Les banques peuvent-elles être agiles ?

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Par Alfonso Lopez de Castro Publié le 11 août 2017 à 5h01
Croissance Pib Banque De France Deuxieme Trimestre 1
@shutter - © Economie Matin
1 000 eurosL'acquisition d'un client sur le web revient à 250 à 1 000 euros aux banques.

Par définition les banques sont tout sauf agiles.

Cela est dû à plusieurs facteurs

Le premier est celui de l’ancienneté des banques et des activités bancaires. De tous temps, on a demandé avant tout aux banques d’être stables et fiables plutôt qu’agiles modelant de ce fait une organisation interne particulière. Les banques sont ainsi très hiérarchisées à la fois d’un point de vue opérationnel mais aussi managérial. Cette organisation traditionnelle de back-office, middle-office et front-office n’est plus en adéquation avec celle qui a vu le jour avec la révolution digitale et devra donc être entièrement repensée pour devenir une structure agile.

Le deuxième facteur est la taille. Les différentes crises financières et cette volonté de stabilité ont créé un chamboulement dans le panorama bancaire. La course au développement a créé un mouvement de fusion acquisition sans pareil. Les caisses régionales fusionnent, de nouveaux groupes apparaissent, comme la BPCE réunissant Natixis, Banque populaire et Caisse d’Epargne. Ainsi, la BNP compte 192 092 collaborateurs devant la Société Générale et le Groupe Crédit Agricole qui compte lui-même 138 000 collaborateurs et 52 millions de clients. On est bien loin de la start-up qui fonctionne en petite équipe commando et dont l’agilité est une question de survie dans ce secteur de géants.

Le troisième facteur est la rentabilité de ce secteur qui se porte bien mais qui le rend frileux. Pour exemple, le résultat de la BNP qui affiche 7,7 milliards en 2016. Alors pourquoi bousculer de bonnes vieilles habitudes alors que tout fonctionne très bien ?

A cela il faut rajouter le durcissement de la réglementation*, avec des sanctions de plus en plus lourdes et la mise en place de procédures de sécurité interne qui alourdissent les banques.

Tout ceci entraine des prises de décisions très lentes dans un monde qui s’accélère

La banque a pris du temps à prendre le virage du digital et à le maîtriser, alors qu’une autre révolution est déjà en route et même installée : le blockchain. Il est révolu le temps où il fallait faire du maillage d’agences bancaires pour capter des clients. Le client n’est plus fidèle. Il ne faut plus l’attendre en agence mais le chasser sur le web. Il compare les offres depuis son ordinateur et est devenu exigeant. Il faut le séduire, le conseiller, l’informer à toutes heures et lui proposer des services innovants. Les banques du web sont toutes déficitaires à ce stade car l’acquisition d’un client sur le web est très coûteuse, entre 250 euros à 1 000 euros. L’article 43 de la loi Macron facilite les changements de banque et participe à cette nouvelle évolution des fintechs.

Sous le couvert de l’anonymat un consultant informatique travaillant à la Société Générale m’indiquait qu’ils ont travaillé sur un projet de digitalisation de l’une de leurs offres. Alors que n’importe quelle start-up l’aurait réalisé en six mois, il leur a fallu 18 mois pour le mener à bien.

Définitivement la banque n’est pas agile. Mais attention, elle se défend avec ses moyens !

D’ici 2020, 30 % des agences devraient fermer. Signe que la banque a compris qu’il fallait prendre la révolution en marche, évoluer pour ne pas mourir.
Lorsque la taille d’une société ne lui permet plus d’innover, il suffit d’aller chercher de nouvelles idées ailleurs. Et les banques ont bien compris qu’il n’était pas nécessaire d’avoir des idées, mais juste d’avoir les moyens de les acheter. Et pour cela les banques ont les poches pleines ! Ainsi, la BNP a racheté Compte-Nickel, la première entreprise qui permet d’avoir un compte sans banque. Plus de 600 000 personnes y ont déjà ouvert un compte. La Banque Postale vient de faire l’acquisition, pour 18 millions d’euros, de Crédit.fr, une jeune start-up qui s’est lancée dans le crowdlending.

La liste est déjà longue et ce n’est qu’un début. D’autres acteurs s’attaquent aux métiers historiques de la banque comme la monnaie. Les crypto-monnaies gagnent du terrain.

Mais c’est la blockchain qui est en train de tout révolutionner. La banque saura-t-elle s’adapter à ces nouveaux défis ?

Ce qui est certain c’est que nos habitudes bancaires vont bientôt être renvoyées à l’âge préhistorique.

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Alfonso Lopez de Castro est Président de Financia Business School, Directeur du Corporate à la Financière d’Uzès et EDBA Dauphine.

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