Le deuxième tiers du mois de juillet touche à sa fin et la tonalité sur les marchés est favorable. Les indices actions sont à la hausse (plus de 2,5% pour l’Euro Stoxx 50 et plus de 3,5% pour le S&P 500), sur fond de taux longs plutôt stables et de dollar, peut-être agité, mais sans tendance marquée.
D’accord, l’Administration Trump a davantage été occupée en matière de relations internationales par la diplomatie (OTAN et Russie) que par la politique commerciale. Il n’y a pas eu de nouvelles annonces d’augmentation de droits de douane ! Faut-il pour autant considérer que tout ce qui s’est passé jusqu’à maintenant ne tient que du « coup de canif » sans importance, donné à une logique du libre-échange solidement en place, et que cela n’ira pas plus loin ? Dans ce cas, les investisseurs n’auraient qu’à se concentrer sur un environnement économique (macro et micro) toujours porteur et en tirer les conséquences qui s’imposent en matière de choix de portefeuille. L’ambiance reste risk-on !
Bien sûr, on ne sait pas ce que les nouvelles initiatives de la Maison Blanche pourront être. Mais de nouvelles mesures de durcissement de la politique commerciale américaine sont à craindre. Quel que soit le constat d’une situation économique jugée aujourd’hui favorable, elles doivent être intégrées à la décision en termes de prise de risque. En la matière, un certain nombre de signaux appellent à la vigilance.
Commençons par la perception de la croissance. Il apparaît que les économies les plus ouvertes font preuve de plus de prudence en matière de perspectives.
Passons à la politique économique et regardons du côté de la Chine. Peut-être que le gouvernement, tout à sa volonté en fin d’année dernière de mettre le cap sur les réformes de structure, n’avait pas accordé assez d’attention aux changements dans l’environnement commercial international. A ce titre, et dans le but de lutter contre un endettement excessif, le réglage monétaire avait été resserré. Face aux risques sur la croissance générés par la politique américaine, la détente paraît être engagée. Ainsi, la banque centrale pilote les taux interbancaires afin qu’ils soient positionnés au bas de leur corridor. En plus d’une gestion « généreuse » de la liquidité, les autorités monétaires pointent une baisse des coûts de financement pour les PMEs et la nécessité de soutenir le marché du Credit.
Regardons aussi la réaction de compartiments du marché directement concernés par les initiatives de l’Administration Trump. L’inquiétude est visible, tant pour le secteur automobile au sein de l’indice Euro Stoxx 600 que pour le sous-ensemble du MSCI Monde formé des sociétés ayant une exposition à la Chine.
On en est là et tous ces signaux envoient un message de nécessaire vigilance sur la « suite des évènements ». Evidemment, le futur n’est jamais écrit ! Cela ne doit pas empêcher d’essayer de le penser. Le FMI s’y est employé récemment dans sa dernière note « G20 Surveillance » publié un peu en amont de la réunion des ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales des pays concernés. Celle-ci se tiendra le weekend prochain à Buenos Aires. Quatre scenarii sont proposés, tous centrés sur la politique commerciale américaine :
- Scénario 1 : les choses restent en l’état ;
- Scénario 2 (en plus du scénario 1) : les États-Unis ajoutent une surtaxe de 10% sur 200 milliards de dollars d’importations chinoises et la Chine prend des mesures de rétorsion de même ampleur ;
- Scénario 3 (en plus des scénarios 1 et 2) : Les États-Unis décident une augmentation de 25% des droits de douane sur les importations de voitures ; des mesures de rétorsion de même ampleur sont prises par les pays concernés ;
- Scénario 4 : un choc de confiance se surajoute à l’impact direct des mesures décrites dans le scénario 3.
Les conclusions du FMI sont les suivantes :
- Les effets sur la croissance mondiale vont crescendo sans surprise d’un scénario à l’autre. Dans le scénario 4, celle-ci serait réduite de 0,4 point la première année et encore de 0,5 point la suivante.
- L’économie américaine serait la plus affectée, au titre de ses mesures protectionnistes tous azimuts.
- Les autres grandes régions du monde le seraient moins, du fait d’une réallocation et d’une intensification des échanges entre elles.
Le pire n’est jamais certain, mais il faut savoir s’y préparer. C’est ce que font les Chinois et sans doute ont-ils raison. Un exemple à suivre ailleurs dans le monde ?