Depuis plusieurs mois, les avocats sont les cibles d'attaques injustifiées, dangereuses et malheureuses.
Après que certains responsables politiques ont tenté de nous expliquer que nous avocats n'étions pas des citoyens comme les autres et que notre accès à l'Assemblée nationale n'était pas opportune, après que d'autres ont voulu placer quelques-uns de nos confrères sur écoute dans la plus grande méconnaissance des règles élémentaires de la démocratie, nous avocats sommes désormais avec d'autres professionnels libéraux, les responsables de la crise française et des difficultés de nos clients.
Nous serions ainsi de dangereux nantis bénéficiant d'on ne sait quel monopole ou privilège !
Et cette attaque inique vient d'un ministre qui a dû oublier la réalité de l'exercice de la profession, lui qui se vantait il y a encore quelques années d'être issu du privé et de la profession d'avocat. Il souhaite, pour reprendre ses termes, "ouvrir le marché et instaurer ainsi la possibilité à de nouveaux acteurs de concurrencer ces professions". Il pense permettre une baisse des prix et donc une augmentation du pouvoir d'achat des Français.
Tout ça serait formidable si le ministre n'avait simplement pas oublié que la profession d'avocat ne jouit d'aucun privilège et que les avocats évoluent justement dans un contexte hautement concurrentiel.
Tout ça serait formidable si le ministre n'avait pas, encore une fois oublié, que les avocats assument leurs missions dans le cadre d'une déontologie stricte, d'une règlementation exigeante et que ces règles n'existent que pour protéger les droits de ceux que nous conseillons et défendons au quotidien.
Mais le ministre persiste et signe et avance, comme argument d'autorité, un rapport de l'Inspection générale des finances que personne n'a lu. Alors, invoquant une idée qui lui est apparue révolutionnaire, le ministre a appelé les avocats à développer le numérique dans le cadre de leur exercice. Mais une fois encore le ministre a oublié que la profession disposait déjà d'une part du système e-barreau et d'autre part de la clé RPVA. Même ses collègues du Ministère de la Justice reconnaissent l'avancée technologique que constitue la communication électronique des avocats avec les juridictions civiles, commerciales et administratives.
Les avocats sont des entrepreneurs libéraux à part entière avec leur cortège de difficultés économiques apportées par la crise. Il est urgent que nos responsables politiques les considèrent enfin comme les autres, c'est à dire comme des entreprises à part entière, au service exclusif de leurs clients, soumis à une réglementation stricte qui protège les justiciables. Nos entreprises libérales participent comme les autres à l'effort de redressement. Elles contribuent aux charges annuelles, elles s'acquittent de leurs impôts, et elles ne sont pas délocalisables.
A l'heure où la place du droit dans notre société n'a jamais été aussi essentielle, à l'heure où l'influence et l'attractivité de la France par le droit est rappelée tous les jours, où le rôle des avocats et le développement de notre profession est un enjeu de société, il serait judicieux que nos confrères responsables politiques montrent leur soutien indéfectible plutôt que de se lancer dans un « avocat bashing » inacceptable et contreproductif.
Nous aimerions voir nos ministres s'engager dans de vrais combats et non qu'ils s'attaquent à celles et ceux qui sont quotidiennement au chevet des Français et qui assument, au titre de la solidarité, tant de missions au bénéfice de nos concitoyens.