L'agence a finalement choisi de faire passer de "BB+" à "BBB-" la note du Groupe Casino. Une décision controversée et assumée lors d’une conférence en ligne animée le 21 mars 2016 par Raam Ratnam, “Lead Analyst” chez S&P. De son côté, Casino prend acte de cette décision et garde le cap face aux attaques du fonds d'investissement Muddy Waters, qui mise gros sur la dégringolade du titre. Pour l’instant, les short-sellers en sont pour leurs frais, la valeur de l’action résiste bien (+18% depuis début 2016, alors que le CAC40 est à - 4%).
Un choix qui fait polémique
Depuis 10 ans, Casino mène une politique active d’acquisition d’actifs à haut potentiel et de cession d’actifs matures. Toutefois, les dernières opérations majeures du groupe ne semblent pas avoir influencées S&P. L’agence de notation n’a ainsi toujours pas intégré les perspectives de baisse de la dette suite à la vente de Big C (en Thaïlande) pour un montant de 3,1 milliards d’euros, ainsi que le désengagement du Vietnam pour 1 milliard d’euros. Ces deux opérations ramènent donc à 2,2 milliards la dette nette du groupe. Moins de 0,9 fois l’Ebitda attendu cette année. Des opérations d'envergure jugées malgré tout insuffisantes par Standard and Poor’s dont la décision reste difficile à décrypter.
Le paradoxe brésilien
Standard & Poor’s propose une analyse dont la logique n’est pas forcément simple à suivre.
On aimerait ainsi en savoir plus sur le raisonnement, pour le moins obscur, qui permet à S&P de maintenir la bonne note de GPA, filiale brésilienne de Casino, tout en dégradant celle du Groupe à cause de la “situation économique du pays” !
L’influence de Muddy Waters ?
Le fonds d’investissement a misé très gros sur une baisse durable du cours de l’action Casino, entraînant dans son sillage un nombre important de spéculateurs qui ont à leur tour pris une position courte sur le titre.
Face à cette attaque, Casino a rapidement réagi afin de démontrer la solidité de son modèle, notamment en ce qui concerne sa gestion de la dette. Une réaction qui semble avoir rassurée les marchés, l’action Casino restant stable, toujours au-dessus des 49 euros à ce jour. Une stabilité qui a surement douché les espoirs de Muddy Waters.
Sentant le vent tourner, son patron, Carson Block, a donc choisi de s’attaquer à la méthodologie de S&P, accusant très publiquement l’agence de notation d’opter pour un cadre d’analyse trop favorable à Casino. S&P aurait donc cédé à la pression du hedge fund ?
Le doute est permis. Durant sa conférence du 21 mars dernier, S&P a d’ailleurs assumé plusieurs modifications dans sa méthodologie: l'ajout des TRS dans le calcul de la dette, la comptabilisation des loyers, la refonte des ajustements sur la trésorerie excédentaire, le retraitement de l'impact des activités de crédit à la consommation menées par Casino.
Réagissant à la notre de S&P, Casino rappelle que Fitch Ratings a confirmé sa notation BBB-/Perspective Stable dans une note parue le 8 février dernier. L'agence y a notamment souligné l'amélioration de la structure financière grâce au plan de désendettement en cours.
Autre bonne nouvelle pour Casino, Barclays a maintenu son rating 'pondération en ligne'.
Enfin, notons que le rating de S&P est assorti d’une perspective stable, ce qui ne laisse pas entrevoir une nouvelle dégradation à moyen terme.
De son côté, Carson Block n'est a priori plus "short-seller" sur le titre, mais continue, malgré tout, ses attaques contre Casino. Pour combien de temps ? Réponse dans les prochaines semaines.