Tous les indicateurs de conjoncture indiquent que le troisième trimestre de la zone euro sera très faible en termes d'activité.
Les enquêtes auprès des chefs d'entreprises ainsi que les données de production industrielle anticipent une croissance pour ainsi dire nulle pour le second trimestre 2014.
Ce niveau d'activité envisagé corrobore bien les prévisions de données qu'Eurostat doit annoncer en novembre précisant que l'évolution de la conjoncture de la zone euro n'est pas des plus encourageante.
Même si l'évolution positive des ventes de détail est relativement positive ainsi que la détente des conditions financières et monétaires.
La récession a déjà été annoncée depuis quelques temps avec l'annonce d'une reprise qui s'essouffle et une croissance qui ralentit. Les tensions gouvernementales et les perspectives de demande peu encourageantes plombent la confiance des ménages.
Les études réalisées montrent que l'Europe est en recul
En premier, c'est la consommation des ménages qui fléchit. Et pourtant elle avait bien rebondi au premier trimestre suite à l'augmentation de rentrées supérieures dues à la faiblesse de l'inflation et non à une hausse des salaires ou même de l'emploi. Pour couronner le tout, l'Allemagne qui pouvait être encore moteur, souffre maintenant, c'est sa consommation qui se met à baisser. Les instituts de prévisions économiques allemands ont début octobre, revu à la baisse leur estimation de croissance pour cette année et même pour 2015. Ils ne prévoient que 1,3% au lieu de 1,9 en 2014 et, 1,2% au lieu des 2% pour 2015.
Une autre analyse plus poussée basée sur plusieurs données d'enquêtes établit, que la France montre une activité quasi égale, mais ce qui est plus grave, de profonds signes de contraction de plus en plus prononcés.
L'embellie dont bénéficiaient plusieurs pays d'Europe depuis l'été 2012 semble se réduire comme peau de chagrin.
Et la production industrielle suit la même pente
Depuis août, les signaux virent aux rouges. La production industrielle s'est rétractée à environ moins 2%. L'Allemagne qui avait jusque là évolué au dessus du lot se trouve d'un coup entraînée dans une chute verticale : moins 4%, ce qui efface largement la bonne performance de juillet. Celle-ci est plus touchée que d'autres par la forte répercussion du conflit russo-ukrainien et de l'embargo russe qui en a découlé, y compris par les liens économiques étroits avec les pays d'Europe Centrale. Il est possible toutefois de minimiser un peu ces chiffres assez alarmants, par un calendrier scolaire non favorable au mois d'août par rapport à celui de juillet.
Néanmoins le renversement de courbe et de tendance est bien présent, jusqu'où ira-t-il ?
Heureusement, les ventes de détail continuent de soutenir l'activité
Les ventes de détail constituent un indicateur relativement fiable des dépenses de consommation. Heureusement, à l'inverse de la production, elles arrivent à limiter les risques de baisse de croissance du PIB. Effectivement, elles ont augmenté de plus de 1% en août. Ce qui amènerait le niveau du 3ème trimestre à 0,7% soit 0,4 de plus que celui du 2ème.
Malgré cette petite embellie, la croissance reste très modérée
En octobre les perspectives économiques mondiales préfigurent des risques de récessions dans la zone euro en augmentation par rapport aux mêmes prévisions du Fonds monétaire international de printemps. Elles sont toutefois encore modérées car pour être dénommées mauvaises, il est nécessaire qu'elles soient en recul sur trois trimestres consécutifs, ce qui n'est pas encore le cas. Suivant les données récoltées, il est même envisagé une prévision de croissance très légèrement positive au troisième trimestre.
Les conditions financières et monétaires assouplies ne se sont pas encore répercutées dans l'économie.
La première amélioration provient de la dépréciation de l'euro. Il a perdu 4% en termes effectifs nominaux depuis juin 2014. La seconde, les décisions adoptées par la BCE cet été, opération de refinancement, facilité de dépôt, taux refi proche de zéro, rachat de titre de dettes privées ont assoupli les conditions monétaires et financières. Mais leurs répercussions ne se feront que progressivement et très lentement apparaître dans l'économie réelle. Ce n'est pas étonnant compte tenu du fait d'un processus de désendettement. Effectivement, les ménages et les entreprises qui font le maximum pour réduire leur endettement ne trouvent pas de retombées positives dans l'amélioration des conditions financières et monétaires. Malgré un rythme moindre, la croissance du crédit au secteur privé a encore continué à se replier en août.
Que va-t-il se passer au quatrième trimestre 2014 ?
Les perspectives sur les trois derniers mois n'ont rien d'encourageant. Le rythme de croissance a peu de perspective d'évolutions positives. Et ce n'est pas les sanctions envers la Russie qui vont arranger les choses au quatrième trimestre. Par contre s'il n'est pas envisagé d'amélioration pour la fin de l'année, il est possible d'envisager une accélération très sensible tout au long de l'année 2015. Les retombées de la politique d'assouplissement des conditions financières et monétaires commenceront à faire leur sentir leurs effets en soutenant enfin l'économie réelle.
Par ailleurs, la BCE, en lançant ses programmes de rachats de titres de dette privée va contribuer à se montrer plus accommodante et participer ainsi à l'évolution positive de l'économie.
www.livres-daniel-moinier.com
Sources entre autres, de BNP PB Recherches Economiques (ma banque)