Pourquoi les solutions à la crise de l’euro n’en sont pas ?

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Par Aloïs Navarro Publié le 1 août 2014 à 2h07

Il est assez généralement admis que la zone euro n'est pas une « zone monétaire optimale », c'est-à-dire qu'elle ne répond pas aux conditions énoncées notamment par R.Mundell. Ce dernier, pourtant partisan de l'Union Economique Monétaire, montrent qu'une ZMO (zone monétaire optimale) nécessite que les chocs asymétriques (un pays en crise ...) soient compensés notamment par des transferts budgétaires, une fluidité du marché du travail (mobilité des facteurs de production) permettant une circulation des travailleurs...

L'une des solutions souvent évoquée est le recours à des transferts budgétaires, par un fédéralisme budgétaire. En clair, les Etats en bonne santé financeraient les Etats en mauvaise situation.
Cependant, ce fédéralisme (en dehors de son irréalisme politique), a un coût. P.Artus le chiffre à 12,7% et J.Sapir à 8% du PIB , l'essentiel étant assuré par l'Allemagne (en clair, il faudrait augmenter la pression fiscale en Allemagne de 8 à 12 points pour subventionner les pays du Sud !).

Ceci est souvent avancé comme une solution par les économistes ayant des œillères idéologiques et qui ne s'aperçoivent pas de l'inexistence de peuple européen, de l'absence de vivre ensemble et d'affectio societatis. Ceci fut d'ailleurs rappelé par le Tribunal Constitutionnel de Karlsruhe dans un arrêt du 30 juin 2009 : « Il n'existe pas de « peuple européen » souverain, par conséquent la souveraineté primordiale demeure aux mains des peuples » .

Qui peut sérieusement penser que Merkel (ou son jumeau du SPD) accepterait de tels sacrifices, qu'elle a réalisés pour l'Allemagne de l'Est, mais dont le montant était bien moins élevé ?

Peut-on faire baisser l'euro ?

Une autre solution proposée serait de faire baisser l'euro. Outre le fait qu'elle ne rétablirait que peu la santé économique et la balance extérieure de certains pays (comme l'Italie ,) il faudrait :

- Inverser les flux de capitaux entrants et sortants dans la zone euro : en clair, que les investisseurs non-résidents en zone euro vendent les actifs qu'ils détiennent en euro pour les investir hors zone euro. Or, c'est l'inverse qui se passe.
Ce serait en outre contradictoire avec la volonté de diminuer les taux d'intérêt payés par l'Espagne, l'Italie, la Grèce (etc...) sur leur dette publique. En effet, si le flux s'inverse, c'est-à-dire s'il y a plus de sorties que d'entrées, les taux d'intérêt sur la dette publique augmenteront.

- L'excédent extérieur de la zone euro est trop fort pour que l'euro se déprécie. Il faudrait le baisser drastiquement pour que le taux de change varie à la baisse durablement.

- La BCE n'a pas d'instrument suffisant pour le faire (baisser les taux directeurs jouerait à la marge, et l'effet du quantitative easing (assouplissement quantitatif : en clair, la banque centrale inonde le marché de liquidité et rachète des titres) est impossible à prévoir : il peut inciter les investisseurs étrangers à acheter davantage d'actifs et donc à faire monter l'euro, comme on l'a vu au Royaume-Uni et aux Etats-Unis).

- racheter une quantité énorme de dollars, ce qui est politiquement impensable.

En clair : il est impossible de faire baisser durablement l'euro, au grand dam de nos dirigeants politiques, qui, depuis 2007 pestent contre l'euro fort pour éviter de parler des vrais sujets qui fâchent.

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Aloïs Navarro est étudiant en Master de Droit et d'Economie, passionné par les questions monétaires et notamment l'euro. Il est également trésorier du collectif Marianne.

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