Immobilier : pourquoi les Français renoncent-ils au crédit ?

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Par Jacques Daboudet Publié le 11 février 2014 à 5h30

Selon l’Observatoire du Crédit du Logement en 2013, le volume des crédits immobiliers a augmenté de 12,4%. En parallèle de ce phénomène, une étude réalisée par TNS SOFRE révèle que la part des ménages français détenant un crédit, qu'il s'agisse d'un prêt immobilier ou d'un crédit à la consommation, a affiché en 2013 son plus faible niveau depuis près de 25 ans ! Un paradoxe ? Pas tout à fait.

« Selon moi, ce phénomène s’explique par plusieurs grands facteurs. Le premier est évidement celui de la crise économique. Qui dit crise économique dit incertitude sur l’avenir, crainte du chômage, et donc peur de s’engager. D’autant plus que lorsqu’on achète un bien immobilier, on emprunte sur une durée moyenne de 18 ans. Donc l’engagement est fort. Or, avec la crise, les français sont devenus plus hésitants mais surtout plus raisonnés et prudents ».

Les banques ont durcies leurs conditions d'octroi de prêt

« La deuxième raison, qui est pour moi la principale cause de désaffection de l’emprunt, c’est la politique de distribution des banques qui s’est vue complétement remise en question, il y a trois ans, avec la mise en place de Bâle III. Ce dispositif oblige, entre autre aujourd’hui les établissements bancaires à disposer d’une proportion de fonds propres beaucoup plus importante que par le passé, pour assurer la distribution de crédits.

Cette réglementation, qui devait s’étaler jusqu’en 2018, pour laisser le temps aux établissements bancaires de se mettre en conformité, a été suite à la crise des Subprimes, brutalement ramenée au 1er janvier 2013, ce qui a contraint les banques à revoir rapidement leur politique de risque.

La conséquence a été directe, puisque les établissements bancaires ont redéfinis les conditions et les critères d’octroi des crédits : justifier d’un apport personnel supérieur, limiter la durée des prêts à 25 ans et non plus 30 ans voire 35 ans. Il y a également eu moins de tolérance par rapport au taux d’endettement. Ce phénomène a mécaniquement évincé une grande partie de la population à l’accès au crédit et par conséquent à l’accès au logement. L’exemple flagrant, est celui des primo-accédant qui avaient tendance hier à emprunter sur 100 %, voire 110 % (frais de notaire inclus). Aujourd’hui, ce n’est quasiment plus possible ».

Remise en cause des dispositifs d’aide et d’incitation

« Troisième facteur : l’absence de soutien public et deux années de remise en cause des dispositifs d’aide et d’incitation à l’investissement, avec notamment la suppression du PTZ dans l’ancien. Or, il faut rappeler que 90 % des transactions se font aujourd’hui dans l’ancien. Cette mesure a ainsi évincé une catégorie de la population française à l’accès au logement. Certes, cela a sans doute permis à l’Etat de faire des économies de quelques milliards d’euros. En attendant cela a eu de graves répercussions sur la distribution du logement en France et donc sur la distribution de crédit.

Ce problème de stabilité des mesures gouvernementales et ces changements consécutifs de politiques du logement, ont eu pour principale conséquence d’augmenter le phénomène d’attentisme. Les français attendent aujourd’hui de voir si les prochaines mesures seront plus favorables à l’investissement dans l’immobilier. Et tant qu’il n’y aura pas d’incitation du gouvernement pour relancer le marché, ce phénomène perdurera. Voilà pourquoi l’Etat devra probablement, d’ici 2015 voire 2016, déployer de nouvelles mesures de soutien à l’investissement immobilier. En espérant toutefois que celles-ci soient enfin stables… ».

Une santé économique environnementale qui doit être rassurante

« Et puis bien évidemment il y a la question de la défiance des français à l’égard du crédit. Aujourd’hui un français qui a besoin de se loger a deux option : soit être locataire, soit acheter. S’il se lance dans un projet d’acquisition, il faut évidemment qu’il ait les moyens d’emprunter et surtout d’assurer le remboursement de sa dette. Avant de contracter un emprunt, il est donc tout à fait normal qu’il vérifie si la santé économique environnementale (autour de lui) est rassurante ou pas.

Or, on l’a vu, le contexte économique a mis beaucoup de français dans une situation délicate. On parle de chômage, de récession, de baisse du pouvoir d’achat… Forcément cela créé des freins psychologiques importants, et n’était pas favorable à l’investissement.

Mais si demain la relance économique est confirmée, les français seront rassurés et reprendront confiance. Et à partir du moment où on est rassuré, on est prêt à se lancer dans de nouveaux projets…».

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Jacques Daboudet est PDG de CAPIFRANCE depuis décembre 2011. Professionnel reconnu de l’immobilier depuis 25 ans, Jacques Daboudet s’est forgé une carrière très complète de développement d’activités, de gestion d’équipe et d’animations de réseaux dans l’immobilier neuf et ancien, le courtage et le crédit immobilier. Son profil de manager à la Banque Populaire et ses fonctions de directeur commercial associé chez meilleurtaux.com de 2003 à 2008, puis de directeur des réseaux partenaires au Crédit Foncier de France, lui ont permis d’acquérir une connaissance fine du marché, des produits immobiliers, des canaux de distribution et des outils marketing.

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