Epinglée sur ses déficits, la France doit son salut à Vladimir Poutine

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Par Marc Touati Publié le 6 mars 2014 à 11h15

Bruxelles épingle la France sur ses déficits. Le feuilleton budgétaire se poursuit. Et il prend une tournure dramatique, mais méritée. Dans le dernier épisode, la Commission européenne soulignait que la France raterait (de beaucoup) sa cible de déficit de 3 % du PIB en 2015.

Dans une déclaration débordante de malhonnêteté intellectuelle, Pierre Moscovici mit alors en avant les « erreurs de méthodologie » de Bruxelles. Arrogance. Oui arrogance, sans doute le terme adéquat pour qualifier l’attitude du gouvernement vis-à-vis de la Commission. Déjà en mai 2013, alors que la France obtenait un délai de deux ans pour rectifier sa trajectoire budgétaire, François Hollande lança que « la Commission n’a pas à nous dicter ce que nous avons à faire ». Mais voilà, à force de jouer avec le feu, on finit par se brûler. Car la clémence de Bruxelles a ses limites. Le couperet est donc tombé et la Commission a décidé hier de placer la France sous surveillance renforcée, en raison d’une trajectoire budgétaire jugée non crédible. Seule la Slovénie disposait jusque-là d’un tel statut... c’est dire.

Mais toucher n’est pas couler et les marchés demeurent bienveillants avec la France dont le taux obligataire à 10 ans reste stable à seulement 2,17 %. Les marchés sont en effet bien trop pris par le conflit qui oppose Moscou à la communauté internationale. Dans ce contexte, la France doit en profiter pour rectifier le tir au plus vite, avant que sa situation ne bascule. Et également faire parvenir à Vladimir Poutine une bouteille de vodka en guise de remerciement.

Le chiffre du jour…

9,8 %. Selon l’INSEE, le chômage a diminué de 0,1 point au quatrième trimestre 2013. Les effets d’une « politique volontariste » pour Michel Sapin… Marchés actions (clôture).

En bref

France ; vous souvenez-vous de l’écotaxe ? Selon l’ONG France Nature Environnement, le manque à gagner de l’Etat lié à sa suspension s’élève à 160 millions d’euros depuis le 1er janvier.

Allemagne ; dans le cadre de son enquête, la Commission européenne déclare que l’excédent courant allemand n’a rien d’excessif. Elle souligne toutefois que le pays doit soutenir sa demande intérieure.

Europe ; si l’on se fie aux dernières données publiées par Eurostat le 28 février dernier, la BCE devrait maintenir ses taux inchangés. Mais attention, on sait « Super Mario » capable de surprises.

Chine ; une grosse société chinoise va faire défaut sur sa dette. Une véritable première dans le pays.

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Marc Touati est économiste, auteur du "dictionnaire terrifant de la dette", paru aux Editions du Moment, Président du cabinet ACDEFI, Maître de conférences à Sciences Po Paris.