Faut-il croire en la déflation ?

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Par Patrick de Casanove Publié le 17 novembre 2014 à 3h40

La déflation menacerait la France, voire l'Europe. C'est ce qu'affirment bien des politiciens, des économistes et des médias.

Cette assertion est basée sur l'évolution à la baisse de l'indice des prix. Cet indice n'est pas fiable. Il ne prend pas en compte les prix dits administrés : tabac, essence, gaz etc. Bien que leur augmentation ait un réel effet néfaste sur le pouvoir d'achat des Français. Si ces marchés étaient libres l'indice les prendrait en compte. Les prix vraiment libres n'existent pas en France. Tous subissent l'influence de règles, de normes et sont grevés de taxes et d'impôts. Ce qui fait que le « vrai prix » est inconnu. Comme les prix sont des informations, les faux prix donnent de fausses informations et de faux indices. Il est impossible de prévoir ou de décider quoi que ce soit de sensé sur la base de fausses informations.

On répète aux Français que la déflation aura des conséquences catastrophiques : report de l'achat de biens, baisse de l'activité des entreprises et chômage donc augmentation des dépenses de l'État, augmentation du coût de la dette, baisse des investissements, augmentation de l'épargne, restriction du crédit. Ce cercle vicieux est contestable. Son existence est subordonnée à l'extension infinie de l'État dans tous les secteurs de la société et à la persistance de son interventionnisme économique d'apprenti sorcier.

Parler de déflation peut ne pas refléter la réalité du terrain. La déflation est un concept globalisateur qui ne tient pas compte de la multitude des situations qui existent. Il peut y avoir baisse des prix dans certains secteurs économiques et hausse dans d'autres. De plus la situation des pays européens est loin d'être uniforme. Les conséquences d'une baisse des prix ne sont pas toujours mauvaises. Elle permet d'obtenir des services à moindre coût et libère des moyens pour d'autres choix. L'augmentation de l'épargne n'est pas une malédiction. C'est un moyen sain de financer les investissements. Son augmentation est aussi le témoignage que les Français ont peur de l'avenir et qu'ils n'ont plus confiance en leurs dirigeants.

Ceux-ci ont entraîné le pays dans une situation catastrophique. Ils sont bien incapables de l'en sortir. La solution existe pourtant. C'est la liberté économique qui nécessite des réformes profondes. Les politiciens s'y refusent absolument. Ils ne peuvent se remettre en cause. Ils cherchent donc quelque chose pour rester dans leurs cadres de référence aussi nocifs soient-ils. Pour continuer ces politiques délétères contre vents et marées, il faut les justifier. C'est là qu'intervient la menace de la déflation.

Son arrivée opportune évite aux hommes de l'État de prendre des mesures efficaces et d'engager des réformes structurelles. Pour éviter la déflation les Français sont appelés une fois de plus au sacrifice tandis que les politiciens s'en gardent bien. La déflation leur sert d'alibi pour intervenir de plus en plus dans la vie privée des Français et dans la vie économique. Leur pouvoir sur la population en est accru. Tous réclament de l'inflation (un peu pour ne pas engendrer une peur inverse). Recourir à l'inflation est un vieil artifice qui rembourse la dette en monnaie de singe, ruine les épargnants et au final tout le monde. L'inflation souhaitable a été arbitrairement fixée à 2% (Ce taux ne repose sur rien, pas plus que les critères de Maastricht et le fameux 3% de déficit du budget). Tous réclament du protectionnisme (un peu, baptisé préférence nationale). C'est pourtant l'explosion des échanges mondiaux qui a apporté à l'humanité une prospérité inconnue jusque-là. Tous réclament de la souplesse bancaire dans l'accord de crédits alors que c'est précisément les crédits accordés, aux Etats-Unis, à des gens insolvables, sur incitation de l'État, qui sont à l'origine de la crise dites des « subprimes ». Nous en subissons encore aujourd'hui les conséquences. Le crédit gratuit favorise les mauvais investissements et les gaspillages dans des projets qui n'auraient jamais vu le jour parce que non rentables etc. Tous réclament la relance des investissements publics, des grands travaux, de la consommation soit la politique qui a déjà échoué.

Les hommes de l'État veillent à ce que la majorité des Français n'aient aucune culture économique. Leur espoir est que les gens gobent ce qu'ils leur assènent sans le contester. Le nec plus ultra serait que les Français réclament cette intervention de l'État et lui en soient reconnaissants. Les populations apeurées iraient se réfugier dans le giron de l'Etat perçu comme protecteur, seul capable de les sauver de la catastrophe que constituerait la destruction du « modèle social français ».

La solution à la crise que traverse la France n'est pas d'agiter des menaces, réelles ou supposée, pour que l'État intervienne toujours plus dans la vie des gens. La solution est la liberté économique. « Je dis: Laissez faire, en d'autres termes, respectez la liberté, l'initiative » Frédéric Bastiat, Harmonies économiques Responsabilité.

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Né en 1959, marié, père de 4 enfants, le docteur Patrick de Casanove, diplômé en 1985, exerce comme généraliste dans la ville d'Ondres. Il en a été le Maire de 1995 à 2001. Il écrit des articles pour le journal suisse Le Temps et pour diverses institutions libérales. Il est président du Cercle Frédéric Bastiat. Il est l’auteur de "Sécu comment faire mieux".

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