Chômage : nouveaux chiffres, nouvelle polémique

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Par Arnaud Lacheret Publié le 10 février 2014 à 6h00

C’est un marronnier des journalistes comme des politiques, la fin du mois donne lieu à la publication par pôle emploi des statistiques du chômage et à flot de commentaires de la part de la classe politique dans son ensemble. Comme un ballet bien rodé, la conjoncture est accusée, le gouvernement est accusé, le crise est accusée et, bien sûr, les statistiques sont accusées !

En cette fin décembre, on constate une hausse « anormale » des radiations de chômeurs et bien entendu, tous les médias se ruent vers les syndicats de Pôle Emploi qui en profitent pour dénoncer leurs conditions de travail et la pression du résultats que leur hiérarchie leur impose. On va également voir quelques chômeurs qui se montrent « surpris » d’apprendre qu’ils ont été radiés parce qu’ils n’ont « rien fait pour cela ».

Ce mauvais disque rayé est assez fascinant, on pourrait même écrire les articles à l’avance. Il se trouve que la France connait une longue tradition de défiance vis-à-vis des statistiques chiffrées. Jeune étudiant, on nous apprenait que le quotidien national de référence était « fort en lettres et nul en chiffres » et interprétait très mal les statistiques.

Alors oui, le chômage est en hausse, il n’est pas en baisse et quels que soient les artifices pour le maquiller et les commentaires qu’on fera sur le sujet, la morosité et le défaitisme plomberont notre économie tant que nous nous attacherons à ce point à des statistiques de fin de mois. Je rappelle souvent aux étudiants que la dernière période de baisse durable de chômage et de relative confiance en l’avenir a eu lieu sous le gouvernement socialiste de Lionel Jospin. La plus part du temps, ils me répondent que la politique des 35 heures n’était pas réellement créatrice d’emplois et ils ont raison.

Ils oublient que ce qui a mis en confiance les entrepreneurs à l’époque, ce n’est pas que la baisse – réelle – du chômage mais le ministère de la parole rassurante incarné à l’époque par le Ministre de l’économie et des finances, un certain Dominique Strauss Kahn. Concrètement, DSK n’a pas fait grand-chose mais le ton résolument libéral de ses interventions et son côté « rassurant » pour les investisseurs a pu provoquer une sorte de « choc de confiance ». c’est ce que l’on appelle en économie « l’instinct grégaire des investisseurs ».

Tant que nous resterons dans cette spirale où les chiffres communiqués mensuellement seront scrutés comme une sorte d’oracle, nous ne sortirons pas de la morosité. Le Président de la République, en adoptant une posture très « sociale libérale », semble avoir, sans doute un peu tardivement, pris la mesure de l’importance de la communication à destination de l’économie réelle. Toutefois, nous partons de tellement bas qu’il y a fort à parier que longtemps encore, nous entendrons parler des radiations anormalement élevées, des chiffres faussés, du ralentissement de l’augmentation chaque fin de mois…

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Responsable pédagogique du programme Bachelor, Professeur de droit à l'IDRAC et Attaché auprès du Directeur Général.

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