Le bitcoin fait partie de ces notions qui ont la faveur des gros titres ; c’est un de ces termes apparemment bien connu et qu’on n’explique jamais. Mais, un peu comme pour la transformation digitale, ce n’est pas parce que tout le monde en parle que tout le monde comprend vraiment de quoi il s’agit.
On ne prend pas trop le temps de faire de la pédagogie dans les mass médias de nos jours. Et pourtant, ma grand-mère aimerait bien savoir ce que c’est le bitcoin. Alors j’ai décidé de lui expliquer en termes simples, avec les mots que nous employons tous les jours. Si ça t’intéresse, prends un tabouret ou un pouf, et assis-toi. Car l’histoire du bitcoin révèle pas mal de choses intéressantes sur notre monde. C’est aussi une fenêtre sur le futur. Tu es bien installé ?
Définition de Bitcoin
Avant de commencer, donnons brièvement une définition du bitcoin. Il est en fait composé de 2 mots.
“bit” : c’est la contraction des mots binary digit ou “chiffre binaire” en français. Il désigne la plus petite unité utilisée dans un système de numération. Il ne peut avoir que deux valeurs : 0 et 1. C’est le système de calcul utilisé en informatique car les composants électroniques ne peuvent prendre que 2 valeurs : alimenté (“on”) et pas de courant (“off”).
“coin” : qui signifie “pièce de monnaie”.
Le Bitcoin est donc une monnaie virtuelle. Il n’a pas d’existence réelle comme une devise qui s’appuierait sur l’or.
Le bitcoin, c’est du vent ?
A l’origine, le bitcoin est une idée imaginée par Satoshi Nakamoto en 2007. C’est cette année qu’éclate la crise financière due au krach des prêts immobiliers aux Etats-Unis. Est-ce le malaise économique de cette période qui préside à la naissance du bitcoin ??
Pour mémoire : le fait de représenter une valeur avec du papier imprimé (un billet de banque) est aussi une idée à la base. Le gars qui a inventé ça vivait vraisemblablement au début du VIIème siècle en Chine, sous la dynastie Tang. On ne sait pas comment il s’appelait.
Satoshi Nakamoto n’est pas le véritable nom, mais un pseudonyme utilisé par la personne ou le groupe de personnes qui a créé le bitcoin. On sait finalement peu de choses de Satoshi, à part ce qu’il prétend à son sujet et qu’on ne peut pas vérifier ! Il serait né le 5 avril 1975. Il serait d’origine japonaise (mais il n’a publié qu’en anglais et il maîtrise bien cette langue). Il possèderait 1 million de bitcoins.
Le 22 janvier 2018, le bitcoin valait : 9428.3586€. Cela veut dire que Satoshi possèderait 9,5 milliards d’euros. Ce qui est, avouons-le, plutôt pas mal pour une idée. Car aujourd’hui, le bitcoin s’échange contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Un étudiant norvégien, Christoffer Koch, est ainsi passé à la postérité. Alors qu’il fait une thèse sur la cryptographie, il découvre l’existence du bitcoin et en achète 5000 pour 18€. On est en 2009 et le bitcoin vient à peine de naître. D’après la légende, Christoffer oublie son modeste investissement jusqu’en avril 2013 où la presse commence à parler de la monnaie virtuelle. Il retrouve ses codes d’accès et découvre qu’il possède maintenant 650 000€. En revendant alors une partie de ses bitcoins, il s’achète un appartement à Oslo. Véridique !
Le bitcoin, enfant de la cryptographie
Un père inconnu, un étudiant qui devient presque millionnaire (pas en euro mais en dollar ça faisait presque 900 000), le bitcoin c’est d’abord des belles histoires. Mais concrètement, qu’est-ce que c’est ? Il repose en fait sur 3 piliers. C’est une monnaie virtuelle mais elle est très solide, “dur comme du métal” d’après Jean Paul Delahaye (rédacteur de la revue Pour la science), car elle repose sur la Blockchain.
Blockchain : le terme n’a pas de traduction (“chaîne de blocs” ?) et représente le cahier de compte du bitcoin. Cela veut dire qu’elle contient toutes les transactions (sans exception) jamais effectuées depuis la naissance de la monnaie. Absolument toutes ! En novembre 2017, la Blockchain pesait 166 giga-octets. Et elle a grossi depuis. Ce registre de transaction est complètement public.
La prise en charge de la Blockchain s’appuie sur la puissance de calcul d’un réseau pair à pair. Presque n’importe qui, dans la mesure où il a un ordinateur et où il télécharge la Blockchain, peut participer à la vérification des transactions virtuelles et ainsi garantir la solidité du bitcoin. C’est le 2ème pilier. L’ensemble des transactions est donc contrôlé par de nombreux ordinateurs hébergeant le cahier de compte de la monnaie et communiquant entre eux via le réseau internet.
3ème et dernier pilier : la signature à double clé. Quand une personne ouvre un compte en bitcoin, elle dispose d’une clé privée pour accéder à celui-ci et d’une clé publique pour qu’on puisse vérifier les transactions qu’elle effectue. La Blockchain, l’utilisation d’un réseau pair à pair et la signature à double clé reposent sur des protocoles cryptographiques qui ont réellement permis au bitcoin de voir le jour.
La cryptographie désigne l’ensemble des techniques qui permettent de chiffrer un message, afin de le rendre inintelligible et ainsi de le dissimuler. C’est ce qui rend le bitcoin sûr, car la Blockchain, à travers ses protocoles cryptographiques, est inviolable. Pour cette raison, on appelle aussi le bitcoin : crypto-monnaie ou monnaie cryptographique.
