L’aide étrangère de l’Allemagne a atteint un niveau record et continue d’augmenter ; cependant, d’autres efforts seront nécessaires pour atteindre non seulement l’objectif convenu par les donneurs à l’échelon international mais aussi le but que l’Allemagne s’est fixé à elle-même d’accroître l’aide aux pays les plus démunis, selon un nouveau rapport de l’OCDE.
Le dernier Examen par les pairs du CAD consacré à l’Allemagne salue le dynamisme du pays sur le front du développement durable et lui recommande de mettre à présent ses instruments et ses critères d’affectation de l’aide en conformité avec son intention déclarée d’aider les pays les plus pauvres et les moins stables. Il conviendrait aussi que l’Allemagne arrête un calendrier pour accroître le volume de son aide publique au développement (APD) en vue d’atteindre l’objectif de 0.7 % fixé par les Nations Unies il y a une dizaine d’années pour le rapport APD/RNB.
L’APD de l’Allemagne a augmenté de 12 % en 2014 et se situe au niveau sans précédent de 16.25 milliards USD ; de plus, des augmentations annuelles sont programmées jusqu’en 2019. Toutefois, compte tenu du rythme actuel de la croissance économique de l’Allemagne, ces hausses ne permettront de maintenir l’APD qu’à 0.4 % du RNB.
Selon l’Examen, l’objectif affiché par l’Allemagne visant à privilégier les pays les plus pauvres ne ressort pas bien de ses apports d’aide. En effet, la part de son APD bilatérale destinée aux pays les moins avancés a reculé de 24 % en 2013, se fixant au niveau le plus bas pour les cinq dernières années, et les deux principaux bénéficiaires de l’aide allemande sont la Chine et l’Inde.
Ce décalage est en partie dû au fait que les critères d’affectation des ressources de l’Allemagne et les instruments qu’elle utilise ne sont pas pleinement conformes à ses objectifs. Par exemple, l’accent mis sur la bonne gouvernance en tant que critère pour la fourniture de l’aide à un pays peut aller à l’encontre de l’objectif de l’Allemagne d’aider les États fragiles. De même, l’augmentation de la part des prêts concessionnels dans son portefeuille signifie qu’un plus grand volume d’APD est dirigé vers les pays à revenu intermédiaire et non vers les pays les plus démunis.
« Il convient de saluer les efforts consentis par l’Allemagne pour accroître le budget de son aide ; cependant, forte d’une économie vigoureuse, l’Allemagne serait en mesure de définir un plan plus ambitieux prévoyant de grandes étapes à des dates déterminées pour atteindre l’objectif de 0.7 %, et y parvenir d’ici 2030, comme le demande l’Union européenne », estime Erik Solheim, Président du Comité d’aide au développement. « Alors que le budget de l’aide est en progression, l’Allemagne devrait s’attacher à tenir son engagement de privilégier les pays les plus démunis », ajoute-t-il.
L’Examen souligne par ailleurs que l’Allemagne occupe une place d’avant-garde en matière d’utilisation de l’APD pour mobiliser l’investissement du secteur privé au profit du développement durable. Elle se distingue en outre par son engagement en faveur du financement des activités liées au changement climatique et par les méthodes novatrices adoptées à cet égard, ainsi que par les efforts qu’elle déploie dans le but d’améliorer la qualité de son aide, par exemple en accroissant l’efficience de ses activités et en adaptant davantage ses programmes aux conditions locales.
Figurant parmi les principaux donneurs bilatéraux, l’Allemagne a mis en œuvre partiellement ou en totalité l’ensemble des recommandations formulées lors du dernier Examen par les pairs qui lui a été consacré en 2010.
Chaque membre du CAD est soumis à un examen tous les cinq ans dans le but de suivre ses efforts, de lui demander de rendre compte de l’exécution des engagements qu’il a pris et de formuler des recommandations d’amélioration. Cet exercice prend appui sur des informations recueillies auprès de fonctionnaires du pays examiné et de pays partenaires ?? pour l’Examen de l’Allemagne, le Kenya et le Mozambique ?? ainsi que de représentants de la société civile, du secteur privé et d’autres partenaires au développement