Le 5 septembre dernier a débuté à Lyon l’expérimentation pour un an de Navly, une navette autonome capable de transporter une quinzaine de passagers à 20 km/h.
Ce nouveau type de véhicule, destiné au « dernier kilomètre », n’est que la dernière en date des innombrables solutions de mobilité qui fleurissent depuis une dizaine d’années dans les métropoles du monde entier. Et qui bouleversent sensiblement un paysage urbain figé depuis des décennies.
Vélos en libre-service à Paris, Boston ou Copenhague. Voitures partagées à Berlin et Bruxelles. Covoiturage à Munich. Taxis partagés à Lausanne. VTC de Milan à San Francisco… Dans toutes les villes du monde se développent de nouvelles solutions de mobilité qui tirent parti des nouvelles technologies pour offrir aux citadins des alternatives à la possession d’une voiture et au transport en commun traditionnel. Pourtant, le plus stupéfiant, ce ne sont pas ces innovations elles-mêmes, ou l’étendue de leur diffusion, mais à quel point elles nous sont déjà familières. Vélib’ existe depuis moins de dix ans, Autolib’ moins de cinq, et pourtant, ils font désormais autant partie du paysage quotidien des Parisiens que les stations Guimard et les colonnes Morris.
Le déploiement et l’acceptation de ces systèmes ont été extrêmement rapides, preuve qu’ils répondaient non seulement à un besoin mais aussi à une évolution des mentalités. Les nouvelles solutions de mobilité viennent pour la plupart combler l’espace jusqu’alors laissé vacant entre la propriété et le collectif : le citadin d’aujourd’hui ne veut plus posséder une voiture, qui engendre trop de contraintes pour trop peu d’avantages, mais il aspire néanmoins à plus d’autonomie, de flexibilité et de confort que ne peuvent lui en procurer les transports en commun.
Cette demande se retrouve dans le monde entier. Les modes de vie s’homogénéisent, la high-tech devient partout le nouveau symbole social de la réussite et, en ville, posséder une voiture a perdu de son prestige. Nulle part, on ne tolère plus la pollution, le bruit, les pertes de temps et les coûts inutiles qui en sont les contreparties. En outre, dans la lutte acharnée que se livrent les grandes métropoles pour séduire entreprises et touristes, la qualité de vie et l’efficacité des transports constituent des enjeux majeurs d’attractivité. En conséquence, les nouveaux services de mobilité se sont non seulement développés aux quatre coins du globe mais ils constituent d’ores et déjà d’incontournables marqueurs de la modernité d’une cité.
Cette évolution accélérée des comportements va rapidement déteindre sur l’urbanisme lui-même, dont les cycles sont plus longs. Taillée de longue date pour la voiture individuelle, la ville va acter son déclin en réaffectant une partie de la place qui lui était dévolue aux autres modes de transport. Avec la piétonnisation des voies sur berge, la création de couloirs de bus et de pistes cyclables, la transformation de places de stationnement en stations Vélib’ ou Autolib’, la transformation progressive de Paris est à ce titre emblématique.
De la même façon que nos vieilles cabines téléphoniques n’ont pas résisté à l’avènement du portable, les infrastructures conçues pour une population d’automobilistes vont peu à peu céder la place à celles nécessaires aux autres mobilités. Et bientôt, sans doute, certaines infrastructures, constructions ou aménagements de la voierie nous apparaîtront comme les vestiges d’un temps révolu, celui où chacun devait posséder son auto.