Depuis plusieurs semaines, la bataille bat son plein sur la loi Travail qui doit être présentée aujourd’hui au Conseil des Ministres. Rarement un projet de texte aura suscité autant de polémiques avant même d’avoir vu le jour. La présentation au Conseil des Ministres risque bien de faire monter la température de quelques degrés supplémentaires.
Le patronat fourbit ses armes pour soutenir la loi Travail
Mardi, les organisations patronales ont diffusé un communiqué de presse commun à l’issue d’une réunion tenue à la CGPME et incluant même le MEDEF. S’il se murmure que Pierre Gattaz se tortille beaucoup sur sa chaise à l’idée d’attaquer le gouvernement de front pour ses reculades, il a néanmoins donné son consentement à des propositions communes publiées mercredi.
Face aux mouvements qui descendent aujourd’hui dans la rue pour protester contre la loi, « l’aile droite » du gouvernement a donc préparé sa contre-attaque avec des propositions concrètes pour orienter une évolution du texte. Manifestement, le patronat ne restera pas inactif durant la phase de débat parlementaire.
La négociation chômage comme dommage collatéral
La bataille du Travail s’est subitement propagée sur le terrain du chômage et sur le délicat sujet de l’indemnisation des intermittents du spectacle. Après avoir sursis à ses propositions il y a 15 jours sur le cadrage chiffré de la négociation, le MEDEF a finalement envoyé hier son document aux partenaires sociaux. Il y propose de limiter l’indemnisation des intermittents à 3 euros d’allocation pour un euro de contribution, contre 4,1 euros aujourd’hui.
Il n’en fallait pas plus pour enflammer la CGT Spectacles:
« On était sur un ratio de 8 en 2002, maintenant ils veulent un ratio de 3: c’est totalement inacceptable. On ne peut pas descendre en dessous de 3,9« , a estimé M. Gravouil.
Faut-il y voir un moyen de pression sur les partenaires et sur le gouvernement au début du cycle parlementaire sur la loi Travail? C’est en tout cas le sentiment de la CGT.
La CGC toujours en équilibre instable
Un acteur fait en tout cas les frais du projet de loi et de son débat: la CGC. La présidente Couvert, qui vit ses pénibles dernières semaines à la tête d’une confédération dont elle fait le deuil, continue les prises de position totalement incompréhensibles.
« Nous n’allons pas appeler à la mobilisation du 31 mars qui réclame un retrait du texte. Le texte ne nous satisfait pas, mais nous travaillons plutôt à des amendements », a-t-elle expliqué. La CFE-CGC appellera néanmoins « à un rassemblement, lors du débat parlementaire, à proximité de l’Assemblée nationale », a-t-elle précisé à l’issue d’une réunion avec les fédérations.
« Le point d’équilibre n’a pas encore été trouvé selon nous : il y a encore trop de flexibilité pour les entreprises et pas assez de sécurité pour les salariés », a ajouté Carole Couvert sur BFM Business.
Comprenne qui pourra.
La question religieuse en suspens
L’agitation continue sur l’article 6 du « protocole Badinter » qui prévoit le droit d’exprimer ses convictions religieuses dans l’entreprise. Alors que le gouvernement avait annoncé le retrait du protocole, le projet distribué à la presse mardi montre qu’il serait maintenu comme « guide à la rédaction ». Cette norme mystérieuse et batarde devrait donc contribuer à nourrir la polémique qui commence à gonfler, notamment sous l’influence de Jean-François Coppé.
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog