Récemment, le gouvernement a annoncé les modalités de son Grand Plan pour soutenir les start-ups et favoriser l’innovation en France. Rien d’innovant, que du déjà vu…
Technophile convaincu et grand amateur d’investissement dans les nouvelles technologies, j’ai consulté avec avidité le communiqué de presse du Secrétariat d’Etat chargé du numérique. Allait-on, enfin, laisser les start-ups évoluer dans un environnement de libre concurrence non faussée ? Le développement des PME innovantes ayant été identifié comme un relai de croissance important pour notre pays lors des dernières élections, il n’était pas interdit d’espérer la mise en place de nouvelles mesures pour permettre la croissance denos pépites nationales.
Hélas, cher lecteur, ne retenez pas votre souffle. Le troisième volet du Programme d’investissements d’avenir est tout sauf innovant.
Oubliez les baisses de charges, les simplifications normatives ou, soyons fous, un quelconque allègement des obligations administratives. Le gouvernement a fait preuve d’une imagination encore plus débordante : il a créé un nouveau fonds d’investissement financé par l’Etat.
Quand ça ne marche pas, il suffit d’en rajouter
Notre pays est champion de la taxation/redistribution. Sans nier le rôle social de la solidarité forcée, confier à l’Etat le rôle de faiseur de rois dans le domaine économique est totalement contre-productif. Cette opinion n’est pas que celle de votre serviteur : elle est aussi partagée par la très sérieuse Cour des Comptes qui rappelle, année après année, que l’Etat-investisseur fait mal son travail.
La pratique montre que les comités, bureaux stratégiques et autres banquiers publics sont bien à la peine lorsqu’il s’agit de détecter quelles entreprises sont prometteuses. L’analyse du business plan d’une start-up dans le confort feutré d’un bureau ne permet pas de prévoir efficacement si l’entreprise va être capable de créer de la richesse pour des clients solvables, surtout si l’auditeur ne travaille plus dans le privé depuis des lustres.
Ajoutez à cela le fait que l’Etat doit lutter contre le chômage, assurer la paix sociale, et que les décideurs de ces comités ne sont jamais les payeurs : tous les ingrédients sont là pour que les fonds d’investissement abondés par l’Etat soient systématiquement des échecs. Cette fois-ci, l’addition se montera à 400 millions d'euros, que Bpifrance pourra distribuer selon son bon vouloir aux jeunes pousses issues des incubateurs.
Pourquoi nous payerons deux fois
Ces 400 millions d'euros devront être financés par les contribuables que nous sommes et finiront selon toute vraisemblance investis à perte dans des entreprises non solvables. Ils auront également un effet pervers sur le reste de notre économie.
Ces financements à l’innovation à fonds perdus représentent désormais des montants non négligeables par rapport aux budgets de fonctionnement des PME « classiques ». J’entends par ce terme les entreprises qui vendent, en faisant des bénéfices, des produits ou services compétitifs à des clients solvables (excusez cette accumulation de vulgarités systématiquement absentes des grands projets de soutien à l’innovation).
Les entreprises de l’économie réelle se retrouvent de plus en plus en concurrence avec des start-up-zombies qui ne vivent que de subventions publiques et dont les salaires des employés sont gratuits grâce au magnifique Crédit impôt recherche.
Dans un premier temps, les entreprises classiques qui cherchent à être rentables sur les mêmes secteurs baissent les bras par manque de compétitivité. Dans un second temps, les start-ups sous perfusion de fonds publics font faillite lorsque la manne se tarit. Au final, c’est l’économie dans son ensemble qui pâtit de cette mauvaise allocation des capitaux.
C’est, une nouvelle fois, l’interventionnisme qui a gagné – au détriment de notre économie. N’oubliez pas que l’Histoire a démontré que financements publics et rentabilité ne font pas bon ménage. Dans les prochains mois, faites preuve de la plus grande méfiance si vous voyez des start-ups faire appel à votre épargne en se félicitant d’avoir obtenu le soutien de cet énième fonds géré par Bpifrance.
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