Barack Obama a levé, mercredi 14 septembre, les sanctions économiques pour trafic illicite d’armes et de ressources naturelles qui pesaient jusqu’à présent sur la Côte d’Ivoire. Un frein qui n’avait pas empêché le pays de devenir l’une des économies montantes du continent africain, grâce à une croissance inclusive et de plus en plus verte, prônée notamment par Guillaume Soro.
La Côte d’Ivoire est en train de surmonter définitivement la néfaste crise postélectorale de 2010. Les affrontements entre les partisans de Laurent Gbagbo, alors président sortant, et Alassane Ouattara, reconnu par la Commission électorale indépendante et la communauté internationale dès l’issue du scrutin, ont fait sombrer le pays dans une profonde crise à la fois politique, économique et humanitaire. Peu d’experts auraient imaginé à l’époque que le pays ferait un fabuleux bond en avant en seulement cinq ans. Il est pourtant devenu l’une des économies montantes du continent et on le considère aujourd’hui comme un modèle de reconstruction.
« La Côte d’Ivoire a fait des progrès »
Lorsque Laurent Gbagbo est finalement arrêté en mars 2011, la crise postélectorale a coûté 650 milliards de F CFA (environ 1 milliard d’euros) à ce pays dont le PIB par habitant s’était réduit de moitié entre 1980 et 2010. Pour Alassane Ouattara, la priorité est dès lors évidente : il faut mettre en place un plan national de développement axé sur l’agriculture, la réglementation des affaires et la construction d’infrastructures. Et cela fonctionne. En 2012, le taux de croissance est de 10,7 %, un résultat inouï pour un pays qui s’était habitué à une croissance moyenne de 2 % dans les années 2000. La performance se confirme en 2013 (+ 9,2 %), 2014 (+ 9 %) et 2015 (+ 8,4 %). La Côte d’Ivoire peut désormais prétendre au statut de pays émergent à l’horizon 2020.
La communauté internationale a salué à plusieurs reprises les performances du pays africain, le dernier exemple en date étant la levée des sanctions économiques instaurées par les Etats-Unis en 2006. A l’époque, George W. Bush avait sanctionné plusieurs dirigeants politiques ivoiriens pour obstruction au processus de paix engagé en 2003. Mais selon Ned Price, actuel porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche, « la Côte d’Ivoire a fait des progrès en vue de renforcer ses institutions politiques et économiques, et pour trouver des solutions aux problèmes qui l’avaient entraînée dans la guerre ». Un constat qui aura donc permis au président Obama de lever les sanctions à l’encontre du pays ce mercredi 14 septembre.
Déforestation rampante
Il serait cependant illusoire de croire que le pays a laissé derrière lui tous les maux qui l’assaillent depuis plusieurs décennies. Il doit en particulier faire d’importants efforts afin de réduire les inégalités sociales et endiguer la pauvreté. En effet, malgré les bons résultats économiques, le quotidien de nombreux Ivoiriens reste difficile. En 2015, le taux de pauvreté s’est établi à 46,3 %. C’est moins qu’en 2011 (51 %), mais il reste « inquiétant, surtout par rapport au potentiel énorme dont dispose le pays », comme l’affirmait la Banque mondiale en 2014.
La situation de la jeunesse est particulièrement délicate. Près de 43 % des jeunes Ivoiriens ne reçoivent pas une scolarité normale et dans certaines régions du nord du pays, près de 55 % des enfants ne sont pas scolarisés. Ils risquent ainsi de grossir les chiffres du chômage, qui s’établit actuellement autour de 25 %. La Côte d’Ivoire doit par ailleurs faire face à de nombreux problèmes environnementaux, ses forêts faisant partie des zones les plus menacées en raison de la déforestation rampante.
Dynamique verte
C’est pourtant là qu’une nouvelle piste de développement s’ouvre. Le pays est décidé à faire du développement durable une priorité. Il a d’ores et déjà entamé sa transition vers une économie verte, qui fera du respect de l’environnement la clé pour créer les métiers de l’économie durable de demain. Or, comme le dit l’ancien Premier ministre et actuel président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, la question de l’écologie est intimement liée à celle de la croissance inclusive. A l’origine de plusieurs projets visant à lancer la dynamique verte dans le pays, M. Soro se bat également pour la promotion de l’agro-industrie et plaide pour la création d’emplois durables, productifs et décents au profit des jeunes.
Alors que la pauvreté touche particulièrement les zones rurales, le président de l’Assemblée rappelle que l’agriculture est le moteur de la croissance et le poumon de l’emploi. Les cultures traditionnelles doivent être revisitée et les anciens modes de production optimisés. De son côté, la jeunesse doit être mise à contribution afin d’exploiter le potentiel vert inégalé du pays. Le pari de Guillaume Soro a toutes les chances de s’avérer gagnant : si la Côte d’Ivoire offre aujourd’hui un exemple unique de reconstruction rapide, elle peut encore surprendre en misant sur ses ressources humaines et naturelles.