Que faire pour que La France retrouve une balance des paiements positive ?

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Par Daniel Moinier Publié le 6 août 2017 à 5h08
France Deficit Etat Budget Equilibre
cc/pixabay - © Economie Matin
48,1 MILLIARDS €En 2016, avec 48,1 Md€, le déficit des échanges de biens a encore augmenté par rapport à 2015.

Depuis dix années la France n’a pas réussi une seule fois à avoir une balance des paiements positive ! Des pays tels que l’Italie, l’Espagne qui n’ont pourtant pas encore actuellement des économies super florissantes ont retrouvé le chemin de l’export et des balances positives.

Malgré une conjoncture mondiale favorable des échanges, la France n’en profite pas ! Pire en 2016, le déficit s’est encore aggravé de 10 milliards sur les transactions courantes (importations et exportations de biens et services) atteignant 19 milliards d’euros. Sur le 1er trimestre 2017, le déficit est déjà de 8 milliards !

Même si depuis, les exportations ont quelque peu rebondit, le déficit tout en se réduisant à atteint encore 4,9 milliards en mai contre 5,6 milliards en avril. C’est les ventes de très gros matériels qui ont été favorables, tels le paquebot de croisière Meraviglia, les ventes d’Airbus, et de produits de constructions automobile.

En 2016, avec 48,1 Md€, le déficit des échanges de biens a encore augmenté par rapport à 2015. Cette détérioration est due à l’accroissement prononcé du déficit hors énergie et matériel militaire (+11 Md€ après +2,2 Md€ en 2015). A 34,5 Md€, il dépasse son pic de 2011 (29,3 Md€). Les services, composante habituellement largement excédentaire des échanges extérieurs, voient leur solde se détériorer significativement (excédent de 0,4 Md€ contre 8,8 Md€ en 2015) tandis que l’excédent du négoce international augmente légèrement (23,5 Md€ après 23,2 Md€). Au total, à 24 Md€ (-1,1 % du produit intérieur brut), le déficit courant augmente, atteignant son niveau le plus élevé depuis 2012, selon les données publiées par la Banque de France.

Selon les statistiques de COE-Rexcode, sur 480 importateurs européens consultés, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie proposent des produits plus compétitifs que la France dans des secteurs stratégiques comme l’agro-alimentaire, la pharmacie.

Au niveau des transactions courantes, la France est largement dépassée par l’Allemagne, ce qui n’est pas une surprise, par contre ce qui l’est moins, c’est que des pays comme l’Espagne, l’Italie nous font un grand pied de nez.

Ces deux pays ont retrouvé l’équilibre de leur balance commerciale en 2012, l’Italie ayant pris une petite longueur d’avance sur l’Espagne.

Ce qui est inquiétant, c’est que l’on savait que la France était traditionnellement faible dans l’exportation de biens, mais qu’elle se rattrapait sur les services : Constructions, Télécoms, loisirs, …Ce n’est plus le cas depuis 2016 ! Ce sont même ces services qui creusent à leur tour la balance des paiements, la dégradant à eux seuls de 4,4 milliards d’euros en 2016 !

Il est vrai que les attentats nous ont fait perdre l’équivalent de 5% de rentrées par la raréfaction des dépenses des visiteurs étrangers. En contre coup de ces attentats, les français semblent s’être dirigés de plus en plus vers l’étranger pour leurs vacances, ce qui compte tenu de ces deux facteurs a conduit notre excédent touristique à passer de 5 à 1,8 milliards d’euros.

Heureusement, la finance tant décriée précédemment, affiche un solde positif de 5 milliards. La banque française continue d’exporter son savoir-faire dans le monde. Est-ce que le Brexit va être un allié favorable à notre balance ? L’avenir nous le dira !

En France, le CICE a bien amorti la chute en réduisant les coûts de production des entreprises françaises, mais nous sommes encore loin d’atteindre le niveau des marges européennes.

Taux de marge des entreprises françaises

Tout vient en grande partie des différences de taux de marge des pays.

Voyez par vous-même, sur le graphique ci-dessous, à quel niveau de taux de marge la France se « traîne » !

Après un taux encourageant en 2007, la France a toujours du mal, compte tenu des charges, à obtenir un bon niveau de marge comparé aux principaux pays européens.

En effectuant l’analyse depuis plus de 45 ans, nous constatons que la France est toujours restée sur un taux de marge faible. En1970 le taux était de 30 %, en 80 de 24, en 86 de 30, en 87 de 32, en 89 de 34, en 2007 de 33,5, en 2014 de 29,3 et de 31,6% au 1er trimestre 2017.

Pendant ce temps l’Allemagne caracole en tête avec plus de 40%, l’Espagne très légèrement en dessous et l’Italie après avoir eu des marges phénoménales se trouve encore aujourd’hui vers les 37%.

Taux de marge des Sociétés Non Financières

Comparaison Allemagne-France :

En ce qui concerne la Valeur Ajoutée, sur cinq années, le poids des salaires bruts, avant paiement des cotisations salariées, est proche des deux côtés du Rhin, 48,2% côté allemand et 49,7% côté français.

C'est donc le surcroît d'impôts sur la production et de cotisations patronales qui contribue à l'essentiel de l'écart de plus de 9 points de taux de marge entre les deux pays.

Plus précisément, 5,6 points relèvent des cotisations patronales et 4,7 de la myriade d'impôts sur la production, côté français. Notamment la cotisation sur la valeur ajoutée CVAE, la taxe sur les salaires dans certains secteurs, autant d'impôts qui n'ont pas d'équivalent côté allemand... et enfin la taxe foncière CFE supérieure en France.

L'autofinancement allemand représente 20,9% de la valeur ajoutée allemande contre 17,6 en France. Plus de 3 points d'écarts liés au jeu de divers transferts. Mais liés aussi, pour près de moitié, à la balance des profits réinvestis sur le territoire par les multinationales nationales et étrangères.

La balance des intérêts reçus sur les intérêts versés est positive en Allemagne, pour 0,2 point de valeur ajoutée quand elle est négative pour 2,8 points de valeur ajoutée en France.

Enfin le poids du prélèvement de l'impôt sur les sociétés est similaire de part et d'autre du Rhin.

Alors comment remonter le taux de marge des entreprises française ?

En travaillant plus et plus longtemps.

Nous avons cinq années de moins de temps d’activité sur la durée de vie moyenne de chaque salarié, que notre partenaire d’Outre-Rhin, ce qui représente 350 milliards de moins par an dans notre économie. A méditer mais aussi agir vite.

www.livres-daniel-moinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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