En Allemagne, l’accord de gouvernement signé entre la CDU et le SPD refuse la création d’une assurance maladie universelle. En revanche, les cotisations sociales payées par les employeurs devraient augmenter pour financer les difficultés d’accès aux soins.
L’Allemagne est toujours sans gouvernement à ce jour, mais une issue est possible: un accord entre le SPD et la CDU d’Angela Merkel pourrait permettre de débloquer la situation. Le contenu de cet accord de près d’une trentaine de pages mérite quelques remarques.
L’Allemagne en plein excédent budgétaire
Petit rappel: l’Allemagne se gorge d’excédents budgétaires qui paraissent quasi-utopiques en France. Pour 2017, cet excédent devrait frôler les 40 milliards d'euros, soit plus de 1% du PIB. Malgré cette impressionnante prospérité, l’accord de gouvernement prévoit le maintien de la règle d’or, qui exclut tout déficit public structurel.
L’accord de gouvernement confirme cette stratégie. Il prévoit en outre des baisses d’impôts pour les classes moyennes et supérieures.
L’Allemagne refuse une assurance maladie universelle
Le SPD avait proposé la mise en place d’une assurance maladie universelle sur le modèle inventé par la France (et approfondi par Marisol Touraine) sous la forme d’une « assurance-maladie citoyenne ». L’accord de gouvernement écarte cette perspective. L’Allemagne continuera donc à bénéficier d’une sécurité sociale contributive (ou bismarckienne, c’est-à-dire réservée aux seuls cotisants) accessible à partir de 450€ de revenus mensuels environ, et excluant les plus hauts revenus. Cette sécurité sociale, qui repose sur le principe de concurrence entre les caisses primaires, reste fondée sur la cotisation et ne devient pas un système solidaire.
Hausse des cotisations sociales payées par les employeurs
Angela Merkel a toutefois concédé une mesure à caractère social au SPD: les cotisations employeurs, fixées à moins de 20%, devraient augmenter pour financer une partie de l’accès aux soins. Il reste à voir quelles sera la part de cet effort.
On se souvient ici que l’Allemagne a creuse le différentiel de compétitivité avec la France en baissant ses cotisations patronales à l’occasion des lois Hartz.
Le flou sur la réforme de l’euro
Concernant les propositions formulées par Emmanuel Macron sur l’avenir de l’Europe, l’accord de gouvernement se contente de prévoir une réforme de la zone euro sans indiquer clairement en quoi elle consistera.
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog