L'Allemagne vient de voter un budget à l'équilibre, le premier depuis 1969. Une telle chose serait-elle possible en France ? En France, arithmétiquement tout est possible et politiquement tout est impossible.
Ce que l'État donne d'une main, il le prend de l'autre. Tout le jeu politique consiste à prendre à une minorité d'électeurs pour donner à une majorité d'électeurs en espérant que ceux-ci vous en seront reconnaissants lors du prochain vote.
Les calculs de rentabilité se font en voix, pas en euro. Ainsi, prendre 1 million d'euros à 100 électeurs (10 000 euros par électeur, donc) pour redistribuer 500 euros à 1 000 électeurs est une affaire extrêmement rentable. Vous me direz qu'il manque 500 000 euros, mais n'oubliez pas qu'il faut payer le personnel administratif responsable de la pompe à redistribution. Arrêter la pompe mécontente les arrosés et les plombiers bureaucrates. Ça fait beaucoup de monde dans un pays où 57 % du PIB est brassé par l'État. Très honnêtement, regardez nos hommes politiques ou plutôt nos « produits électoraux » - étatistes de droite et de gauche - en voyez-vous un qui soit capable de prendre de telles décisions ?
La seule façon démocratique serait de consulter les intéressés par la redistribution afin de s'assurer de leur accord pour couper le robinet. Où trouver suffisamment d'êtres désintéressés (ou d'électeurs non corrompus par l'argent qu'ils reçoivent et dont ils ont le sentiment qu'il est gratuit) ?
Voyons d'abord les derniers chiffres du budget France-Titanic
Quelques chiffres et ratios du budget de la France
Sources : https://economiepolitique.org/depenses-recettes-deficit-et-dette-publique-2009-2012-ue-et-france/ et https://www.tradingeconomics.com/france/government-bond-yield
Vous constatez rapidement que la dette se creuse alors même que les taux d'intérêt sont au plus bas. Toute hausse des taux va immédiatement faire exploser le déficit. Nous vivons dans un État insolvable. Les systèmes de retraite, d'assurance maladie et d'assurance chômage sont en faillite. La dette et le déficit publics retardent simplement le constat. Le PIB par habitant s'effondre, le chômage s'envole.
Lorsqu'on pense réduction des dépenses publiques, on pense souvent moins de fonctionnaires en oubliant qu'un fonctionnaire à la retraite coûte aux contribuables le même prix qu'un fonctionnaire en activité. La réduction de la masse salariale de l'État est une mesure qui porte ses fruits à long terme.
Mais il existe une autre piste : laissez-faire !
L'impôt sur les sociétés rapporte 36 milliards d'euros mais coûte aux contribuables de 110 milliards d'euros. Des fonctionnaires zélés redistribuent cet argent en aides et subventions diverses à des entreprises choisies au gré de politiques économiques fumeuses. Les résultat sont lamentables : un chômage record, des faillites en chaîne, une productivité en berne. Supprimons l'impôt sur les sociétés et supprimons toutes subventions aux entreprises (ce qui supprimera aussi du trafic d'influence). Cela fait 74 milliards d'euros d'économie. Plus que 8 milliards d'euros de déficit, soit 0,40 % du PIB.
Interrogeons les patrons (sur la base d'un patron, une voix). Combien seraient simplement heureux de ne pas payer d'impôts et de manœuvrer leur barque tout seul sans subvention ou aide ? Evidemment, les patrons de multinationales ont le staff suffisant pour jongler avec la fiscalité et manœuvrer dans le maquis paperassier des 6 000 aides, mais tous les autres ?
Les épargnants vont à l'avenir avoir besoin de leur argent pour faire face aux engagements de retraites que l'État ne tiendra pas. Supprimons l'impôt sur les plus-values, sur les revenus de l'épargne, sur le capital. Supprimons aussi toutes ces « niches fiscales » ridicules. Les contribuables ne sont pas des chiens.
L'épargne participera à l'investissement là où nous pensons que c'est utile et notre jugement ne sera pas plus mauvais que celui des politiques ou des fonctionnaires. Il ne sera pas faussé par de désastreuses incitations fiscales qui prouvent tous les jours leur ineptie et ne servent qu'à nourrir des lobbies parasitaires. Nous savons gagner de l'argent nous saurons le replacer.
Laissez-nous faire, laissez-nous épargner. Vous relancerez ainsi de façon très simple l'investissement (sans avoir besoin d'aider les banques avec notre argent) donc l'emploi et vous donnerez espoir et courage au pays.
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