Ce n’est pas de ma faute à moi si tout le monde se met à parler de l’assurance vie et du fait que finalement, le placement préféré des Français depuis la nuit des temps (c’est une expression, car depuis 6 000 ans le placement préféré de l’humanité c’est l’or) pourrait commencer à inquiéter sérieusement les épargnants et… leurs conseillers, parmi les plus sérieux d’ailleurs.
Le groupe Fiducial ce n’est pas n’importe quoi ni n’importe qui, c’est un très gros cabinet de comptabilité, commissariat aux comptes et tout et tout.
Et chez Fiducial, on commence à conseiller aux épargnants de prendre discrètement la poudre d’escampette, ce qui, j’en conviens avec un immense plaisir, me semble un conseil plus que judicieux que je ne renierai pas !!
« Vous possédez un contrat d’assurance vie en euros et depuis 2009 vous lisez des informations contradictoires, parfois alarmantes sur votre placement. Qu’en est-il vraiment, et que faire ? »
Déjà, rien que cette phrase devrait faire trembler les clients du groupe Fiducial…
S’ensuit un état des lieux dont je ne vous fais pas copie car je vous en parle sans arrêt et que je pense que vous avez déjà tout compris. Ces constats sont justes et portent sur le fonctionnement des assurances vie, des fonds en euros et des obligations.
Bref, passons directement aux « conséquences » évoquées par Fiducial.
« Les rendements des contrats d’assurance vie en euros vont continuer à baisser durablement même si les taux remontent, et les compagnies pourraient avoir des difficultés, même provisoires, à vous rembourser si trop de demandes de remboursement arrivaient en même temps alors que les taux remontent.
D’où la loi Sapin 2 qui prévoit, entre autres, que l’État peut bloquer votre faculté de reprendre votre argent (au-delà d’un certain montant pendant une certaine durée). »
Brrrr, je ne sais pas vous, mais moi, je trouve que cela fait froid dans le dos !!
Mais Fiducial ne s’arrête pas là et va même jusqu’à donner des conseils à ses clients…
« Que faire ? »
« 1. Vérifier que votre contrat est géré par une compagnie raisonnable, qui n’épuise pas trop vite ses réserves de sécurité pour servir de trop forts rendements, voire qui continue à faire grossir ses réserves.
2. Profiter du temps qu’il vous reste avant que les taux des fonds en euros ne baissent trop pour basculer progressivement votre épargne vers des supports financiers :
- plus diversifiés ;
- ne comportant que très peu de risque sur capital ;
- mais qui ne sont pas concernés par les incertitudes décrites ci-dessus.
La proportion de ce basculement dépend de votre situation et de vos projets financiers.
Elle devrait être de l’ordre de :
- 30 % si vous comptez reprendre votre argent dans 8 à 10 ans ;
- 50 % au-delà.
D’autres dispositions peuvent être prises si vous avez un besoin de liquidité avant 8 ans. »
J’adore le point numéro deux qui est LE vrai conseil !
« Profiter du temps qu’il vous reste avant que les taux des fonds en euros ne baissent trop pour basculer progressivement votre épargne vers des supports financiers. »
Tic-Tac, tic-tac, déjà « profitez du temps qu’il vous reste » ce n’est pas franchement rassurant n’est-ce pas comme expression. Bon, moi je fais pire, je vous dis qu’il est déjà trop tard, mais moi, je ne suis pas Fiducial !! C’est dire si la situation est grave.
Si on traduit en langage normal, cela donne « barrez-vous tant que vous n’avez pas encore été ruiné » et… « vite » !!
Le problème c’est que migrer les supports que vous avez dans vos contrats d’assurance vie est une fausse bonne idée.
En effet, le législateur dans la loi SAPIN 2 n’a pas prévu de bloquer uniquement les fonds en euros, mais l’ensemble des contrats d’une compagnie ou des compagnies si cela est nécessaire.
En clair, si nous affrontons un krach obligataire, vos fonds seront certainement bloqués et très difficilement mobilisables même s’ils ne sont pas en fonds euros. Plus grave, si une compagnie tombe, elle tombe ! Peu importe vos supports, ce sera au liquidateur judiciaire de faire son office, dans un contexte économique vraisemblablement chaotique.
Au bout du compte, vous ne savez pas combien vous allez retrouver et encore moins quand !
Faut-il clore ses assurance vie ?
Pas toujours, car pour certaines raisons fiscales, et notamment en cas de succession, elles peuvent conserver un intérêt.
De façon plus générale, plus que jamais vous avez intérêt à être investi en actifs tangibles et à privilégier l’argent disponible directement même si cela ne rapporte rien ou presque. Ce qui fera la tombe de millions d’épargnants c’est leur envie jusqu’au bout de gagner ne serait-ce que 1,8 % de plus cette année (taux moyen des fonds en euros) jusqu’à ce que le piège se referme.
Actifs tangibles, liquidités, immobiliers, forêts et terres agricoles, immobilier rural et enfin évidemment les métaux précieux qui, je le rappelle, peuvent être achetés pour « couvrir » un contrat d’assurance vie.
Il ne s’agit pas de faire tout ou rien !
C’est à vous de voir où vous placez le curseur. Mais quand on a un gros contrat d’assurance vie, l’assurer avec 10 ou même 20 % d’or ce n’est pas forcément une idée absurde.
Enfin, n’oubliez pas que même une entreprise peut placer une partie de sa trésorerie en or. C’est aussi bien qu’une sicav monétaire ou de trésorerie dont la plus grande majorité sont constituées de prêts entre banques (insolvables) à court terme. De quoi frémir une fois de plus.
Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae