d'accoutumance. Le président de la République François Hollande s'était entre autres illustré par sa raillerie contre les « sans-dents », une moquerie qui avait très largement choqué. Une nouvelle preuve du fossé creusé entre les officiels d'une part (que l'on aurait du mal à appeler « élites » ou même « gouvernants ») et les Français d'autre part ? Sans doute, mais ce n'est pas ce qui nous intéressera dans le présent billet. Nous nous concentrerons plutôt sur le côté « sans-dents » : comment se fait-il que nombre de nos concitoyens renoncent ou ne peuvent recourir aux prestations (parfois basiques) de chirurgie dentaire ?
La santé dentaire française en question
Beaucoup de Français, surtout d'un certain âge ou appartenant aux couches de revenus supérieures, entretiennent l'idée d'une France paradis de la santé, avec la meilleure Sécurité sociale et assurance santé de la planète. Ce qui était sans doute vrai il y a quelques décennies ne l'est plus aujourd'hui. D'aucuns tomberaient de leur chaise en constatant le recul de l'Hexagone dans le classement mondial de l'espérance de vie, cédant naturellement la place au Japon ou à Monaco… mais aussi (ou se laissant titiller, bon an mal an) vis-à-vis de l'Australie, de l'Espagne, de Singapour, de l'Italie, du Canada…
Un quart des Français ne se brosseraient pas assez les dents d'après les études les plus récentes. Seulement deux tiers d'entre eux vont chez le dentiste au moins une fois par an, et cela pas nécessairement à cause de la paresse ou de l'absence de symptômes. L'aspect financier peut entrer en jeu, créant une séparation entre les dents blanches et détartrées d'un côté, et les dentitions laissées dans leur jus de l'autre. Mais même les classes sociales aisées se laissent tenter, le moment venu et le cas échéant, par un implant dentaire pas cher en Hongrie, pays où il fait bon vivre et où la dentisterie est une spécialité. Payer moins cher pour un travail de qualité généralement supérieure, tout en faisant du tourisme : une perspective qui intéresse de plus en plus de patients – ce qui se comprend !
Des faits et des chiffres
En France, les chirurgiens-dentistes sont au nombre de 42.000, dont 35.000 exercent exclusivement sous le mode des professions libérales. C'est dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur que les dentistes libéraux sont le plus présents : certains diront que c'est en raison du grand nombre de retraités qui viennent s'y installer au soleil pour couler leurs vieux jours… et qui vont généralement plus souvent que les jeunes gens chez le dentiste !
L'honoraire total moyen d'un dentiste pour un patient en 2017 et en France était en hausse. Pour les adultes, un détartrage est estimé à près de 30 euros ; le traitement d'une carie entre 17 et 45 euros en fonction de son importance et de son emplacement ; la dévitalisation d'une dent oscille de 30 à 85 euros ; l'arrachage tourne autour des 35 euros. Alors que dire des soins de dentisterie esthétique, parfois pas du tout pris en charge par la Sécurité sociale ! Mieux vaut avoir une bonne mutuelle… mais là aussi c'est très onéreux.