Revenant sur les actions prises par les gouvernements pour faire face à la crise, le Secrétaire général de l’OCDE, M. Angel Gurría, a déclaré aujourd’hui : « Ces actions doivent être poursuivies et, dans certains cas, renforcées ; mais surtout, elles doivent s’accompagner de mesures actives et axées sur les défis à moyen et long terme, avec pour objectif de faciliter l’intégration des réfugiés et de leurs enfants et de commencer à rétablir la confiance sur la question des migrations. » (lire la déclaration complète ici)
À partir du nombre de demandeurs d’asile admis depuis janvier 2014 et de deux scénarios possibles de l’évolution des admissions entre septembre 2015 et juin 2016, cette note de synthèse évalue l’importance des entrées cumulées de réfugiés sur le marché du travail européen. Les chiffres présentés ne sont pas des projections, qu’il serait à ce stade impossible d’établir compte tenu de la complexité et de la volatilité de la situation, mais deux hypothèses de travail (haute et basse) sont proposées afin d’évaluer les conséquences possibles à moyen terme sur le marché du travail de la crise humanitaire à laquelle l’Europe est confrontée avec l’afflux actuel des migrants. Selon le scénario à hypothèse basse, le nombre des demandeurs d’asile dans l’Espace économique européen (EEE) diminuerait progressivement jusqu’en juin 2016 pour revenir aux niveaux observés en juin 2015, tandis que dans le scénario à hypothèse haute, les admissions se maintiendraient aux niveaux enregistrés au troisième trimestre de cette année.
L’effet cumulé de l’afflux de réfugiés entre janvier 2014 et juin 2016 correspondrait, selon le scénario prudent, à 380 000 entrées supplémentaires sur le marché du travail de l’UE en janvier 2016 et à 680 000 d’ici à décembre 2016, soit 0.3 % de la population active de l’UE. Selon le scénario à hypothèse haute, l’impact cumulé de l’afflux de demandeurs d’asile d’ici à la fin 2016 ne représenterait que 0.4 % de la population active de l’EEE, soit moins d’un million de nouveaux arrivants sur le marché du travail.
Premier pays de destination des demandeurs d’asile dans l'OCDE en valeur absolue, l’Allemagne pourrait enregistrer jusqu’à 140 000 nouvelles entrées sur son marché du travail en janvier 2016, et 290 000 d’ici à la fin 2016, soit l’équivalent de 0.7 % de sa population active et moins de 60 % de l’afflux total de migrants permanents constaté en 2014. Dans le scénario à hypothèse haute, les nouveaux arrivants sur le marché du travail allemand seraient approximativement 430 000 d’ici à la fin 2016, soit 1 % environ de la population active du pays.
Selon la note, les conséquences de la crise des réfugiés sur le marché du travail seront variables d’un pays à l’autre, et dépendront, dans une large mesure, des délais d’attente imposés aux demandeurs d’asile pour accéder au marché de l’emploi.
Délais d’attente les plus courts imposés aux demandeurs d’asile pour accéder au marché du travail dans certains pays de l'OCDE
Face à une telle situation, les pays de l'OCDE ont revu à la hausse les fonds publics alloués au traitement des demandes d’asile et à l’accueil des réfugiés. Pour subvenir aux besoins immédiats des nouveaux arrivants et faciliter leur insertion sur le marché du travail, l’Allemagne a prévu des dépenses publiques supplémentaires de l’ordre de 0,5 % du PIB par an en 2016 et en 2017. L’Autriche relèvera quant à elle ses dépenses de 0,3 % du PIB en 2016 et la Suède de 0,9 %. Depuis 2011, l’aide fournie par le gouvernement turc aux réfugiés syriens s’élève à 0,8 % du PIB de 2014.
Ces mesures budgétaires additionnelles devraient avoir un effet dopant modeste sur la demande globale, sous réserve qu’elles ne soient pas contrebalancées par des coupes budgétaires dans d’autres domaines, la plus grande partie des fonds publics étant allouée à la consommation de biens et services non échangeables. Par ailleurs, la propension marginale à consommer des réfugiés est relativement élevée compte tenu de leurs faibles niveaux de revenu. Selon les estimations de l'OCDE, le coup de pouce donné par ces mesures budgétaires supplémentaires à la demande globale dans les économies européennes devrait atteindre 0,1 - 0-.2 % du PIB environ en 2016 et en 2017.
Si l’incidence budgétaire directe nette de l’accueil de réfugiés peut être relativement élevée à court terme, elle diminue rapidement à mesure que leur intégration sur le marché du travail progresse. Ainsi, au Canada, des études montrent qu’après quatre ans, 75 % des réfugiés pris en charge par l’État n’ont plus besoin de l’aide sociale.
La version intégrale du rapport est disponible à l’adresse : https://www.oecd.org/migration/How-will-the-refugee-surge-affect-the-European-economy.pdf (seulement disponible en anglais).