Economie : la reprise de la zone euro reste fragile

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Par Nick Sheridan Publié le 24 février 2014 à 5h30

Quel regard portez-vous sur l’évolution de la zone Euro ?

Depuis quelques années, l’Europe et la zone Euro ont bien progressé. L’Espagne et l’Italie ont saisi le taureau par les cornes et mis en place des reformes destinées à stabiliser leurs économies et à restaurer la confiance. Toutefois, la reprise de la zone Euro reste fragile.

Les profits réalisés par le marché des actions en 2013 ont principalement découlé du discours de Mario Draghi, et sa fameuse déclaration « The ECB is ready to do whatever it takes to preserve the Euro ». L’amélioration du sentiment s’explique également par des perspectives de croissance peu réalistes, des liquidités faciles et la recherche de rendement dans un marché de taux d’intérêts historiquement bas.

Quels pourraient-être les facteurs de croissance pour 2014 ?

La question est beaucoup plus complexe qu’il n’y parait à première vue. La BCE détient en partie les clés de la croissance. Il semble que les banques centrales ont été accommodantes durant la crise. Cependant, les chiffres montrent que la Réserve Fédérale américaine, la Banque Centrale de Chine et même la BCE (début 2013) ont freiné les flux de liquidités. Il semble que cette dernière s’inquiète du risque de déflation, ce qui est encourageant. La BCE a abaissé ses taux d’intérêts à un niveau historiquement bas de 0.25 % suite à la chute de l’Indice des prix à la consommation au cours du mois d’octobre. L’inflation de la zone Euro a de nouveau atteint son niveau bas de janvier 2010, à 0.7 %.

En l’état actuel, nous devrions assister en 2014 à la mise en place de nouvelles mesures stimulantes pour l’économie, sous une forme ou une autre (nouvel LTRO), alors que les Etats-Unis et la Chine continuent de réduire leur flux de liquidités. Ceci pourrait entraîner un renversement de la tendance enregistrée récemment, à savoir l’appréciation de l’Euro.

Peter Praet, membre du directoire de la BCE en charge de présenter les débats économiques, a clairement indiqué que la banque centrale prendrait toutes les mesures nécessaires à l’accomplissement de son mandat. Il est possible que la BCE attende l’annonce des résultats des élections en Allemagne avant d’envisager l’injection de nouvelles liquidités dans la zone Euro. Le problème pour l’Allemagne est que le soutien de la croissance économique allemande par l’union monétaire européenne s’est fait au détriment des pays les plus fragiles de la zone Euro. Il est donc fort probable que toute nouvelle mesure que la BCE pourrait mettre en place à ce stade pour soutenir les pays périphériques s’effectuera aux dépens de l’Allemagne et de ses épargnants. La zone Euro reste toutefois le principal partenaire commercial de l’Allemagne et toute croissance de la demande en provenance des pays de la zone Euro ne pourrait qu’être bénéfique à la première économie de la région.


La supervision centrale des banques de la zone Euro est-elle une bonne idée ?

Au cours des dernières semaines, la BCE a présenté la façon dont elle envisage de surveiller les principaux prêteurs de la zone Euro en 2014, afin de faire apparaître les risques potentiels avant d’assumer son rôle de superviseur bancaire unique.

La supervision centrale est une bonne chose à long-terme, elle permettra en effet d’empêcher, ou tout au moins d’atténuer, les futures crises financières. A court-terme cependant, nous devrions assister à une hausse du capital tampon minimum requis, ce qui pourrait conduire de nombreuses banques à lever des capitaux. Même dans le cas contraire, le nombre de prêts disponibles sera réduit ce qui créera des contraintes économiques plus importantes.

L’Allemagne est-elle un modèle de discipline pour la zone euro ?

Il était important que la Grèce soit sanctionnée et tire les leçons après avoir enfreint les règles. Il est toutefois difficile de d’entrevoir en quoi les mesures d'austérité ont été bénéfiques.

La déflation en Europe du sud annule tous les gains potentiels issus de la réduction des dépenses de l'Union monétaire européenne. Le niveau de la dette de la Grèce et de l'Italie continue de progresser malgré les mesures d'austérité donc, plutôt que de renforcer la discipline, il est temps de relâcher les cordons de la bourse et de relancer un peu la croissance économique de la région avant que les signes de reprise apparus cette année ne disparaissent.

Quelle approche adopter dans un environnement de faible croissance ?

Notre processus d’investissement reste dans l’ensemble inchangé et nous continuons de trouver de bonnes opportunités d’investissement. Au cours des deux dernières années nous avons mis l’accent sur l’identification de sociétés sous-valorisées mais ayant fait leurs preuves et prometteuses de bons résultats quelle que soit la situation macro-économique. Bien qu’il soit facile de qualifier la stratégie du fonds comme ayant un biais « value », nous avons pour objectif de détenir des titres à la fois dits « value » et « croissance ».

Le contexte actuel de faible inflation et de croissance mitigée témoigne des contraintes budgétaires mises en place au cours des dernières années. Il faut du temps pour que l’ajustement des dépenses se fasse ressentir sur l’économie réelle. La croissance commence à se faire sentir en Europe et les investisseurs commencent à se détourner des sociétés de « croissance de qualité » au profit de sociétés disposant de bonnes perspectives de croissance des bénéfices. La poursuite de cette tendance entrainera une diminution de la prime liée à la croissance. Il n’est donc pas surprenant que notre fonds se tourne majoritairement vers des titres de style « value ».

Le niveau de rendement réel généré dépend du prix payé initialement pour le titre. Ainsi, acheter des actions lorsqu’elles sont bon marché permet d’augmenter ses chances de bénéficier de meilleurs rendements. Le ratio PER cycliquement ajusté est l’une des meilleures mesures de valeur des titres et donc de futurs rendements potentiels. Les valorisations des titres de la zone Euro continuent d’être attractives, en absolu et en relatif par rapport aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.

Enfin, d’un point de vue sectoriel, nous sommes surpondérés au vaste secteur industriel, nos positions sont réparties entre des entreprises en cours de restructuration, réduisant leurs coûts et améliorant leur allocation de capital (comme l’entreprise de génie civil espagnole Grupo ACS – Actividades de Construcción y Servicios) et des entreprises qui disposent de valorisations attractives, de liquidités importantes ou offrant des revenus garantis (comme l’entreprise transport postal Deutsche Post).

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Nick Sheridan a rejoint Henderson en 2009 suite à l'acquisition de New Star. Il possède plus de 25 ans d'expérience dans la gestion de fonds actions. Il gère le Henderson Horizon Euroland Fund. A propos de Henderson Global InvestorsFondé en 1934, Henderson Global Investors est un des acteurs majeurs de la gestion d'actifs en Europe et offre une large gamme de produits d'investissement et de services à ses clients institutionnels en Asie, Europe et aux Etats-Unis. Gestionnaire d'actifs indépendant et coté sur les bourses de Sydney et de Londres, Henderson gère environ 84.7 milliards d'Euros d'encours au 30 septembre 2013 et emploie plus de 1000 collaborateurs à travers le monde. Ses équipes de gestion investissent dans les principaux marchés mondiaux et sur toutes les classes d'actifs : actions, obligations, immobilier direct et indirect, capital investissement et Hedge Funds. Henderson se distingue plus particulièrement par sa gestion active ainsi qu'une expertise éprouvée en gestion alternative. Plus d’informations : www.henderson.com

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