Fusion Nokia/Alcatel-Lucent : l’aveugle et le paralytique ?

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Par Tristan Boyer Publié le 17 avril 2015 à 5h00
Nokia Alcatel Fusion Emplois Sauvegarde
@shutter - © Economie Matin
15,6 milliards ?L'offre de fusion a valorisé Alcatel à 15,6 milliards d'euros.

La raison qui est donnée pour justifier la fusion d’entreprises concurrentes est toujours assez simple: atteindre une taille permettant de faire des économies d’échelle (on dit aussi "créer des synergies").

L’argument n’a pas beaucoup de sens tant il a souvent été démontré que les grandes organisations génèrent plus de coûts bureaucratiques qu’elles n’en absorbent. Croire que les dirigeants d’Alcatel-Lucent ou ceux de Nokia l’ignorent serait les prendre pour des incompétents qu’ils ne sont pas: les dirigeants de Nokia ont maintes fois prouvé qu’ils savaient trancher dans le vif de l’entreprise pour "se focaliser sur leur cœur de métier".

L'opportunisme comme seule raison

La raison de cette fusion est, comme souvent dans le monde des affaires, une histoire d’opportunité. Alcatel, dont l’absence de vision stratégique l’a conduit à l’anorexie, et Nokia, immobilisé par la vente à Microsoft de son moteur, ont besoin de trouver les moyens de leur survie. "Je marcherai pour vous, vous y verrez pour moi" dit l'aveugle au paralytique de la fable.

Même pathétique, cette vision de la fusion Nokia/Alcatel-Lucent est sans doute trop optimiste : Nokia s’achète les parts de marché qu’il n’a pas dans son activité réseaux mobile (Orange et les USA) et récupère, ce que M. Combes considère comme sa victoire dans la négociation, les divisions IP et fibre dont Nokia n’a que faire…

Les employé de Nokia sont les didons de la farce

Pendant ce temps M. Macron fait des promesses qui ne l’engagent pas et qu’il ne pourra guère tenir quant à la sauvegarde de l’emploi. En Finlande comme en France, les promesses n’engagent que ceux qui y croient et les employés de l’entité fusionnée autant que les actionnaires de Nokia en feront les frais. Seuls les actionnaires d’Alcatel-Lucent s’en tireront avec une petite plus-value sur leurs titres qui ne valaient déjà plus grand chose.

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Tristan Boyer est Professeur à l’IPAG Business School. Il enseigne la Corporate Governance et a travaillé comme expert en organisation lors d’opérations de fusion-acquisition et de restructuration.

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