Le bitcoin s’affranchit des banques centrales
C’est là qu’on comprend pourquoi l’inventeur du bitcoin a gardé l’anonymat. Et c’est ce qui rend le bitcoin immédiatement sympathique. Cette monnaie virtuelle ne dépend pas d’une banque centrale qui en garantit la valeur. Haha ! L’air de rien, le bitcoin vient ébranler un fondement de l’économie vieux de 350 ans. La première banque centrale naît en 1668 en Suède, suivi de peu par la banque d’Angleterre (1694). Ce sont elles qui vont acquérir le monopole de l’émission de billets de banque. Et c’est encore le cas aujourd’hui.
- Le bitcoin n’est donc pas garanti par une banque mais par l’ensemble des vérificateurs de la Blockchain à travers le réseau pair à pair.
- Le registre de compte du bitcoin est entièrement public alors que celui des banques centrales ne l’est pas.
- La monnaie virtuelle existe depuis maintenant 8 ans et ne semble pas sur le point de disparaître. Elle est même copiée et a donné naissance à d’autres monnaies virtuelles.
La brève mais prometteuse histoire du bitcoin
Récapitulons maintenant la courte histoire du bitcoin : Entre 2007 et 2008 : Satoshi Nakamoto travaille sur une nouvelle vision de la monnaie. Novembre 2008 : Nakamoto publie un document qui décrit la future monnaie numérique. 3 janvier 2009 : les programmes requis pour le lancement de la monnaie sont prêts. Le bitcoin est créée. Il vaut alors un centime d’euro. 2009 à 2013 : le bitcoin évolue sous les radars. Et pour cause, il ne vaut pas grand-chose et ne s’échange qu’au sein d’une petite communauté de geeks. 2013 : c’est l’année du décollage, celle où il acquiert une notoriété mondiale. Alors qu’il ne vaut que 10€, il va monter jusqu’à 1000€ puis redescendre pour se stabiliser autour de 580€. Au final cela signifie qu’il est multiplié par 50 !
2016 : suite à l’annonce du Brexit, le 24 juin, la valeur du bitcoin monte d’un coup et gagne plus de 9 %, alors que toutes les places financières font le grand plongeon. 2017 : nouvelle flambée du cours de la crypto-monnaie. Valorisée à près de 1300 USD en mars, le bitcoin va atteindre 16 000 USD pour redescendre ensuite sous les 11000.
Comment acquérir des bitcoins
Concrètement, si tu veux acquérir cette monnaie virtuelle, tu dois d’abord posséder un compte. Il suffit de télécharger un programme appelé “porte-monnaie” ou wallet en anglais. Tu n’as pas besoin de donner ton identité pour créer un compte. Le bitcoin permet un certain anonymat. A partir de là, tu peux récupérer des bitcoins de 4 façons différentes.
1°/ On se rend sur une plateforme d’échange et on en acquiert contre de l’argent réel.
2°/ On utilise un distributeur de bitcoin comme il en existe à la Maison du Bitcoin, 35 rue du Caire, dans le 2ème arrondissement de Paris.
3°/ Tu peux en avoir aussi si on te paie en bitcoin. Mais il faut que tu travailles au Japon, pour la société GMO internet. Elle va proposer à ses salariés d’être partiellement rémunéré avec la crypto-monnaie.
4°/ Si tu participes au contrôle général de la monnaie, ce qu’on appelle le minage, tu as une chance d’en acquérir. Donc paradoxalement, c’est en devenant mineur que tu peux accéder à la monnaie du futur !
Faut-il investir dans le bitcoin ?
Alors voilà LA grande question qui intéresse tout le monde aujourd’hui ! S’il paraît évident qu’il fallait investir dans le passé (ah si j’avais su !) est-ce que c’est encore maintenant un bon investissement. Bon, je ne suis pas un expert en investissement financier. Mais comme c’est moi qui tiens le clavier, je vais quand même donner mon avis.
Les raisons pour ne pas investir dans le bitcoin :
- D’abord, le bitcoin ne représente rien d’autre que lui-même. Ce n’est pas comme lorsque vous investissez dans une œuvre d’art ou dans la pierre.
- Ensuite, le cours du bitcoin est extrêmement volatile. En quelques jours, entre le 17 et le 22 décembre, la monnaie virtuelle a perdu 50% de sa valeur. Par le passée, il y a déjà eu des envolées suivis de krachs brusques.
- Le problème majeur avec le bitcoin, c’est qu’il attire des spéculateurs qui jouent sur les effets de mode. Ce n’est pas propre au bitcoin d’ailleurs. Les systèmes financiers sont parasités par des traders qui jouent pour ou contre une valeur, une entreprise, une devise pour des gains faciles.
Les raisons pour investir dans le bitcoin :
- je reviens sur la robustesse du système. Il fonctionne depuis 8 ans maintenant et la Blockchain n’a jamais été piraté. Bref, ça marche !
- les monnaies virtuelles représentent indéniablement l’avenir. L’heure est à la dématérialisation des flux financiers. Les crypto-monnaies sont les monnaies du futur.
D’autres arguments vous viennent en tête ? Vous pouvez les partager en commentaires.
Le bitcoin, une vieille, vieille, vieille histoire...
Il était une fois, un gars qui décida d'inventer une monnaie dans son salon et qui, quelques années après, devint mondiale. Le bitcoin porte en lui ce rêve qui est aussi la trame de nombreux contes, l’histoire d’un homme ordinaire qui découvre un trésor. Mais le pouvoir de fascination de bitcoin tient aussi au lien très étroit qu’il possède avec les nouvelles technologies et les récits de science-fiction qui deviennent aujourd’hui réalité. La voiture autonome, la réalité virtuelle, les robots, la recherche vocale, etc. Cette monnaie virtuelle semble faite de cette même matière dont sont fait les songes, alors que certains (de plus en plus nombreux) y croient, d’autres continuent d’être sceptiques.