Candidate désormais officiellement en campagne, Marine Le Pen a présenté ce week-end ses 144 engagements présidentiels.
Relevant un programme protectionniste et dangereux pour la France, GenerationLibre publie les résultats ajustés de son baromètre, qui juge le degré de libéralisme des programmes des différents candidats.
Un « modèle patriote » anti-concurrentiel
« Patriotisme », « ré-industrialisation », « Etat-stratège »... Les propositions de Marine Le Pen en faveur de l'emploi prônent un virage protectionniste assumé. Priorité nationale à l'emploi des Français, suppression de la directive sur les « travailleurs détachés » sur notre territoire, protection des secteurs dits « stratégiques », encadrement des rachats par des sociétés étrangères...
C'est une société fermée et planifiée que défend pour 2017 le FN. Un programme irrespectueux du principe de libre circulation qui vaut à Marine Le Pen la dernière place de notre baromètre avec 19% de son programme jugé libéral (i.e. grâce aux catégories « Numérique » et « Indépendants »).
Le « protectionnisme intelligent » : une analyse biaisée
Dans un rapport signé Emmanuel Combe, Professeur de sciences économiques à Paris 1 et à l'ESCP, et Jean-Louis Mucchielli, Professeur des universités et agrégé es sciences économiques, GenerationLibre déconstruit les arguments économiques du « protectionnisme intelligent » défendu par le Front National.
Nous contestons le constat à la base du raisonnement protectionniste du FN. Les pays à bas coût ne sont PAS la cause de notre déficit commercial. A titre d'exemple : en 2013, le déficit bilatéral de la France avec l'Allemagne et la Belgique réunies était supérieur à celui avec la Chine. Les délocalisations ne représentent, par ailleurs, que 10% des destructions d'emplois totales.
L'illusion des bienfaits du protectionnisme
Nous contestons, par ailleurs, les soit-disant bienfaits du protectionnisme et rappelons à Marine Le Pen le principe économique défendu par Frédéric Bastiat au XIXe siècle : il y a « ce que l'on voit » et « ce que l'on ne voit pas ».
- Les mesures protectionnistes ont un coût. A titre d'exemple, les 1 200 emplois de l'industrie du pneu sauvés par Obama en 2009 ont représenté un coût par emploi de 900 000 dollars. Selon les auteurs du rapport, « le fait de passer à du Made in France conduirait à un surcoût annuel par ménage compris entre 1270 et 3620 euros, soit 6 à 18% du revenu médian des ménages français ».
- Les emplois sauvés dans une industrie sont détruits ailleurs. A titre d'exemple, les mesures prises aux Etats-Unis pour limiter l'importation d'acier ont sauvé 3 500 emplois chez les producteurs et détruit entre 12 000 et 40 000 emplois chez les entreprises utilisatrices d'acier.
- Il est illusoire de penser que nos partenaires commerciaux ne réagiront pas à une politique de retour des barrières protectionnistes. Rappelons la procédure « anti-dumping » lancée par la Chine en 2013 à l’encontre des vins européens… Sans oublier que la mise en place de quotas d’importation s’accompagnera sans doute d’une hausse de prix pour le consommateur.