Les entreprises françaises vont pouvoir développer de nouvelles ambitions sur le continent Nord-Américain. L’accord de libre-échanges entre l’Union européenne et le Canada leur ouvre de nouvelles perspectives de croissance en attendant un prochain accord crucial avec les Etats-Unis.
Les droits de douanes vont ainsi disparaître sur 99 % des biens échangés entre ces deux régions du monde. L’heureuse conclusion de quatre années de discussions acharnées, qui représente selon le Président de la Commission européenne, Manuel Barroso, une "référence" pour les négociations du même type actuellement engagées avec les Etats-Unis.
Un compromis arraché de haute lutte
C'est la première fois que l'Europe signe un tel accord avec un pays industrialisé, membre du G8. Seuls quelques produits agricoles font exceptions, ou sont contingentés, au terme de tractations qui ont achoppé sur certains produits sensibles comme les médicaments génériques, les services financiers, les appels d’offres publics, ou les questions agricoles sensibles pour le Canada, comme pour certains Etats européens, à commencer par la France.
Pour décanter la situation, Ottawa a accepté de doubler les quantités de fromages européens importées sans taxes aux frontières, en échange d'une plus large ouverture du marché européen à la viande de boeuf de ses producteurs. Un compromis qui n’a pas manqué de susciter de vives polémiques des deux côtés de l'Atlantique, les responsables agricoles canadiens et européens se retrouvant sur une ligne commune pour juger inacceptable cette ouverture.
Les marchés publics enfin accessibles
Si l'accord prévoit notamment une très large libéralisation des services, sauf dans certains secteurs comme la santé, l'éducation, ou l'audiovisuel, ce qui retient l’attention des observateurs c’est l’acceptation par les provinces canadiennes d’ouvrir enfin leurs appels d’offres publics aux fournisseurs européens comme Alstom, Siemens, ou EADS. Un principe de réciprocité, défendu par les négociateurs européens, qui ne fait que rétablir l’équilibre dans la mesure où les marchés publics européens sont ouverts depuis longtemps aux groupes canadiens, en particulier dans le domaine des transports avec Bombardier.
La perspectives de belles opportunités pour les entreprises françaises, quand on sait que les secteurs les plus porteurs au Canada, relèvent de domaines d’activité où les entreprises françaises possèdent de solides atouts et une excellente réputation internationale, comme l’ingénierie, l’électricité, les banques et assurances, l’hôtellerie et la restauration, mais aussi l’industrie minière en pleine essor dans les provinces de l’Alberta et du Saskatchewan. Nicole Bricq, la ministre française du commerce extérieur, n’a d’ailleurs pas manqué de souligner que le compromis trouvé pourrait être "bénéfique" pour nos entreprises.
Il est vrai que cet accord devrait doper les échanges - 86 milliards d'euros à ce jour - de quelque 25 % après son entrée en vigueur prévue en 2015, et les marges de progression existent. Si l'Union européenne est le deuxième partenaire du Canada, ce dernier ne pointe qu'au douzième rang dans le commerce des Vingt-Huit.
Les français y sont les bienvenus
Terre de croissance et d’investissement, le Canada avec un taux de chômage de 7 % (4,5 % dans les villes à forte croissance comme Québec ou Vancouver) est en recherche permanente de nouveaux profils, et la France est l’un de ses premiers pourvoyeurs de migrants. Le gouvernement canadien multiplie d’ailleurs les initiatives pour faciliter les démarches pour entrer dans le pays comme pour y développer une entreprise. Le Canada est en effet une bonne porte d’entrée sur le continent Nord-Américain pour tous les porteurs de projets. Les démarches pour créer son entreprise sont extrêmement simples, et les autorités laissent beaucoup de liberté dans la définition des activités. Enfin les cotisations sociales sont moins importantes qu’aux Etats-Unis (de l’ordre de 12 % contre 20 à 30 %), de quoi faire rêver tout entrepreneur français.