On dit notre Premier Ministre Manuel Valls proche et même ami de Stéphane Fouks. Depuis le fiasco de la « confession » télévisée de Cahuzac, Havas World (ex-Euro RSCG) ne travaille plus officiellement pour des politiques. Il est cependant impensable que Stéphane Fouks, son patron ne conseille pas encore son ami à titre gracieux. Si tel est le cas, comment a-t-il pu laisser passer la couverture de « L'OBS » du 23 octobre ?
On se souvient du regard de Manuel Valls lorsqu'il commenta devant les chaînes de télévision la défaite des socialistes au soir des dernières municipales. Ses yeux étaient comme deux pierres polies reflétant les lumières des projecteurs braqués sur lui. Ils ne cillaient pas. Tétanisé par l'échec, l'homme s'était transformé en humanoïde. Nous n'avions plus de premier ministre. Manuel Valls est à nouveau dans cet état. Cette fois-ci, c'est à cause des frondeurs du PS, auxquels Martine Aubry vient d'apporter sa caution. Il leur répond dans ce numéro de « L'OBS ». Ce sont des passéistes, dit-il, qui se trompent de combat.
Sur la couverture de « L'OBS », ses deux pierres polies reflètent deux sources de lumières. Peut-être un coin de fenêtre à sa gauche, et un écran allumé à sa droite. Pour le reste, ses yeux sont morts à faire peur.
L'homme a un projet en tête : fédérer la droite et la gauche autour du centre, et gouverner avec elles contre les extrêmes. Mais Manuel Valls ne l'expose pas aux français. C'est un chef. S'ouvrir aux autres et leur exposer son projet lui fait peur. Il préfère se fermer et le leur imposer par des actions sporadiques qui laissent deviner son projet. Au milieu de son visage de pierre, ses yeux de pierre ne voient pas. « L'OBS » nous le montre en gros plan sur sa couverture, mais c'est son visage habituel quand il parle en public en tant que Premier Ministre. De loin, son regard semble simplement vide.
Manuel Valls est le contraire d'un leader. Il se ferme et impose en chef. Le leader s'ouvre et expose, ce qui lui permet de ne pas descendre dans l'action sporadique, et d'emmener son public ailleurs.
La seule question qui vaille concernant notre Premier Ministre est la suivante : s'il décidait de regarder les publics et les objectifs de caméra avec intérêt, ce qu'il ne fait jamais, changerait-il ? La réponse pour moi ne fait aucun doute. Dans la vie publique, tout homme peut décider de ses sentiments. Les comédiens le prouvent sur scène tous les soirs. Manuel Valls changerait.