Le capital-risque : un gigantesque réservoir de plus-values

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Par Florian Darras Publié le 11 février 2017 à 5h00
Bourse Marches Capital Risque
@shutter - © Economie Matin
21En 2016, il y a eu 21 introductions en Bourse de sociétés technologiques.

Le financement des startups a beaucoup évolué depuis 2000. Se placer avant l'introduction en bourse est une opportunité en voie de démocratisation du fait du crowdlending.

Le système de financement des entreprises de technologie et leur cotation en bourse a radicalement changé au cours des cinq dernières années. A la fin des années 1990 ou au début des années 2000, lorsqu’une entreprise privée affichait entre 20 et 50 M$ de chiffre d’affaires ou de flux de trésorerie, c’était le moment opportun de s’introduire en bourse. La cotation apportait à ces entreprises des capitaux indispensables pour investir et se développer vers un échelon supérieur. Aujourd’hui les choses ont changé. Deux nouvelles dynamiques sont en jeu.

Premièrement, les fonds des business angels (individus privés) et de capital-risque (fonds provenant de groupes d’investissement privés) vont beaucoup plus loin qu’auparavant. Comme le coût de la puissance informatique chute, le coût de lancement d’une entreprise de nouvelle technologie baisse tout autant. Comme le lancement d’une entreprise et la mise sur le marché d’un produit deviennent abordables, de moindres apports en capitaux permettent de créer des sociétés multimilliardaires. Les entreprises de technologie peuvent atteindre un stade de développement auquel elles sont capables de générer suffisamment de trésorerie et n’ont pas forcément besoin d’être cotées en bourse.

Il est également intéressant de mentionner qu’aux Etats-Unis, le capital-risque connaît une tendance haussière depuis 10 ans. Le capital-risque a été mis à contribution dans une proportion bien supérieure en 2015 en comparaison des 10 dernières années. Avec un total de 77 Mds$, on assiste à une croissance de 13% par rapport au niveau de 2014 et de plus du double par rapport à celui de 2012. Il est important de rappeler que cette augmentation est survenue sans augmentation du nombre de transactions. En 2015, le nombre de transactions n’atteignait que 86% du nombre de transactions de l’année passée. Même si moins de transactions ont été réalisées, elles étaient plus chères.

Les nouvelles sources de financement en capital-risque

La seconde dynamique observable est que les grosses banques, les fonds spéculatifs (hedge funds) et les institutions allouent un pourcentage plus important de leurs investissements à des sociétés privées non cotées, principalement dans le domaine de la technologie. Des centaines de milliards de dollars ont afflué de ces institutions vers les sociétés financées par le capital-risque. 15 ans plus tôt, très peu de ces gros investisseurs institutionnels n’étaient pas présents. Dans le graphique ci-dessous, nous pouvons clairement voir depuis 2009 l’augmentation spectaculaire du nombre d’investissements dans les sociétés financés en capital-risque par d’autres entités…

En 2009, les investissements des entités autres que celles de capital-risque telles que les fonds communs, les fonds spéculatifs, les bureaux de gestion de patrimoine (family offices) et les gestionnaires d’actifs se comptaient sur les doigts de la main. En 2015, le nombre d’investissements réalisés par ces entités ont atteint des sommets. En fait, à partir de septembre 2015, 78% des investissements de un Md$ et plus étaient menés par des sociétés classiques contre 60% un an auparavant. Avec autant d’argent en jeu provenant de capitaux non dédiés au capital-risque, l’investissement dans des sociétés non cotées de plus en plus grosses était devenu nécessaire.

Chaque affaire implique énormément d’efforts. Par exemple, si un fond avait un Md$ à investir pour une année donnée, fera-t-il 100 opérations de 10 M$ ou bien 10 transactions de 100 M$ chacune ? Il choisira la deuxième solution : un plus faible nombre de transactions mais de tailles importantes. Cela explique des opérations de 1,2 Md$ comme Uber en aout 2015. Cette collecte de fonds valorisait Uber à environs 50 Mds$ à l’époque. Des levées de fonds ont par la suite valorisé la société à 62,5 Mds$. Tout cela crée des opportunités d’investissement fantastiques.

Le déclin des introductions en bourse (IPO)

La tendance vers le financement privé a asséché le marché des introductions en bourse des entreprises de technologie ces dernières années. Le graphique ci-dessous montre à quel point le ralentissement est sensible.

En 2015, il y a eu seulement 24 introductions en bourse de sociétés technologiques, représentant seulement 14% du total des introductions pour l’année entière. En 2016, c’est encore plus notable : seulement 21 introductions boursières en technologie. Ce sont les niveaux les plus bas enregistrés depuis la crise de 2008 – 2009 A titre de comparaison, en 2007, soit avant la crise financière, il y avait 60 IPO de technologie représentant 28% des fonds levés sur les marchés publics.

De nouvelles sociétés dotées de technologies de pointe ont été en mesure de mobiliser des capitaux privés de plusieurs centaines de millions voire de milliards de dollars… leur donnant le souffle nécessaire pour développer leurs produits et leur modèle commercial sans avoir à se faire coter. Imaginez ce phénomène comme un gigantesque goulot d’étranglement ou un barrage prêt à exploser. Les investisseurs en capital-risque, en banques d’investissement, en fonds spéculatifs et les investisseurs institutionnels financent les entreprises de technologies privées pour une raison : faire des profits gigantesques. Ils sont prêts à être patients… jusqu’à un certain point.

En définitive, les investisseurs attendent plus… ils demandent une porte de sortie. Les sorties prennent parfois la forme d’acquisitions par une autre société de technologie, mais les gains les plus massifs proviennent de l’introduction en bourse de ces sociétés. C’est alors que les investisseurs particuliers ont l’opportunité d’investir dans ces sociétés de technologie de nouvelle génération. De nombreuses sociétés de technologie s’introduiront en bourse dans les deux prochaines années. Lorsque le « barrage cèdera », ces entreprises accèderont aux marchés publics, levant des milliards de dollars et créant la fortune d’investisseurs.

Mais il existe aussi d’autres moyens de participer à de belles aventures de croissance, en finançant des projets plus petits, même en France. Lorsque vous investissez en crowdfunding, en financement participatif, vous investissez au côté de business angels, bien avant les fonds institutionnels. En France, ce type d’investissements a doublé entre 2014 et 2015, passant de 25,4 M€ en 2014 à 50,3 M€ en 2015. Les sites de financement participatif devraient accélérer ce mouvement et démocratiser le processus.

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit

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Florian Darras est diplômé d’un master de droit des affaires et d’un master administration des entreprises (MAE). Au sein des Publications Agora, il travaille aux côtés de Simone Wapler pour fournir solutions fiables et informations utiles aux épargnants français.

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