Notre-Dame-des-Landes : va-t-on vers un nouveau Larzac ?

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Par Daniel Moinier Publié le 20 janvier 2018 à 5h00
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@shutter - © Economie Matin
1 650 haLa ZAD de Notre-Dame-des-Landes a une superficie de 1 650 hectares.

Bonne ou mauvaise, la décision est enfin prise ! Un projet enterré depuis près de cinquante années de tergiversations par tous les gouvernements qui se sont succédés sans jamais avoir su décider, ni trancher par idéologie politique.

Et maintenant que va-t-on faire de cette immense ZAD (Zone d’Aménagement Différé) appartenant à l’état ? Le gouvernement par la voix d’Edouard Philippe, a promis de faire respecter l’ordre public, c'est-à-dire l’évacuation. Emmanuel Macron lui-même l’a confirmé ce même mercredi 18 janvier dernier en affirmant « Il n’y aura plus de ZAD sur le territoire français ». Des renforts policiers étant déjà arrivés sur place.

Cette ZAD située au Nord-ouest de Nantes est occupée depuis 2009 par environ 150 personnes fixées et plus de 200 si l’on compte les irréguliers sur un territoire de 1.650 hectares. La décision de ne pas installer le nouvel aéroport est en grande partie liée à la persistance des zadistes d’occuper le terrain et aussi de l’embrasement prévisible qui aurait suivi avec tous les milliers de militants qui seraient venus des quatre coins du monde.

Mais de la parole aux actes, le chemin sera long. D'abord parce qu'il y a un certain nombre de procédures légales à respecter. Ensuite parce que le terrain est difficile et a besoin d'être soigneusement étudié avant toute intervention policière. En 2012, une première tentative d'évacuation avait été un échec cinglant, ce qui avait contribué à bloquer le dossier pendant tout le quinquennat de François Hollande.

Le gouvernement va-t-il jouer la montre, sachant que le chemin d’évacuation sera long ?

Devant une ZAD qui s’est très structurée, des habitants qui travaillent en autarcie, le gouvernement espère que l'abandon du projet générera des départs spontanés et que l'union sacrée contre l'aéroport se fragilisera. Les occupants de la ZAD présentent des profils très variés : des agriculteurs historiquement présents sur les lieux, des néoruraux à la recherche d'un mode de vie alternatif, mais aussi des anticapitalistes et anti-système prêts à en découdre avec la police.

Le gouvernement n’aurait-il pas intérêt à ne pas évacuer ? Actuellement il existe une cinquantaine de ZAD occupée en France, notamment celle de Bure dans la Meuse, celle de Roybon dans l’Isère, celle de Kolbsheim dans la banlieue de Strasbourg…Le gouvernement a lui aussi peur d’être confronté à un « accident » comme à Sivens, avec le décès du jeune écologiste Rémi Fraisse à la suite d’un jet de grenade.

Alors en laissant « pourrir » la situation, il pourrait être gagnant sur au moins deux fronts. Aucun affrontement, mais encore mieux, des zadistes neutralisés qui n’iront pas ailleurs «faire le bazar». Ce serait donc une possibilité progressivement de les incorporer « au paysage » et pourquoi pas, leur faire payer une location, un prêt d’achat de terrain. On peut rêver ! Pas forcément, puisque pour les opposants, la lutte paysanne des années 1970 sur le plateau du Larzac reste une référence absolue.

Selon la déclaration d’utilité publique, les 1650 hectares dont 650 correspondent à des expropriations, appartiennent à l’état, sauf la surface des trois routes qui traversent cette zone qui sont propriétés du département. Jules Durand, porte-parole de l’Acipa, association qui était opposante au projet, serait partisan que la société civile contractualise des baux classiques et obtienne une gestion collective de l’usage des terres.

Les médiateurs de la république semblaient assez partisans de garder la maîtrise foncière des terrains acquis et de nommer un chargé de mission de haut niveau, très connaisseur du monde agricole pour superviser les opérations de réallocation menées sous le pilotage des acteurs locaux. Mais la redistribution serait certainement assez compliquée à mettre en œuvre au regard de la grande diversité des zadistes et agriculteurs. Edouard Philippe a laissé jusqu'au printemps aux occupants de la ZAD la possibilité d'évacuer d'eux-mêmes. Nous verrons donc à cette date qui aura « définitivement » eu le dernier mot : Le Gouvernement ou les zadistes. Si ce sont ces derniers, nous risquons d’être partis pour un nouveau Larzac !

www.livres-daniel-moinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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