Le très important effort budgétaire consenti par les états européens devrait être mutualisé. Les obstacles techniques sont loin d’être insurmontables, la question, la seule, est celle de la volonté politique. Les derniers chiffres confirment une décrue du nombre de nouveaux cas en Italie qui aurait donc passé le pic de l’épidémie. Le reste de l’Europe suit avec une semaine de retard. L’accélération est maintenant essentiellement aux Etats-Unis.
Une page de publicité : « Green Bonds, il est urgent de ne plus attendre »
Commençons par une page de publicité pour un article sur les « green bonds » écrit par la très excellente Nathalie Rodes, le non moins excellent Olivier Vietti et moi-même.
L’article est disponible sur notre site internet :
L’urgence climatique n’a jamais été aussi prégnante. Comme le souligne la dernière mise en garde de l’ONU à la COP25 de Madrid, les objectifs climatiques doivent être revus tant en termes d’ambition que de calendrier et de financement. En Europe, un certain nombre de conditions sont aujourd’hui réunies pour permettre une pleine implication du secteur financier dans le financement de la transition énergétique et, plus globalement, de l’économie durable.
Une réponse européenne commune ?
L’effort budgétaire très important consenti par les états européens devrait être mutualisé.
D’une part c’est une question d’efficacité des mesures. Il existe un risque de cercle vicieux entre entreprises en cessation de paiement et les états ayant alloué des garanties tout comme il existait ce cercle vicieux entre les banques et les souverains lors de la dernière crise. Il serait alors optimum de mutualiser les risques AVANT que les pays ne tombent dans ce cercle vicieux.
Une mutualisation est aussi raisonnable parce que la crise actuelle est fondamentalement différente de la précédente. Lors de la crise souveraine de la dernière décennie, les états « vertueux » expliquaient que sauver les pays sous pression était équivalent à aider les mauvais élèves, et donc à donner une incitation à tous d’être un mauvais élève. C’est le fameux « hasard moral ». Les mêmes pays expliquaient que c’était moralement indéfendable et économique suicidaire à moyen terme. Cet argument ne s’applique évidemment pas au contexte actuel où la crise est due à un choc sanitaire extérieur.
Que peuvent alors faire les Européens ? Il existe un certain nombre d’options disponibles, nous listons les principales avec une description succincte ci-dessous. Dit autrement, les obstacles techniques sont loin d’être insurmontables. La question, la seule, est celle de la volonté politique.
Les Eurobonds sont probablement inacceptables pour l’Allemagne et quelques autres pays du nord. Les conditionnalités d’un programme MES sont probablement inacceptables pour l’Italie. Il faut donc trouver une solution intermédiaire. Si solution mutualisée il y a, une solution intermédiaire semble avoir plus de chance de gagner un accord général : il s’agirait alors plus d’une solution de type coronabonds ou un programme de type ECCL par le MES.
Coronavirus : espoir Européen
L’évolution du nombre de nouveaux cas en Italie montre, depuis une petite semaine un point d’inflexion net. Il est donc probable que le pays a enfin passé le pic de la crise. Les autres pays européens ont une à deux semaines de retard sur l’Italie, ce qui incite à penser que le pic serait passé sur la première moitié du mois d’avril en Europe. L’OMS a d’ailleurs dit que le pic de la crise était proche en Europe.
Restent les Etats-Unis où le nombre de cas devrait dépasser 200 000 aujourd’hui. Peut-on extrapoler l’évolution européenne sur les Etats-Unis ? Il convient de rester extrêmement prudents, le schéma d’évolution en Europe ne ressemble pas à celui vu en Chine, la réaction des autorités n’ayant pas été identique. Aux Etats-Unis, comme le montre le graphique ci-dessous, l’efficacité du système médical pour le plus grand nombre est bien différente, et donc l’évolution de la maladie devrait réserver des surprises.
Rebond du PMI Chinois
Le Caixin PMI pour le secteur manufacturier a rebondi, passant de 40,3 à 50,1 alors que le consensus attendait 45,0. L’évolution est similaire au PMI manufacturier publié lundi et qui est passé de 35,7 à 52,0. C’est une excellente nouvelle qui valide l’idée d’un rebond économique lorsque l’épisode coronavirus est passé.
Il faut néanmoins rester très prudent avec ces chiffres, l’évolution des indicateurs de confiance dans le monde a été étrange sur les derniers mois : sous réaction au début de la crise, niveau atteint peu compatible avec la baisse de production à attendre, et rebond maintenant très rapide. La période 2009 montre qu’en cas de choc très violent et inhabituel, les indicateurs de confiance fournissent un signal très imparfait.