Tantôt appelée « célibattante » ou « vieille fille », certaines femmes choisissent de ne pas se mettre en couple pour se conformer aux diktats de la société. La sphère familiale, l’entourage amical ou professionnel ont parfois du mal à comprendre ce schéma de vie. Les stéréotypes archaïques - consistant à considérer que la vie de couple est un aboutissement ou un épanouissement - sont toujours présents. Certains s’inquiètent pour leurs proches célibataires, quand d’autres portent un regard négatif : le célibat est parfois considéré comme synonyme d’ennui ou de vie de débauche.
Une femme diplômée est une femme plus libre
Avoir un homme dans sa vie n’est plus une nécessité. D’ailleurs, les études prouvent que le nombre de célibataires ne cesse d’augmenter. D’après l’INSEE, 33,2% des femmes de plus de 15 ans étaient célibataires en 2006 contre 35,4% fin 2015. En 1975, seules 6% des femmes l’étaient. Si ce phénomène progresse, peut-on en conclure qu’être en couple n’est pas le modèle idéal ou que la société a permis aux femmes de choisir leur vie ? Il y a plusieurs décennies, les femmes ne pouvaient se permettre le luxe de vivre seule. Entre une vie de célibataire ou de divorcée et être une femme au foyer entretenue par un mari que l’on aime plus, le choix était limité. L’indépendance financière et professionnelle a offert aux femmes la possibilité de se mettre en couple plus tard…ou pas. Les femmes les plus diplômées sont d’ailleurs les plus concernées par le célibat.
L’épanouissement par le célibat
Alors que la femme est conditionnée depuis la tendre enfance à rêver d’épouser le « prince charmant », l’émancipation de la femme a été marqué au XXème siècle par le droit de vote, la loi sur l’IVG, le travail des femmes ou encore la révolution sexuelle. L’indépendance au quotidien est-elle la dernière étape pour être vraiment épanouie ?
Les femmes mettent de plus en plus de temps avant de se marier : 26,8 ans en 1994 contre 30,6 en 2014 d’après l’INSEE. En parallèle, force est de constater que le nombre de mariages qui durent sont de plus en plus rares. En France, on dénombre 334 divorces chaque jour et 121 849 divorces par an (2013). Dans 3 cas sur 4, ce sont les femmes qui en font la demande.
Une étude réalisée en 2014 par le sociologue Eric Klinenberg de l’université de New York met en lumière que les personnes ayant connu un échec marital sont plus malheureuses que celles qui ont toujours été célibataires.
Il y a quelques mois, Emma Morano, la plus vieille femme d’Europe, originaire d’Italie, âgée de 115 ans et 3 mois, a dévoilé son secret de vie éternelle au New York Times : rester célibataire et manger beaucoup d’oeufs crus !
Une vie quotidienne mal adaptée …sauf pour « consommer » des partenaires
Malgré ces études, la société peine à s’adapter aux évolutions. En effet, une célibataire a plus de mal à accéder au même confort qu’une personne en couple. Obtenir un prêt immobilier, partir en vacances ou s’alimenter à moindre frais sont des objectifs compliqués à atteindre, voire inaccessibles pour celles qui choisissent de vivre seules. Les marques de la grande consommation proposent régulièrement des offres promotionnelles pour les « duos » ou les « familles » mais en terme de marketing, cibler un seul consommateur n’est pas jugé comme rentable. Aucune étude ne s’est intéressée à comparer le pouvoir d’achat d’une célibataire et d’une femme en couple, tous types de budgets confondus (loyer, factures, alimentation, loisir). Que pourrait-il en ressortir ?
En revanche, les sites de rencontres ont compris qu’un marché intéressant était à saisir. Adopteunmec.com, tinder, Meetic et consort se sont positionnées dans les pays occidentaux où le capitalisme et la sur-consommation sont rois. Désormais, le/la célibataire est un consommateur comme un autre et le prix proposé est l’amour, en tout simplicité. Le « match » et « l’ajout au panier » sont les outils marketing fabriqués pour encore une fois pousser la/le célibataire à former un couple même si cela est éphémère.
Au final, partout, tout le temps et sous différents formats, le couple est la priorité, comme si ce schéma était le seul qui soit bon d’embrasser.