Depuis quelques semaines déjà, un calme étrange règne sur les marchés des changes. L’euro reste solide tandis que le dollar ne progresse plus. Le yuan n’a plus été dévalué et le yen fluctue dans un étroit couloir, sans grande variation. Un éventuel Brexit pèse toujours sur la livre sterling. Le TWEX (indice du dollar américain pondéré contre les devises principales) a même un peu baissé.
Cette très suspecte évolution a amené les marchés à penser que les banques centrales ont pu passer un accord secret, bien que rien ne signale vraiment qu’un tel arrangement ait eu lieu. Peut-être que cette situation n’est que le résultat du consensus voulant qu’une plus grande stabilité des taux de change favorise, finalement, le développement économique.
On peut tout de même s’étonner que le report de la hausse des taux aux Etats-Unis, que l’augmentation agressive du QE de la BCE ou que les gros efforts fait par la Chine pour ne pas contrarier les marchés financiers, aient laissé de glace les participants du marché des changes. Cependant, ce calme ne pourrait être qu’illusoire tant il est en contradiction avec les fondamentaux économiques.
La croissance du PIB aux Etats-Unis de +1,4% (0,35% d’après la méthode européenne de calcul) au quatrième trimestre 2015 est tout sauf dynamique. Le fait que Janet Yellen ait annoncé que la Fed ne prévoit plus que deux autres hausses de taux pour cette année, au lieu des quatre prévues initialement, donne à penser que la phase d’augmentation du dollar touche à sa fin.
Faiblesse continue
Toutefois, la faiblesse continue des monnaies des pays émergents alimente toujours l’afflux des capitaux vers le dollar américain. La BCE a abaissé les taux d’intérêt toujours plus bas, ce qui a élargi l’écart avec les taux américains mais n’a pas affaibli l’euro. L’impression se répand dans la Zone euro et les économies émergentes que les taux d’intérêt sont, sans doute, proches de leur point le plus bas.
L’image devient encore plus claire si l’on compare les données fondamentales entre elles. Le compte courant américain souffre d’un déficit chronique de plus de 400 milliards de dollars. Même si le déficit a baissé au quatrième trimestre 2015 à 125,3 milliards de dollars (2,8% du PIB), après les 129,9 milliards 2,9% du PIB) au troisième trimestre 2015, le déficit annuel est passé à 484,1 milliards (2,7% du PIB), après les 389,5 milliards de 2014 (2,2% du PIB). L’exportation industrielle américaine n’est pas très compétitive sur les marchés mondiaux.
En janvier, la Zone euro affiche un excédent du compte courant de 25,4 milliards d’euros qui s’explique principalement par des excédents élevés dans le commerce de marchandises. Sur les 12 derniers mois, l’excédent s’élève à 316,3 milliards d’euros soit 3% du PIB. C’est le troisième mois d’affilée qui affiche un excédent de 3% du PIB.
Dans les mois à venir, il faut s’attendre à des excédents du même ordre, ce qui sera un fort soutien pour l’euro. Cependant les opportunités de gains en jouant sur l’euro semblent limitées du fait de la faiblesse des perspectives économiques mondiales, dont l’euro lui-même ne devrait cependant pas souffrir.
Conclusion
Sur le marché des devises, le dollar américain est tout sauf un « abri sûr » et les investissements en titres américains sont des placements risqués. Le résultat de l’élection présidentielle américaine est complètement ouvert. Un retrait américain des institutions supranationales aurait un impact similaire à celui du Brexit.
Quoiqu’il en soit, il semble très probable que le rôle du dollar américain comme devise principale dans le système monétaire mondial diminuera encore et toujours plus… ce qui serait un avantage pour l’or.
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